Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Vous allez nous parler des mariages non consommés.
Qu’est-ce c’est exactement une non-consommation de mariage ?
Catherine : C’est la situation d’un couple marié qui ne parvient pas à avoir de relation sexuelle complète. La pénétration ne se fait pas car l’homme ne parvient pas à introduire son pénis dans le vagin. Cela fait très mal à la femme et, même en forçant, c’est impossible
Zéphyrin : Une telle situation où le couple ne peut pas avoir de relations sexuelles, cela ne peut pas durer très longtemps...
Catherine : Si justement, et cela peut durer des années. En consultation de sexologie, nous rencontrons des couples qui ont attendu des années avant de venir, parfois plus de 10 ans.
Zéphyrin: Ils vivent sans aucune sexualité pendant 10 ans ? Cela paraît impossible à croire !
Catherine : On ne peut pas dire qu’ils n’ont aucune sexualité. Ils ont généralement une sexualité parfois assez agréable et qui peut même être intense. Mais c’est une sexualité sans pénétration.
Zéphyrin : Pourquoi la pénétration est-elle impossible dans un couple ?
Catherine : C’est qu’ils ont un problème. L’hymen de la jeune femme peut être très rigide impossible à déchirer. Cela nécessite une petite intervention sous anesthésie. Mais le plus souvent, la femme qui souffre de ce que l’on appelle un vaginisme.
Zéphyrin : Le vaginisme, c’est quoi exactement ?
Catherine : C’est une contraction réflexe involontaire des muscles qui entourent le vagin. En se contractant, ils le ferment totalement, rendant impossible la pénétration. On compare souvent cela à un œil qui se referme par réflexe quand il voit un moucheron approcher.
Zéphyrin : Mais si la femme se détend et que le partenaire force un peu, normalement, cela doit pouvoir se faire non ?
Catherine : Oui, c’est vrai mais le problème, c’est qu’elle n’arrive pas à se détendre, en tout cas au niveau de ces muscles du périnée. Et forcer, ça ne fonctionne pas, car si on force, c’est très douloureux pour elle. D’ailleurs, elle évite les consultations chez le gynécologue car elle ne supporterait pas l’examen gynécologique. Et elle ne met généralement jamais de tampons.
Zéphyrin : Et le mari, il ne craque pas ? On a du mal à imaginer un homme qui reste 10 ans sans relations sexuelles…
Catherine : Oui, c’est très étonnant et cela va à l’encontre de l’idée que beaucoup de personnes ont des hommes. La plupart des femmes qui sont dans ce cas disent : « Mon mari est très compréhensif et très patient »… même si souvent, il incite fortement sa femme à consulter. Il comprend généralement bien qu’elle a un blocage quelque part. Souvent ces couples, et surtout les femmes consultent parce qu’ils aimeraient bien avoir des enfants. Cela les gêne plus que les limites que cela impose à leur sexualité.
Zéphyrin : Est-ce que ce genre de cas est fréquent ? Parce qu’on a quand même l’impression que c’est une situation extrême.
Catherine : On estime que 2 à 3 % des couples confrontés à ce problème, ce qui représente beaucoup de monde.
Zéphyrin : Mais à quoi est dû ce problème finalement. Pourquoi une telle contracture ?
Catherine : Les femmes pensent souvent, au début, qu’elles ont un hymen très épais ; ou elles imaginent que leur vagin est trop étroit, trop petit. En réalité, la plupart du temps, elles sont parfaitement normales physiquement. L’origine de ce réflexe est psychologique.
Il peut y avoir une part de l’éducation qui présente la sexualité comme sale ou l’acte sexuel comme agressif ; certaines femmes ont été choquées par des images pornographiques qu’elles ont vues très jeunes, d’autres ont subi des traumatismes au niveau du vagin.
Zéphyrin : Quels sortes de traumatismes ?
Catherine : Un accident (une patiente qui s’est déchirée avec un fer à béton), une excision (mutilation sexuelle), une maman qui force sa fille à mettre un tampon dès ses premières règles, un gynécologue qui examine une très jeune fille de peur d’une malformation parce que sa maman avait pris du distilbène pendant sa grossesse…
Zéphyrin : Que peut-on faire pour soigner cela ?
Catherine : On apprend à cette jeune femme à serrer et desserrer volontairement ses muscles du périnée pour qu’elle prenne leur contrôle. On lui explique l’anatomie de son sexe dont elle a souvent une fausse idée. On peut aussi lui apprendre à entrer progressivement un doigt dans son vagin, mais très très progressivement, millimètre après millimètre. Et puis, on fait un travail psychologique pour apprivoiser la peur que son corps ressent.
Zéphyrin : Et cela se soigne bien ?
Catherine : Oui, c’est un domaine dans lequel nous avons beaucoup de bons résultats… J’ai déjà eu le plaisir de recevoir des faire-parts de baptême qui voulaient dire « tout va bien pour nous… »
Zéphyrin : Un dernier mot ?
Catherine : Oui, quand on est confronté à ce type de problème, il ne faut pas avoir honte, car c’est complètement involontaire. On n’y peut rien, et il faut se faire aider. Internet a beaucoup aidé à ce que les couples se fassent aider rapidement, parce que avant beaucoup de femmes se disaient « J’ai trop honte pour consulter, car je suis la seule femme au monde qui ne peut pas faire l’amour ». Quand elles réalisent que c’est un cas très souvent rencontré par les gynécologues, elles se sentent très soulagées.
Ecouter la chronique du Dr C. Solano:
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
3 Comments
Ce phénomène est réel. Dans ma jeunesse j'ai eu une amie qui se "fermait" entièrement quand elle n'avait pas envie de faire l'amour.
La 1ère fois j'ai forcé mais sous cris et plaintes je me suis retenu et c'est plus tard que j'ai tout compris.
Catherine: merci pour ton apport scientifique.
Claire: je pensait que la voix de ta prédécétrice serait irremplaçable. En fait le temoin est tout simplement bien tenu.
Je me rappelle avec beaucoup d'émotions la dernière émission qu'elle a fait en Somalie ( Ou Ethiopie)
Que le seigneur te couvre de sa grace.
Courage!
Je remercie CATHERINE SOLANO qui chaque jeudi nous donne une leçon sur la sexualité et sans oublier RFI qui fait la fierté de LA FRANCE en AFRIQUE et CLAIRE EIDON qui fait l'émission.
Je voulais posé une question à Docteur CATHERINE SOLANO si l'acte sexuel est un succés combien dire en moyenne la pénétration et l'éjaculation c'est à dire le temps que doit faire le pénis à l'intérieur du vagin ,pour savoir si c'est une éjaculation précoce ou non.merci
JE DESIRE CONTACTER Le Dr Catherine Solano sexologue, CONCERNANT MA FEMMES EXCISE, QUE JE VEUX SOIGNE EN FRANCE. JE VIS EN ITALIE.
. SI POSSIBLE D AVOIR CES COORDONNEES.
MERCI
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