Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
On parle souvent des difficultés des couples à concevoir, ce qui donne parfois l’impression qu’entre l’âge de la femme qui souhaite un premier enfant à 35 ou 40 ans, la baisse de fertilité masculine, les problèmes liés à la PMA (procréation médicale assistée), engager une grossesse est devenu très compliqué...
Quand il existe un problème hormonal, des traitements sont-ils possibles ?
En fait il existe au moins une cause assez fréquente d’infertilité chez la femme : l’excès d’une hormone, la prolactine, qui explique environ 20% des stérilités féminines et qui peut être traitée efficacement et assez simplement.
Cette hormone est fabriquée par la glande hypophyse, située à la base du cerveau, glande petite mais importante car elle commande beaucoup d’autres fonctions.
Normalement la prolactine, comme son nom l’indique, est l‘hormone de la lactation : son taux est élevé en fin de grossesse et après l’accouchement elle permet l’apparition du lait. Ensuite ce sont les têtées elles-mêmes qui entretiennent la stimulation de l’hypophyse, et pendant toute la période d’allaitement il y a sécrétion de lait, et aussi arrêt de l’ovulation et des règles, réalisant en quelque sorte une contraception « naturelle ».. mais attention, cette contraception n’est pas absolue, surtout si le nombre des têtées est de moins de 6 par jour !
Cependant, c’est en dehors d’une période de grossesse ou d’allaitement que cette même prolactine, fabriquée en excès et sans nécessité, peut provoquer l’absence d’ ovulation et de règles et un écoulement de lait, appelé « galactorrhée ».
Quelle est la cause de ce dérèglement de la glande hypophyse ?
Il y en a plusieurs. Il peut exister une petite tumeur, bénigne, appelée adénome hypophysaire. Autrefois on la traitait par chirurgie par voie nasale, en fait en passant derrière les fosses nasales sans ouverture du crâne, sous contrôle visuel grâce à une loupe binoculaire.
Aujourd’hui, beaucoup plus souvent, quand l’adénome est petit et ne menace pas les nerfs de la vision, ce qui est le cas habituel, on prescrit un traitement par comprimés (souvent un seul comprimé par semaine).
Ce traitement fait diminuer et souvent disparaître l’adénome, l’écoulement de lait se tarit, les règles reviennent, témoignant de l’ovulation et du retour de la fertilité.
D’autres causes existent, les plus fréquentes sont médicamenteuses, par exemple les neuroleptiques utilisés dans les psychoses.
Il peut s’agir de médicaments beaucoup plus banals, par exemple certains anti-vomitifs ou antispasmodiques comme le Primpéran ou le Motilium, excellents médicaments par ailleurs, mais dont il faut toujours demander à la femme ayant un problème de galactorrhée si elle en consomme.
L’arrêt du médicament, quand il est possible, permet la normalisation de la prolactine.
Parfois ni l’interrogatoire ni les radios de l’hypophyse (par IRM, imagerie en résonance nucléaire), ne permettent de trouver la cause : le traitement médical par comprimés est ici aussi souvent efficace.
Mais puisque la grossesse et l’allaitement entraînent une augmentation de la prolactine, ne risque-t-on pas une rechute de la tumeur hypophysaire en cas de grossesse ?
Effectivement il y aura lieu de surveiller pendant la grossesse, obtenue grâce à ce traitement,
si surviennent des maux de tête ou des troubles visuels qui conduiraient à reprendre le traitement, et dans de rares cas à opérer.
Je pense qu’il faut retenir surtout que devant une infertilité de couple, l’examen des seins à la recherche d’un écoulement spontané ou à la pression, et un simple dosage hormonal peuvent conduire dans un cas sur cinq à un traitement assez simple, et à une grossesse.
Et chez l’homme de tels troubles peuvent-ils survenir ?
Un adénome hypophysaire à prolactine est possible chez un homme, mais souvent le diagnostic est plus tardif, car le sujet n’est pas alerté par une absence de règles bien entendu, ni par un écoulement de lait, même si peut se produire un gonflement des seins, appelé gynécomastie ( dont nous parlerons dans une autre chronique). Les symptômes peuvent être une impuissance, des maux de tête, parfois des troubles de la vue. Le traitement sera médical ou chirurgical.
La prise de médicaments peut également être en cause ;
Finalement un dosage assez simple, celui de la prolactine, peut donc parfois éclairer sur des troubles génitaux et ceci dans les deux sexes.
Ecoutez la chronique:
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.