Hypersexualité réactionnelle.

 

Catherine, vous allez nous parler des personnes ayant une hyper sexualité réactionnelle, c’est-à-dire des personnes, hommes ou femmes enchaînant les partenaires dans une sexualité hyper active, ces personnes chez qui ce comportement se produit en réaction. Mais en réaction à quoi ?

-Oui, je voudrais attirer l’attention sur le fait que chez des personnes fonctionnant de cette manière, souvent une sexualité compulsive, il s’agit le plus souvent d’une réaction à un traumatisme, en particulier, une agression sexuelle.

Comment et pourquoi une agression sexuelle peut-elle entraîner une hyper sexualité ? Est-ce que ça ne bloque pas plutôt la sexualité ? 

-Si bien sûr. Certaines personnes ayant subi une agression sexuelle peuvent vivre un blocage total de leur sexualité, et éviter les relations sexuelles. Mais chez d’autres personnes, c’est le contraire qui se produit. Elles vont réagir, c’est-à-dire essayer de surmonter leur traumatisme en cherchant à multiplier les expériences sexuelles.

A quoi est due cette réaction qui semble bizarre ?

-Ces personnes veulent parfois oublier l’agression et elles ont le sentiment que vivre beaucoup d’expériences sexuelles va leur permettre de passer des couches de souvenirs sur le souvenir traumatique, donc de l’oublier. Pour prendre une image, ça va faire comme si ce souvenir d’agression sexuelle se trouvait sous le dessous de la pile des autres souvenirs de nouvelles expériences sexuelles. Et plus on vit de nouvelles expériences, plus ce souvenir donne l’impression de s’éloigner.

 

Cette hyper sexualité réactionnellepeut aussi avoir pour but de se sentir acteur de sa sexualité, d’en être le moteur. Cela permet d’oublier que l’on a été agressé, dominé. Agir permet de se sentir plus fort.

Mais est-ce que cette stratégie répare ou guérit vraiment le traumatisme initial ?

-Justement non. C’est une réaction anormale, tout comme l’évitement de la sexualité est aussi anormale. Quand on en est à ce stade de l’évitement ou de l’hypersexualité, c’est que l’on n’est pas guéri d’un traumatisme. Quand on a surmonté ce traumatisme, on a une sexualité normale, où la relation et la sexualité vont de pair. Et c’est possible bien sûr. Soit avec le temps qui peut guérir avecl’aide de nos forces intérieures, soit avec l’aide d’une thérapie.

 

L’hypersexualité réactionnelle est-elle toujours une réaction à des agressions sexuelles ? Ou existe-t-il d’autres causes ?

-Les agressions sexuelles ne sont qu’une des causes de l’hypersexualité. Il y en a d’autres que nous rencontrons souvent, en particulier le fait de s’être toujours senti mal-aimé(e). En effet, je dans mon enfance, dans mon adolescence, j’ai eu le sentiment de ne pas être aimé(e), de ne pas être valable, je vais passer sa vie à chercher de la reconnaissance et de l’amour. Et pour certains, le fait de se sentir désiré, de voir que quelqu’un accepte une relation sexuelle avec lui (ou avec elle), et bien, cela permet d’avoir l’impression de se sentir aimé. Cela fait du bien, du moins sur le moment…

Mais alors, pourquoi cette fuite en avant si la sexualité fait du bien ? Pourquoi ne pas rester avec un même partenaire ?

-Et bien parce que souvent, ces personnes ont peur de l’amour, peur de l’engagement, justement parce qu’elles n’ont pas été suffisamment aimées. Elles ont peur d’aimer par peur que cela s’arrête, peur d’être abandonné. Alors, des relations brèves et multiples sont comme des pansements sur leur manque de reconnaissance, sans prendre de risque. Mais attention, toutes les personnes qui ont été mal-aimées ne réagissent pas de cette manière. Il y a bien d’autres stratégies pour apprendre à recevoir de l’amour.

 

Et cette stratégie d’hyper sexualité permet-elle de se sentir plus aimable au fil du temps ?

-Non justement.La sexualité devient comme une drogue. Sur le moment, la séduction et l’acte sexuel font du bien, puis, très rapidement, ce sentiment s’estompe et l’on recherche à nouveau quelqu’un pour avoir des relations sexuelles. Donc le manque profond, le manque d’amour n’est pas comblé. C’est donc une stratégie qui dysfonctionne !

 

Et pour conclure, avez-vous un conseil ?

-En cas d’hyper sexualité, il faut se poser la question du pourquoi ? Pourquoi je fonctionne ainsi ?Cela peut permettre de trouver des solutions etatteindre un équilibre dans une vie sexuelle qui soit aussi une vie amoureuse relationnelle.

 

Claire Hédon / Catherine Solano

 

 

 

 

 

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