Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Avant l’IVG, il y a bien sûr la contraception qui se doit d’être le plus efficace possible afin d’éviter les grossesses non désirées. Et le rôle de la contraception, c’est aussi de permettre d’avoir une sexualité fonctionnelle et épanouie. Or, les contraceptions entraînent plus ou moins de satisfaction sexuelle. Alors Catherine, quelles sont les contraceptions les plus satisfaisantes sur le plan de la sexualité ?
Ecouter la chronique du Dr. Catherine Solano:
Voici des chiffres (1) rapportant la satisfaction sexuelle des femmes, sachant que dans la majorité des cas, ce sont les plus concernées par la contraception. Alors de la contraception la plus satisfaisante à la moins satisfaisante en premier, la ligature des trompes, celle qui satisfait le plus :
- 57% des femmes ayant une contraception permanente, c’est-à-dire une ligature des trompes sont satisfaites sexuellement.
- 44% des utilisatrices de la pilule le sont,
- 30% des utilisatrices des utilisatrices de stérilet
- 11% des utilisatrices du préservatif.
Ces chiffres sont intéressants et ils sont trop peu connus ! On peut comparer les différentes contraceptions, mais voir que, à part chez les femmes ayant choisi la ligature des trompes, ce qui concerne peu de femmes, la satisfaction sexuelle est généralement en dessous de 50 % ce qui est quand même assez bas.
Sandrine : Cela voudrait dire qu’aux alentours de 40 ans, quand on ne souhaite vraiment plus d’enfant, la ligature des trompes serait une contraception permettant la meilleure vie sexuelle ?
Catherine : C’est vrai qu’aux alentours de 40 ans, c’est sans doute une des meilleures contraceptions. Bien sûr, il s’agit d’une contraception définitive, mais qui n’a quasiment pas de contre indication. Il faut quand même noter qu’il est aussi possible de réaliser une ligature des déférents chez l’homme, opération encore plus simple permettant de conserver du sperme dans une banque spécialisée, donc d’avoir des enfants par la suite, et en plus pour l’homme, cette intervention permet aussi d’avoir une sexualité identique avec une éjaculation conservée.
Sandrine : Mais pourquoi les autres contraceptions ne sont-elles pas satisfaisantes ?
Catherine : L’utilisation du préservatif est indispensable, mais elle est parfois difficile pour les hommes. Seulement 11 % des femmes en sont satisfaites, et 72 % des hommes disent avoir eu une panne ou une baisse d’érection en le mettant en place. Du côté des femmes, il y a 2 soucis : l’interruption de la trajectoire érotique, c’est-à-dire la pause à faire pour placer le préservatif, qui peut faire redescendre l’excitation. Et puis, il y a aussi le frottement. Pour une femme un rapport sexuel avec préservatif entraîne 2 à 3 fois plus de frottements, donc de risques de brûlures, de douleurs ou d’irritations. C’est pour cela qu’il faut systématiquement ajouter du gel lubrifiant d’ailleurs.
Sandrine : Avec la pilule, même si elle est très répandue, moins de la moitié des femmes sont satisfaites de leur vie sexuelle…
Catherine : Oui, seulement 44 % des femmes sont satisfaites sexuellement quand elles prennent la pilule. On sait d’ailleurs que les difficultés sexuelles sont la cause numéro 1 de l’arrêt de la pilule (2).Et puis les femmes prenant la pilule ont des scores de dysfonction sexuelle plus élevée que les femmes ne prenant pas de contraception hormonale (3). Cela se note surtout au niveau du désir et de l’excitation sexuelle qui sont diminués chez les femmes sous contraception hormonale. Une autre étude (4) montre que les femmes sont contraception hormonale ont moins de relations sexuelles, moins d’excitation, de plaisir, d’orgasme, et plus de difficulté de lubrification.
D’un autre côté, il faut dire que certaines femmes en sont tout de même très contentes, en particulier pour la sécurité qu’apporte la pilule.
Sandrine : Et le stérilet ?
Catherine : En fait, il existe deux dispositifs intrautérins ou DIU, le nom que l’on devrait donner au stérilet. Celui qui est au cuivre est très très apprécié des femmes qui ont une baisse du désir sous pilule. Elles sont contentes de retrouver leur désir. Le problème, c’est qu’il peut faire saigner davantage, et les femmes qui ont ce stérilet sont pour certaines gênées par des règles abondantes.
Le stérilet hormonal, Mirena ou Jaydess peut entraîner une baisse de libido. C’est rapporté comme étant un effet indésirable fréquent avec ce stérilet.
Sandrine : Finalement, pour préserver la sexualité, vous conseilleriez plutôt le stérilet au cuivre, ou bien la ligature des trompes ?
Catherine : Oui, ce sont des contraceptions qui n’ont pas d’action sur les hormones sexuelles, donc qui ont moins de risque d’entraîner des problèmes sexuels. Mais une peut toujours tester une contraception hormonale, comme la pilule, le stérilet hormonal, l’anneau, le ptach ou l’implant. En effet, toutes les femmes ne réagissent pas de la même manière. Une contraception peut convenir à l’une, et pas à l’autre. Et la pilule ou une autre contraception hormonale peut aussi libérer de la peur de la grossesse. Donc en sachant qu’une contraception hormonale peut influencer la sexualité, vous la commencez et vous observez comment ça se passe pour vous. Si ça va bien, tant mieux, et si ce n’est pas le cas, vous pouvez changer. Ce que je trouve dommage, c’est d’entendre des femmes qui n’ont plus de désir depuis longtemps m’expliquer : « mais mon médecin m’a dit que ce n’était pas ma contraception !» Alors, elles ont des difficultés de couple qui se sont parfois aggravées alors qu’il aurait peut-être suffit peut-être de changer de contraception.
Sources
(1) Oddens et al 1997
(2) Van Lunsen et al proceedings ISSWSH 2004 et Bancroft 2000
(3) : Wallwiener CW, Wallwiener L-M, Seeger H, Mück AO, Bitzer J, and Wallwiener M. Prevalence of sexualdysfunction and impact of contraception in femalegermanmedicalstudents. J Sex Med 2010;7:2139–2148.
(4) Smith NK, Jozkowski KN, and Sanders SA. Hormonal contraception and female pain, orgasm and sexualpleasure. J Sex Med 2014;11:462–470.
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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