Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Dr Sène, vous nous parlez régulièrement de l’intérêt de l’AP dans de nombreuses pathologies. Cette fois ci- vous aller aborder son intérêt dans une situation plus inattendue : le traitement de maladies mentales. Est ce vraiment efficace ?
Ecouter la chronique du Dr Jean-Marc Sène:
Oui Claire, il est de plus en plus reconnu que pour de nombreuses maladies mentales l’exercice physique peut être combiné avec les différents traitements pharmacologiques (neuroleptiques, antidépresseurs) et qu’il agit plutôt en synergie avec ces derniers. Permettant la réduction des symptômes ; la compensation des effets secondaires des médicaments et l’amélioration de la qualité de vie par la réduction du stress.
Dans la dépression par exemple, il existe de nombreuses études épidémiologiques qui ont montré que la pratique d’activité physique ponctuelle ou régulière entraîne une diminution du niveau de dépression des personnes malades. Mais aussi d’une manière plus générale que les personnes « actives » sont moins déprimées que les « non actives ».
L’activité physique régulière peut donc servir de prévention car elle permet d’améliorer la qualité de vie des patients.
Claire Hédon :
Mais est ce que l’activité Physique peut vraiment réduire le risque de suicide ?
Jean-Marc Sène :
Et bien, c’est ce que tend à démontrer par exemple une étude publiée il y a 2 ans de l'Université de Göteborg en Suède menée sur plus d’un million de personnes. Elle révèle qu’être en mauvaise forme physique à l’adolescence double presque le risque de comportement suicidaire. Et que faire du sport et être en bonne forme physique diminue les tentatives de suicide plus tard dans la vie.
D’autres études ont préalablement affirmé que le sport est excellent pour la santé mentale, qu’il permet de lutter contre la dépression, et qu’il permet au cerveau de bien fonctionner.
Les mécanismes d’action de l’activité physique sur la dépression sont très discutés,
Certains auteurs argumentent sur l’importance des facteurs psychologiques. Avec une diminution des pensées négatives associée à l’effet de distraction du quotidien où le regard positif et la rencontre avec les autres favorisent un contact social qui au final joue un rôle anti dépresseur.
Pour d’autres auteurs les facteurs physiologiques sont essentiels
et l’amélioration de la condition physique est le point de départ de ces évolutions.
Claire Hédon :
Est ce que faire du sport à haut niveau est bon pour la santé mentale ?
Jean-Marc Sène :
Et bien Claire, le sport de haut qui concerne une très faible partie de la population, peut avoir des répercussions psychologiques très négatives. Avec une augmentation de l’anxiété, de conduites addictives ou encore des suicides.
La blessure par exemple peut conduire à des conduites suicidaires en particulier quand elle signe l’arrêt de la carrière sportive. Concerne principalement les athlètes jeunes (entre 15 et
24 ans) qui jouent dans les sports professionnels comme le football américain,
le basket-ball...
A long terme, on a constaté que dans certains sports violents où les athlètes subissent de nombreuses commotions cérébrales, il y a une augmentation des troubles du sommeil, de la personnalité et des tendances dépressives.
Claire Hédon :
Donc le sport fait de manière intensive n’est pas toujours bon pour la santé Mentale ! Mais alors Dr Sène, quelle activité physique faut il faire pour se sentir bien dans sa tête ?
Jean-Marc Sène :
Et oui Claire, en matière de sport santé il faut en faire ni trop, ni trop peu ! On peut choisir presque tout type d’activité physique, car il a été montré que aussi bien les exercices en endurance de type marche, vélo, natation, que les exercices de type musculation ou course rapide comme dans le squash ou basket par exemple, ou bien encore les sports faisant appel à des qualités de souplesse comme le yoga, et bien ont un effet identique sur les symptômes dépressifs. Il a même été démontré que c’est l ‘association des différents modes d’exercice qui ont les meilleurs effets sur les symptômes de dépression.
Néanmoins Il est important de pratiquer ces exercices de manière modérée : rappelons nous « tout en transpirant un peu et en étant légèrement essoufflé, on est encore capable de parler ». Et tout cela au rythme de 3 à 5 fois par semaine.
En revanche Il n’est pas nécessaire de faire des séances d’exercices trop longues : une durée d’une demi heure est plus efficace sur les troubles dépressifs que des séances de plus de 45 minutes.
Enfin, notons que l’on constate souvent une amélioration de l’état dépressif dès la 4ème semaine de pratique, mais pour optimiser l’effet antidépresseur il faut soutenir un programme au minimum 10 à 16 semaines !
Et bien, en suivant tous ces conseils, nos auditeurs devraient un peu retrouver le sourire !
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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