Ecouter la chronique de Stéphane Besançon:

En Afrique comme ailleurs, il s’est généralisé, ces dernières décennies, une production alimentaire dite « intensive », qui est basé sur le rendement et qui utilise des pesticides ou encore des hormones de croissance. Mais face aux nombreuses questions que cela pose et à l’impact de ces modes de production, un mouvement de retour à une production plus saine commence à faire ses marques tant chez les producteurs que chez les consommateurs. Et l’alimentation biologique, que l’on appelle souvent « Le bio » fait partie de cette dynamique.

En Afrique, même si la production biologique n’est pas aussi répandue qu’en Amérique du Nord ou en Europe, certains producteurs ont lancé de petites exploitations bio pour les fruits, les légumes, le bœuf ou le poulet. Ça reste de petits volumes de productions mais qui se structurent progressivement.

Claire Hédon : Est-ce que ces aliments dits bio ont un profil plus intéressant pour notre santé ?

En fait Claire, il faut bien différencier si l’on souhaite savoir si ces aliments sont plus sains sur le plan des produits qu’ils contiennent, comme les pesticides par exemple, ou si l’on souhaite savoir s’ils ont un meilleur profil nutritionnel que les aliments produits de manière intensive.

D’abord, il faut savoir que l’alimentation biologique, pour être labélisée comme telle, doit répondre à des normes claires de production. Les produits Bio ne doivent donc par exemple pas contenir de pesticides contrairement à une majorité d’aliments produits de manière intensive. Or, on sait, aujourd’hui, que différentes familles de pesticides, comme les organochlorés, interdits en France mais que l’on retrouve encore en Afrique, ou les organophosphorés, ont un impact négatif sur la santé. En effet, de plus en plus d’études mettent en évidence le lien entre pesticides et cancers mais aussi leur rôle comme perturbateurs endocriniens qui pourraient être incriminés dans l’émergence de maladies comme le diabète par exemple.

Claire Hédon : Et qu’en est-il de la qualité nutritionnelle des aliments biologiques ?

C’est un sujet qui intéresse beaucoup les chercheurs. Ces dernières années, des centaines d'études ont été analysées et en termes de teneur en vitamines et minéraux. Rien, pour l’instant, ne prouve une réelle différence entre les produits dit « bios » et les produits conventionnels. Cependant, il faut quand même noter que ces études montrent que les produits biologiques contiennent entre 20 et 70 % plus d’antioxydants. Ces antioxydants protègent principalement contre le cancer et les maladies cardiovasculaires tout en étant aussi impliqués dans notre meilleure résistance aux infections. Ceci s’expliquerait notamment par le fait que les plantes qui ne sont pas protégées par des pesticides produisent plus d’antioxydants pour leurs propres défenses.

Claire Hédon : la recommandation vers la consommation de produits bio semble donc claire pour nos auditeurs ?

Sur le plan des produits secondaires qu’ils contiennent, les aliments bios sont évidemment de meilleure qualité sanitaire. Notons cependant que ces aliments biologiques sont, suivant les pays, entre 20 et 40% plus chers que les aliments produits de manière intensive ce qui rend l’alimentation « Bio » moins accessible en termes de prix pour des foyers à revenu modeste. Il ne faut donc pas non plus que le prix devienne une barrière à une consommation régulière de fruits et légumes. Un petit conseil pour nos auditeurs qui ont des revenus modestes, rapprochez-vous de petites producteurs pour négocier avec eux directement des paniers de produits de meilleure qualité et à des prix abordables.

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