Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
La première question que l’on se pose lorsque l’on parle de l’association entre le diabète et le Ramadan est de savoir ce qui change pendant le mois de ramadan pour les personnes atteintes de diabète ?
Ecouter la chronique de Stéphane Besançon:
On peut noter deux changements principaux pouvant être source de difficultés pour les personnes atteintes de diabète : desChangements du profil alimentaire ainsi que changements au niveau du rythme de vie. En effet, comme nous l’avonsabordélors des chroniques précédentes,l’alimentation est souvent beaucoup plus riche en sucres et en matières grasses durant cette période. D’autre part, les importantes modifications du rythme de vie liées à la période duRamadan (jeûne diurne…) favorisent l’apparition ou l’aggravation des complications liées au diabète.
Claire Hédon : Quels sont précisément les risques liés au jeûne pour les personnes atteintes de diabète ?
Il faut tout d’abord rappeler, Claire, que la majorité des études ont démontré une augmentation du risque des complications aigues liées au jeûne du Ramadan. Par exemple, l’étude EPIDIAR une étude sur le diabète pendant la période de Ramadan menée dans 13 pays, a démontré que le jeûne entraineune multiplication par 4,7 du risque d’hypoglycémies sévères chez les patients diabétiques de type 1 et par 7,5 chez les patients diabétiques de type 2.
Concrètement, une personne ayant un diabète de type 2 augmente de 7,5 fois le risque de faire une hypoglycémie sévère en suivant le jeune du Ramadan.
Le risque d’hyperglycémie pendant cette période croit aussi par 3 chez les diabétiques de type 1 et par 5 chez les diabétiques de type 2.
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De plus, on note un risque lié à l’association déshydratation et hyperglycémie qui peut entrainer des thromboses et des comas hyperosmolairestrès graves et souvent mortels.
Claire Hédon :Ces données font froid dans le dos Stéphane. Toutefois, pour beaucoup de personnes atteintes de diabète, suivre le Ramadan est essentiel. Comment peuvent-ils savoir s »ils peuvent ou non pratiquer le jeûne du ramadan ?
La prudence est de mise et elles ne doivent pas prendre elles-mêmes cette décision de pratiquer ou non le jeûne du mois de ramadan. Cette décision cruciale doit être prise par le médecin traitant après que celui-ci ai évalué tous les risques qui sont généralement classés en 3 catégories :
- Risque très élevé et donc jeûne contre indiqué si, dans les 3 mois précédent le jeûne, le patient a eu une complication aigue (hypoglycémie sévère, acidocétose), un faible contrôle glycémique, une maladie aigue associé au diabète ou si le diabète est un diabète de type 1 ;
- Risque élevé et donc jeûne contre indiqué si le patient présente des hyperglycémies modérées, une insuffisance rénale, des complications chroniques ou si le patient est âgé et fragile ;
- Risque modéré ou faible : si le patient a un diabète très bien équilibré, traité par certaines molécules comme la metformine et n’ayant pas d’autres pathologies associées au diabète.
Claire Hédon :Si le médecin autorise la pratique du jeûne du ramadan est ce qu’une surveillance spécifique doit être mise en place?
Tout à fait, cette surveillance est extrêmement importante. Elle doit s’organiser avant le démarrage du mois de Ramadan par une séance d’éducation thérapeutique. Elle permettra aux professionnels de santé de mettre en place le jeûne en organisant notamment les repas et l’hydratation au mieux pour limiter la survenue de complications. Ensuite, cette surveillance doit se poursuivre durant tout le mois de Ramadan. En effet, devant tout déséquilibre du diabète ou survenue de complications, le jeûne doit être arrêté immédiatement avant qu’il ne soit trop tard.
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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