Jeûne du mois de ramadan et diabète : quelles précautions à prendre et quels dangers possibles

cette semaine vous allez poursuivre votre chronique sur le jeûne du mois de Ramadan en répondant à la question de Djibril qui, depuis Bamako, nous dit qu’il est diabétique depuis 2006 et se demande si avec son diabète il peut pratiquer ou non son mois de jeûne ?

Ecouter la chronique de Stéphane Besançon:

 

 

Il faut tout d’abord rappeler à Djibril, mais aussi à l’ensemble de nos auditeurs, que la question du jeûne et du diabète est complexe et qu’il n’est pas possible d’apporter une réponse simple et rapide. En effet, la réponse doit prendre en compte :
- Le mois où se déroule le jeûne car suivant la période de l’année le nombre d’heures de jeûne et la chaleur seront très variables,
- mais surtout le traitement prescrit et l’équilibre du diabète du patient.
Ces deux dernières constantes sont personnelles et nécessitent donc un conseil individualisé.  Il y a donc une seule recommandation que l’on peut faire à Djibril : prendre un avis médical, avant le début du jeûne du mois de Ramadan. C’est le médecin qui, en prenant compte tous ces paramètres, décidera si le jeûne est possible ou non.

Claire Hédon : Pouvez-vous nous rappeler quels sont les risques liés au jeûne pour les personnes atteintes de diabète ?
La majorité des études internationales ont démontré que le principal risque couru par les personnes atteintes de diabète durant cette période est une augmentation de deux complications aigues : l’hypoglycémie (quand le taux de sucre sanguin descend trop bas) et l’hyperglycémie (quand le taux de sucre sanguin monte trop haut). Ces deux complications peuvent conduire au coma et à la mort.
L’étude EPIDIAR, qui a été réalisée dans 13 pays pendant la période du Ramadan,  a démontré que les patients diabétiques de type 1 qui pratiquaient le jeune présentaient 4,7 fois plus de risques d’hypoglycémies sévères et 7,5 fois plus pour les patients diabétiques de type 2.
Le risque d’hyperglycémie, pendant cette période augmentait aussi par 3 chez les patients diabétiques de type 1 et par 5 chez les diabétiques de type 2.
Enfin, il ne faut pas oublier que le jeune veut dire aussi ne pas boire et par conséquent un risque de déshydratation qui peut, chez les patients diabétiques, entrainer une 3ème forme de comas que l’on appelle le coma hyperosmolaires très graves et souvent mortels.

Claire Hédon : Est-ce qu’il existe une classification des risques suivant le type de diabète et le traitement des patients diabétiques ?
Oui tout à fait claire. Lors de la consultation médicale, qui doit être réalisée avant le démarrage du jeûne, le médecin va évaluer les risques qui sont généralement classés en 3 catégories :

- Les patients à risques très élevés et pour lesquels le jeûne est contre indiqué si, dans les 3 mois précédent le jeûne, le patient a eu une hypoglycémie ou une hyperglycémie sévère, une glycémie mal contrôlée ou une maladie associée au diabète;
- Les patients à risques élevés et donc pour lesquels le jeûne est aussi contre indiqué si le patient présente des hyperglycémies modérées, une insuffisance rénale, des complications chroniques ou si le patient est âgé et fragile ;
- Les patients à risques modérés ou faibles : si le patient a un diabète très bien équilibré et n’ayant pas d’autres pathologies associées au diabète.


Claire Hédon : Si le médecin autorise la pratique du jeûne du ramadan est ce qu’une surveillance spécifique doit être mise en place?
Tout à fait, Claire, cette surveillance est indispensable et doit s’organiser, avant le démarrage du jeûne du mois de Ramadan, lors de la consultation avec le médecin. Elle permettra, aux professionnels de santé, de mettre en place le jeûne en organisant notamment les repas et l’hydratation au mieux pour limiter la survenue de complications. Ensuite, cette surveillance doit se poursuivre durant tout le mois de Ramadan car nos auditeurs ne doivent pas oublier qu’il est autorisé d’interrompre le jeûne si son état de santé se dégrade et que le diabète se déséquilibre.

 


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