Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Si votre conjoint ronfle, vous avez peut-être été tenté de faire chambre à part pour enfin dormir. Pour d’autres couples, dormir séparément est un choix qu’ils pensent bénéfique leur couple. Alors Catherine vous allez nous parler de ce qui est le mieux, dormir ensemble ou s’éloigner un peu pour mieux se retrouver ? Et pour commencer, combien de couples font chambre séparée?
Ecouter la chronique du Dr Catherine Solano:
On ne dispose pas des chiffres exacts, mais c’est aux alentours de 5 % en France, en tout cas, moins de 10 % des couples. Aux Etats-Unis, c’est plus proche de 20 %, donc plus de couples font chambre séparée. Il faut dire que les logements sont aussi plus grands.
Chez les couples qui ont une longue durée de vie commune, la chambre séparée est plus fréquente que chez les jeunes couples.
Claire : Pourquoi cette différence en fonction de l’âge ?
C’est dû au fait qu’avec les années, les petits agacements augmentent. Les ronflements sont plus fréquents par exemple quand on avance en âge, et en plus, si les enfants sont partis, une chambre se libère. Donc c’est plus facile de faire chambre séparée ! Ce n’est pas forcément lié à un désamour…
Claire : Pourquoi certains couples dorment dans des chambres séparées ? C’est quoi leurs raisons ?
Il y a plusieurs types d’arguments pour faire lits séparés :
- D’abord, la gêne mutuelle. Et croyez-moi, la liste des gênes mutuelles, elle est longue ! Ronflements, il est très agité et ça me réveille, il a les pieds gelé l’hiver, il lit très tard le soir, il parle en dormant, il est allergique aux acariens et renifle toute la nuit, il veut laisser les volets ouverts et le jour me réveille à 6heures, ou au contraire, il veut dormir dans le noir complet et ça m’angoisse, elle me réveille le matin, car elle se lève tôt... Il prend toute la couette en s’enroulant comme un gâteau roulé, je me réveille, alors j’ai froid et je n’arrive pas à me rendormir… Je suis certaine que vous trouveriez encore plein d’autres raisons. Il va aux toilettes la nuit et quand il se lève, ça me réveille…
Ce type de gênes peut faire sourire, mais le conjoint gêné peut très mal dormir et se sentir épuisé, voire déprimé, et même malade par manque de sommeil. Cela peut mettre en jeu le couple. Ce n’est pas simplement anecdotique.
Claire : Donc la gêne, le fait que l’autre vous dérange, c’est la première cause de chambres séparées. Et les autres raisons de dormir séparés, c’est quoi ?
On peut aussi faire lits séparés par peur de perdre la magie de l’amour ! Il a mauvaise haleine du matin, il pèteau lit, je déteste les odeurs de transpiration, elle garde ses chaussettes en dormant, c’est un tue l’amour, il porte un vieux tee-shirt troué et je ne supporte pas.
Et puis, certains des couples qui font chambre séparée pensent que cela préserve leur désir. La distance crée un manque, une frustration vis-à-vis des contacts, et l’on a plus envie de se retrouver si l’on dort séparés. L’autre n’est plus un meuble toujours présent, mais une personne vers qui il faut aller.
Claire : La majorité des couples dort ensemble. Est-ce par habitude ou parce que ces personnes pensent que c’est mieux pour leur couple ?
C’est vraiment une habitude culturelledans certains pays comme en France. Mais les couples qui y ont réfléchi et qui ont choisi de dormir à deux ont aussi pas mal d’arguments pour faire lit commun…
Les câlins et le contact corporel généreraient de l'ocytocine que l’on appelle souvent l’hormone de l'amour ou de l’attachement. Elle aide le corps à se détendre, réduit la pression artérielle. Il se peut qu’avoir une personne à ses côtés augmente la libération de neurotransmetteurs impliqués dans un bon sommeil.
D’autre part, dans les moments de tension de couple, le fait de se retrouver la nuit très proches permet souvent d’apaiser des tensions, de continuer à se toucher, donc de conserver un lien corporel, un minimum d’intimité, voire quelques gestes de tendresse, même si l’on n’a pas de relations sexuelles. Du coup, on peut plus facilement passer une crise.
Claire : Total, il y a du pour et du contre, mais votre avis, dans le fond, c’est quoi ?
Le lit conjugal, c’est un lieu où l’on oscille entre un désir de proximité amoureuse et aspiration au bien-être personnel. Et cela peut être contradictoire. En fait, cela demande des ajustements permanents.Autrement dit, il faut comparer les avantages et désavantages de chaque choix à un moment donné de la vie du couple.
Donc si dormir ensemble entraîne un énervement de plus en plus grand envers l’autre, qu’on risque de ne plus le supporter,ou si cela entraîne un épuisement, il vaut mieux prendre un peu de distance pour se retrouver plutôt que de monter contre l’autre en alimentant du ressentiment.
Si dormir ensemble est apaisant, et bien c’est mieux de dormir ensemble.
Claire : oui, mais le problème, c’est quand on n’est pas d’accord. Si l’un veux faire chambre à part et pas l’autre, on fait quoi ?
Là, il faut de la négociation ! Il y a des dizaines de solutions pour tenter de satisfaire les deux parties, tout dépend des raisons du désir de dormir séparés !
- Prendre un matelas plus large : 160, 180 voire 200 !
- 2 couettes, chacun la sienne.
- Se désensibiliser aux acariens ! Et oui, quand on a une allergie et que l’on renifle sans cesse.
- Acheter une liseuse pour ne pas avoir à allumer la lumière.
- Porter des bouchons d’oreille si l’autre ronfle.
- Les lits jumeaux, c’est aussi une solution : on est quand même dans la même chambre, on peut se parler ! Ces lits jumeaux peuvent même se toucher, avec des matelas séparés.
- Dormir une ou deux nuits par semaine séparés si l’on manque de sommeil. Ce n’est pas forcément tout ou rien !
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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