Ecoutez la chronique du DR C. Solano:
Claire : Mais l’accouchement peut aussi avoir des conséquences négatives sur la sexualité ?
Catherine : Oui et on va en parler, parce que bien sûr, c’est ce qui gêne que l’on cherche à améliorer !
Il y a déjà les épisiotomies. Il s’agit pour la sage-femme ou le médecin accoucheur, de couper la peau située autour et à l’entrée du vagin afin d’élargir le passage pour laisser passer la tête du bébé. Quand on a peur que le périnée ne se déchire spontanément, on le coupe parfois de manière préventive. Et puis ensuite, il faut le recoudre, ce qui laisse une zone qui doit cicatriser et cela, juste à l’entrée du vagin. Cette cicatrice peut faire mal, en particulier pendant un rapport sexuel car au moment de la pénétration, cette cicatrice est sollicitée et étirée. Certains médecins prétendent que cela cicatrise très rapidement et qu’en deux ou trois semaines, on n’a plus mal. C’est souvent faux, et une cicatrice d’épisiotomie peut faire mal pendant un an.
Claire : Et si c’est une déchirure du périnée, c’est pire ?
Catherine : Pas forcément. On s’est aperçu que les épisiotomies avaient parfois plus de mal à cicatriser que les petites déchirures. Du coup, l’épisiotomie est nettement moins pratiquée aujourd’hui. Cela dit, une déchirure du périnée peut entraîner le même type de douleurs après l’accouchement qu’une épisiotomie.
Claire : Et le passage de la tête du bébé pendant l’accouchement peut-il contribuer à élargir trop le passage et avoir des conséquences sur la sexualité ?
Catherine : Oui, le vagin est très étiré au moment de l’expulsion de l’enfant à la naissance. C’est un phénomène naturel bien sûr, mais il faut ensuite un certain temps pour que le vagin retrouve sa tonicité. C’est dû au fait que ce n’est pas seulement la paroi du vagin qui est étirée mais aussi les muscles autour du vagin qui sont étirés lors d’un accouchement par voie basse. Tout revient normalement en place. En France on recommande ensuite de pratiquer systématiquement ce que l’on appelle une rééducation périnéale. Cela se pratique chez une sage-femme ou un kinésithérapeute, et le but est de redonner plus rapidement une tonicité à ces muscles intimes.
Claire : Et si une femme ne fait pas cette rééducation périnéale, que se passe-t-il ?
Catherine : Si une femme ne fait pas sa rééducation périnéale, elle peut avoir l’impression, pendant les rapports sexuels, que son vagin est trop large et elle peut ressentir beaucoup moins de plaisir sexuel. C’est simplement dû au fait que les muscles ont été très étirés et n’ont pas encore repris leur tonicité normale.
Claire : Et sur le plan des hormones, l’accouchement a aussi une influence ?
Catherine : Oui il a deux effets importants pour la sexualité. Il faut chuter le taux d’hormones estrogènes, ce qui entraîne une sécheresse vaginale qui dure environ 3 mois. Et puis, il déclenche une augmentation du taux d’une autre hormone, la prolactine, ce qui fait chuter le désir sexuel pendant aussi environ 3 mois. Donc les trois premiers mois après un accouchement ne sont généralement pas les meilleurs pour la sexualité du couple. Mais c’est normal, c’est sans doute fait pour que l’enfant, très fragile, soit la priorité pour ses parents à ce moment de la vie…
Claire : Et l’accouchement peut aussi avoir une influence sur le père ?
Catherine : Oui, en particulier pour un homme qui s’oblige à assister à l’accouchement alors qu’il n’en avait pas vraiment envie. On connaît parfois des blocages, car la zone sexuelle de sa femme, zone normalement érotique peut être vue d’une toute autre manière par la suite, et c’est parfois choquant : on voit du sang, peut-être une déchirure ou épisotomie, on recoud... Ces images peuvent marquer un homme et parfois le bloquer par la suite pour la sexualité.
Claire : Conclusion, il ne faut jamais forcer un homme à assister à un accouchement !
L’influence de l’accouchement sur la sexualité :
· L’influence hormonale :
Les estrogènes chutent brutalement, ce qui entraîne pour trois mois environ, une sécheresse vaginale. Et la prolactine, une autre hormone augmente, ce qui bloque le désir sexuel pour trois mois environ.
· L’épisiotomie ou déchirure du périnée.
Quand la tête du bébé passe, le périnée peut se déchirer spontanément ou bien être coupé de manière préventive pour éviter une déchirure. La cicatrice se trouve à l’entrée du vagin et peut entraîner des douleurs pendant les rapports sexuels et cela pendant plusieurs mois.
· L’étirement du vagin.
La tête du bébé étire les tissus. Une rééducation périnéale qui est une musculation permet de faire travailler les muscles autour du vagin pour qu’il retrouve sa tonicité naturelle propice au plaisir sexuel.
· La vision du sexe pendant l’accouchement.
Chez l’homme, cette image du sexe de son épouse en plein accouchement peut provoquer des blocages sexuels. Conseil : ne jamais se forcer à assister à un accouchement et si l’on y assiste, ne pas se forcer à regarder l’expulsion de l’enfant.
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