Faire de l’activité physique lorsque l’on souffre de dépression…... Comment faire

Dr Sène, vous nous parlez régulièrement de l’intérêt de l’AP dans de nombreuses pathologies. Cette fois ci- vous aller aborder son intérêtdans une pathologie plus inattendue : la dépression, c’est une maladie très répandue qui toucherait près de 10 % des populations des pays occidentaux. Mais est ce que l’AP estvraiment utile dans le traitement de la dépression ? Y a t’il eu des études sérieuses là dessus ?

Ecouter la chronique du Dr Jean-Marc Sène:

 

Oui Claire, il existe de nombreuses études épidémiologiques qui ont montré que la pratique d’activité physique ponctuelle ou régulière entraîne une diminution du niveau de dépression des personnes malades. Mais aussi d’une manière plus générale que les personnes « actives » sont moins déprimées que les « non actives ».
Il existe ainsi un consensus que partagent les chercheurs et les praticiens sur le rôle majeur que peut jouerl’activité physique sur l’ensemble des répercussions secondairesde la dépression : c’est à dire notamment  l’inactivité, l’isolement, la baisse de l’estime de soi etles inquiétudes vis à vis de son corps...
La pratique d’une activité physique régulière permet ainsi d’améliorer la qualité de vie des patients.
Claire Hédon :
Quels sont les mécanismes ? Comment peut on expliquer cela ?

Jean-Marc Sène :
Et bien, les mécanismes d’action de l’activité physique sur la dépression sont très discutés,
Certains auteurs argumentent sur l’importance des facteurs psychologiques. Le développement du sentiment de compétence et la rupture des pensées négatives sont les facteurs prépondérant, suivi de l’effet de distraction du quotidien où le regard positif et la rencontre avec les autres favorisentun contact social qui au final joue un rôle anti dépresseur.
Pour d’autres auteurs les facteurs physiologiques sont essentiels
et l’amélioration de la condition physique est le point de départ de ces évolutions.
Mais la pratique régulière d’une activité physique conduit également à augmenter :
- Les taux d’endomorphines qui réduisent la douleur et provoquent un état euphorique.
- La synthèse de la sérotonine qui est une molécule du cerveau qui permet de lutter contre l’anxiété et la dépression
- La température corporelle qui va améliorer elle aussi les troubles de l'humeur.

Claire Hédon :
Quel type d’activité physique doit on pratiquer lorsqu’on est dépressif pour lutter efficacement contre la maladie ?

Jean-Marc Sène :
Et bien Claire, on peut choisir presque tout type d’activité physique, car il a été montré que aussi bien les exercices en endurance de type marche, vélo, natation, que les exercicesde type musculation / course rapide type squash ou basketpar exemple, ou bien encore lessports faisant appel à des qualités de souplessecomme le yogaont un effet identique sur les symptômes dépressifs.Il a même été démontré que c’est l ‘association des différents modes d’exercice qui ont les meilleurs effets sur les symptômes de dépression.
Néanmoins Il est important de pratiquer ces exercices de manière modérée : rappelons nous « tout en transpirant un peu et en étant légèrement essoufflé, on est encore capable de parler ». Et tout celaau rythme de 3 à 5 fois par semaine.
En revanche Il n’est pas nécessaire de faire des séances d’exercices trop longues : une durée d’une demi heure est plus efficace sur les troubles dépressifs que des séances de plus de 45 minutes.
Enfin, notons que l’on constate souvent une amélioration de l’état dépressif dès la 4ème semaine de pratique, maispour optimiser l’effet antidépresseur il faut soutenir un programme au minimum 10 à 16 semaines !

Claire Hédon :
J’imagine que ce ne doit pas être simple de se mettre à faire du sport lorsque l’on est depressif… ?Y a t’il des freins à la pratique ?
Jean-Marc Sène :
Et oui Claire, la dépression est associée à un ralentissement psychomoteur, à lasensation de fatigue et à une véritable incapacité d’action. Les personnes déprimées n’iront donc pas volontairement vers une activitésportive, ou alors l’abandonneront très vite. Il apparaît donc essentiel d’accompagner, de « coacher » ces sujets individuellement ou en petits groupes.
Claire Hédon :
Mais tout le monde n’a pas les moyens de se payer un coach, alors comment est ce qu’une personne dépressive peut se motiver pour faire de l’AP ?
Jean-Marc Sène :
En effet, alors on peut donnerquelques techniques de motivation qui permettent de « sortir du fauteuil ».
• Identifier ce que l’on aime faire :
Réfléchissez aux activités physiques qui vous plaisent le plus et penser au moment de la journée pendant lequel vous souhaitez vousy mettre. Par exemple, du jardinage en soirée ou faire un jogging en début de matinée?
• Se fixer des objectifs raisonnables :
Réfléchissez à ce que vous vous sentez capable de faire dans la réalité. Faites vous un planning qui correspond à vos besoins et à vos capacités.

• Ne pas penser à l'exercice comme à une corvée :
A la place, voyez plutôt cela comme une aide supplémentaire qui va vous permettre de vous sentir de mieux en mieux.Soyez fiers de vous pour chaque pas que vous faites dans la bonne direction. Si vous ne faites pas d'exercice pendant une journée, cela n'est pas un échec. Recommencez juste le lendemain !

• Oublier vos barrières :
Réfléchissez à ce qui vous empêche de faire de l'exercice. Si vous vous sentez intimidé par les autres, vous pouvez par exemple faire vos exercices chez vous au calme. Et si vous n'avez pas d'argent pour vous équiper, vous pouvez toujours marcher, c'est gratuit !

Et bien, si vous suivez tous ces conseils, même dépressif, vous devriez pouvoir faire une AP régulière bénéfique pour votre santé !

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