Risques cardio-vasculaires au féminin

 

On sait que beaucoup reste à faire pour l'égalité des sexes dans de nombreux domaines... Cependant, dans celui de la santé, les hommes en France meurent en moyenne 6 à 7 ans plus tôt que les femmes. Mais de nouvelles données épidémiologiques, l'incidence des cancers par exemple, cancers du sein, mais aussi du poumon, paraissent au désavantage des femmes. On évoque le tabac, l'alimentation, les perturbateurs endocriniens, les traitements hormonaux... Pouvez-vous faire le point ?

 

 

 
Il est exact que les comportements à risque comme le tabagisme et l'abus d'alcool gagnent du terrain chez les femmes et favorisent une augmentation des cancers des voies respiratoires et digestives.
Un avantage relatif leur est conféré jusqu'à la ménopause par les hormones de l'ovaire, essentiellement l'oestradiol. Cette hormone élève le taux du « bon cholestérol », dilate les vaisseaux, et protège les os de l'ostéoporose.
L'artérioslérose est donc d'installation plus tardive chez la femme dont le risque de maladie cardiaque ou vasculaire est donc réduit jusqu'à la ménopause. On a d'ailleurs remarqué que les femmes ménopausées tôt, avant 46 ans, perdaient précocément cet avantage.
 
 
La pilule contraceptive, puis le traitement hormonal substitutif (le THS), sont ils finalement favorables ou non pour le système cardio-vasculaire ?
 
Séparons clairement ces deux traitements. La pilule classique, composée d''un dérivé de l'oestradiol et d'un progestatif, assure non seulement une contraception efficace, mais elle apporte les hormones nécessaires à l'équilibre endocrinien. Il peut exister des contre indications, rares, ou des intolérances, mais aujourd'hui on ne manque pas d'alternatives, hormonales ou non.
Aucun risque significatif de cancer ou de maladie cardiaque ou vasculaire n'a été rapporté au plan épidémiologique à la pilule, mais plutôt un léger avantage.
 
Le traitement hormonal de la ménopause est plus discuté, après de vastes études américaines, chez les femmes ménopausées, les infirmières, etc. Les gynécologues et les endocrinologues européens et français ont fait observer des biais, c'est à dire des erreurs possibles dans la généralisation de ces études, qui concernaient aux Etats Unis des femmes parfois âgées, ayant déjà des antécédents vasculaires, et soumises à des dérivés hormonaux moins proches de l'oestradiol naturel, administrés par voie digestive et non par voie cutanée qui est plus physiologique.
 
L'accord se fait aujourd'hui sur les éléments suivants : prescrire le THS tôt après la ménopause, pendant quelques années, 5 ans par exemple, en utilisant l'oestradiol naturel, plutôt par voie cutanée, et l'utiliser surtout en cas de symptômes gênants : bouffées de chaleur, fatigue, sécheresse des muqueuses.
 
 
Mais tout n'est-il qu'un problème de manque d'hormones ? Existe-t-il d'autres facteurs favorables ou défavorables aux femmes ?
 
Comme souvent dans le domaine du risque d'insuffisance coronarienne, d'infarctus, d' AVC, on recense des facteurs personnels non modifiables et d 'autres que l'on pourrait dire « éthologiques », liés aux comportements.
Ainsi l'appartenance, aux Etats Unis, aux populations hispano-américaines et africaines-américaines comporte un risque élevé d'obésité, notamment abdominale ( c'est le fameux « syndrome métabolique », associant un tour de taille très excessif, une propension au diabète et à l'hypertension, un taux excessif de triglycérides mais insuffisanrt de »bon cholestérol »). Bien entendu la précarité joue un rôle mais des facteurs de susceptibilité ethnique sont indéniables, et rendent ces populations plus fragiles vis à vis de l'alimentation excessive et du manque d'exercice.
 
Un autre élément important a été mis en évidence, la dépression : ainsi Rexrode à Boston a recensé 22 % de femmes déprimées dans une cohorte de 80.000 femmes de 54 à 79 ans du Women Health Survey; ces femmes avaient un risque d'AVC plus élevé de 29 % par rapport aux non déprimées. La dépression, et aussi la fréquente solitude de ces femmes, favorisent d'ailleurs les facteurs de risque plus classiques comme le manque d'exercice et la consommation tabagique et de médicaments.
 
 
 
Les femmes doivent donc être particulièrement vigilantes pour garder quelque avantage en termes de santé ?
 
Absolument ! Et ceci dès leur jeune âge... Il faut également leur faciliter l'accès à cette hygiène de vie, grâce par exemple au partage des tâches ménagères, car le facteur temps libre est fondamental : il semble que les progrès sont encore lents dans ce domaine...
Ecoutez la chronique du Pr A. Krivitzky:
 
 

 

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