Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:

Un fantasme, c’est quelque chose dont la pensée est excitante. Cela signifie que le fantasme est susceptible de provoquer ou faire augmenter une réaction sexuelle physique, érection chez l’homme ou lubrification chez la femme. Il peut aussi être capable d’accélérer le déclenchement de l’orgasme.

Claire : Donc c’est normal d’avoir des fantasmes ?

Catherine : Oui, les fantasmes sont des phénomènes naturels. On dit parfois que le fantasme est une caresse de l’esprit qui stimule une zone érogène du cerveau. C’est naturel, il existe des caresses de l’esprit et descaresses du corps. Ce serait dommage de ne pas profiter de ce que notre nature nous donne comme capacité de plaisir.
Il est donc important d’accepter ses fantasmes, de leur laisser une place dans notre imaginaire, et de les apprécier comme des amis, des signes de notre bonne santé sexuelle.
Claire : Donc vous dites qu’il faut accepter ses fantasmes, mais faut-il pour autant les réaliser ?

Catherine : Pas toujours ! Il existe des fantasmes que l’on peut très facilement réaliser. Si votre fantasme est, par exemple, de faire l’amour devant un miroir dans votre chambre, c’est évidemment possible. Il suffit d’installer un miroir et d’être d’accord à deux.
La question « réaliser ou non un fantasme ne se pose que pour les fantasmes que l’on hésite à mettre en œuvre.

Claire : Pourquoi peut-on hésiter à réaliser un fantasme ? Et pourquoi peut-il être plus raisonnable de ne pas réaliser un fantasme ?
Catherine : Il y a plusieurs raisons importantes à ne pas réaliser certains fantasmes. Quand on y pense et que l’on hésite, il faut donc se poser une question : pourquoi j’hésite ?
- Cela peut être par timidité, par réserve vis-à-vis de notre partenaire. Si c’est le cas, il ne faudrait pas en déduire que l’on est coincé et que l’on devrait se forcer. On peut percevoir, au contraire, que votre partenaire aurait du mal à l’accepter, jugeant ce fantasme malsain, bizarre, ridicule ou aberrant. Alors, on peut dans ce cas préférer, à juste titre, le garder pour soi.
- On peut aussi sentir que ce fantasme présente des risques. Si vous fantasmez de faire l’amour dans une voiture sur un parking ou dans une cabine d’essayage, l’idée est peut-être excitante, mais la réalisation peut vous mener devant la justice !
- Si un fantasme met en jeu d’autres personnes (faire l’amour à trois, par exemple), vous pouvez ressentir des réticences légitimes à imaginer utiliser un être humain avec qui vous n’êtes pas dans une relation comme support de votre excitation sexuelle. Car il s’agit ici de considérer l’autre comme un objet, ce qui pose des questions éthiques.
- Enfin, si vous hésitez à réaliser votre fantasme, c’est aussi que vous percevez peut-être très bien ses limites. Quand on réalise certains fantasmes, le problème le plus banal et très fréquent, c’est qu’ils se heurtent à la réalité. Sur la plage déserte, il ne fait pas si chaud que ça, le sable pique, on peut se faire surprendre… ce qui n’est pas forcément stimulant ! Réaliser votre fantasme peut donc lui retirer tout attrait, quand la mise en scène n’a pas été à la hauteur de ce dont vous rêviez.
- Autre déconvenue possible : en rendant chaque fantasme applicable à la vie réelle, on peut en arriver à une course au toujours plus qui n’apportera pas forcément plus de plaisir ! C’est le grand risque de réaliser tous ses fantasmes : ne plus avoir autant de plaisir.

Claire : Y a-t-il une solution pour profiter des fantasmes sans que ça se passe mal ?

Catherine : Il existe une troisième voie entre réaliser ou ne pas réaliser vos fantasmes : en jouer. C’est souvent la manière la plus riche d’utiliser l’imaginaire érotique. À deux, vous pouvez jouer à être n’importe où, à être n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment… Et comme il s’agit d’un jeu, il n’y a pas de limites… et pas de déception non plus