Des progrès en cardiologie

 

 Un important congrès de cardiologie vient de se tenir à Barcelone en Espagne. Il s’agit en effet du congrès européen de cardiologie, qui a regroupé plus de 25000 spécialistes. Cette affluence est un fait remarquable, il est maintenant possible de rivaliser, voire de dépasser en Europe les grands congrès médicaux tenus aux Etats Unis.
 

 

 

 
Le nombre et la qualité des rapports témoignent d’une recherche active et de capacités d’accueil permettant aux spécialistes de se retrouver sur notre continent. Même si la langue officielle reste l’anglais, on entend parler toutes les langues dans les couloirs !
 
Pour le grand public, pour les patients, ces communications ont elles des retombées concrètes ?
 
Bien entendu lorsque l’on sait la part des affections cardiovasculaires dans notre quotidien et dans les grandes causes de maladies et de mortalité : hypertension artérielle, accidents vasculaires cérébraux, angine de poitrine, phlébites, embolies, insuffisance cardiaque.. C’est le quotidien des patients, de leurs proches, de leur médecin généraliste ou spécialiste..
 
J’ai retenu par exemple les nouveaux traitements de la coagulation sanguine qui vont permettre de prévenir les accidents vasculaires cérébraux et les embolies chez les personnes âgées dont le cœur est irrégulier (on parle d’arythmie), tout en simplifiant leur surveillance par rapport aux traitements actuels.
 
Pourquoi est-ce si important ?
 
Chacun a entendu parler, ou directement connu dans sa famille, de tels accidents (on parle comme l’on sait d’AVC), qui ont entraîné chez un parent plus ou moins âgé une paralysie, une hémiplégie, un trouble de la parole, une impotence, voire une dépendance parfois définitive. Ces AVC sont souvent provoqués par un caillot qui se forme ou se bloque dans une artère du cerveau. C’est souvent une arythmie cardiaque, permanente ou épisodique, qui est à l’origine de ce caillot qui voyage dans les artères. Si l’on peut rendre le sang moins coagulable le risque est fortement diminué.
 
Mais ces traitements anticoagulants sont connus depuis longtemps..
 
Bien sûr, et malgré les risques de saignements, par exemple lors d’une chute, fréquente chez un patient âgé, il est recommandé de les prescrire si le cœur est irrégulier. Mais le dosage des comprimés est délicat, demande de fréquents ajustements, selon les sujets, leur alimentation, et surtout l’association aux nombreux autres médicament consommés.. Sous ce traitement appelé «  Antivitamine K », des prises de sang sont faites tous les 15 jours, voire plus souvent, et le patient ou sa famille essaie, avec l’assistance souvent téléphonique du médecin, de maintenir sa coagulation (le fameux INR) à un niveau assurant la protection envers l’AVC et avecle minimum de risque d’hémorragie..
 
Il y a donc un progrès envisagé ?
 
Oui, un nouveau médicament actif en comprimés, déjà utilisé pour prévenir les phlébites après chirurgie orthopédique, a été essayé pendant 2 ans chez 18000 patients âgés au coeur irrégulier, et comparé au traitement habituel. On a observé que pour une protection égale voire meilleure, il n’entraînait pas plus de saignements. Surtout la dose était fixée dès le départ et n’avait pas à être sans cesse contrôlée par des prises de sang .
Il s’agit donc bien d’une avancée significative pour le quotidien des patients âgés cardiaques, et la mise à disposition en pharmacie dans cette indication ne devrait pas tarder.
 
Et le prix va sans doute être en rapport avec le coût de ces recherches ?
 
Il sera sans doute élevé, fera comme toujours l’objet de discussions et d’arbitrages, en sachant qu’il fera économiser des examens de laboratoire et contribuera à réduire le coût de pathologies lourdes. C’est d ‘ailleurs tout le problème du coût de la recherche et de l’innovation thérapeutique, vaste problème sur lequel nous pourrons revenir..
 
 
Alain Krivitzky, RFI 18 09 2009