L’effet de la consommation d’images pornographiques chez les adultes :
- Des difficultés d’éjaculation chez les hommes.
- Des difficultés d’érection chez les hommes.
- Une tendance à mal juger son (sa) partenaire, sans doute parce qu’on compare l’autre aux acteurs (trices) X.
- Une tendance à plus accepter la violence sexuelle comme banale.
- Un calibrage des fantasmes par le X.
Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:
Nous avons parlé de l’effet de la consommation d’images pornographiques par les enfants. Mais elles ont aussi une influence chez les adultes. Pouvez-vous nous en parler, Catherine…
Catherine : Oui ce n’est pas parce que quelqu’un a 18 ans ou plus que la pornographie n’a pas d’influence sur sa vie en général et sur sa vie sexuelle en particulier. Je vais d’abord vous parler de ce que nous observons en consultation.
Je vois de plus en plus d’hommes ayant des difficultés pour éjaculer. Le rapport sexuel avec leur partenaire dure et pourtant, l’éjaculation ne vient pas. Il y a une dizaine d’année, ce type de plainte était assez rare, et cela devient de plus en plus courant, tous mes collègues le signalent. Nous demandons à nos patients s’ils consomment des images X.
Claire : Comment ces images peuvent-elles avoir un tel effet ?
Catherine : Le cerveau s’habitue aux images X. Il développeainsi des circuits d’excitation particuliers. Et les moyens classiques, le rapport sexuel de couple en particulier, ne sont plus aussi efficaces. Ainsi, les images X vont stimuler suffisamment l’excitation pour arriver à un niveau où l’éjaculation se produit. Si cet homme se trouve avec sa partenaire, sans ces images auxquelles il est habitué, son excitation n’arrive plus à monter aussi haut et il ne parvient pas à éjaculer.
Claire : Que faire quand on a ce genre de problème ?
Catherine : Il faut arrêter de visionner ces images pornographiques. Cette semaine, un patient m’a dit : « Ça y est, ça recommence à fonctionner avec mon amie ». Il avait arrêté de regarder des images pornographiques depuis quelques semaines.
Claire : Est-ce le seul type de problème que vous observez ?
Catherine : Non, nous observons aussi de fréquents troubles de l’érection. C’est exactement le même problème qu’avec l’éjaculation. Un homme habitué à des images X peut ne plus parvenir à obtenir une excitation suffisante sans ces films pornographiques. Je pense à un psychologue qui me racontait connaître un jeune homme de 20 ans qui n’avait jamais eu de rapport sexuel et qui surfait des heures sur des sites pornographiques, simplement pour obtenir une image qui puisse déclencher une érection. Parce qu’il n’arrivait plus à avoir d’érection avec la plupart des images pornographiques.Ce psychologue disait : « le sexe sans sentiment mène à l’addiction ». En effet, c’est l’échange sentimental et émotionnel qui fait que la sexualité reste excitante toute la vie en couple. Alors que sans émotion, sans partage, sans sentiments, des images deviennent rapidement ennuyeuses et mènent à une habituation et une escalade.
Claire : Vous nous avez parlé de ce que vous observez. Mais quels effets montrent des études scientifiques à propos du X sur le comportement sexuel des consommateurs ?
Catherine : Je vais vous parler de 2 études.
Une étude a comparé des personnes volontaires visionnant une heure de film pornographique par semaine à d’autres visionnant une heure d’une série banale. Après quelques mois, le groupe constitué de couples qui visionnaient des vidéos X était beaucoup moins satisfait de sa sexualité que l’autre. La raison de l'insatisfaction n'était pas un manque de confiance en soi, face aux prouesses que pouvaient accomplir les acteurs, mais un jugement négatif du partenaire ! Vraiment, il (ou elle) n'est pas à la hauteur, il (ou elle) ne fait pas cela, ou certainement le fait moins bien que les acteurs…
La pornographie a aussi pour action d’insensibiliser les émotions. Des études montrent que les hommes qui consomment de la pornographie sont bien moins choqués par des images de viols que les hommes qui ne regardent jamais d’images X. Ils ont tendance à dire « bof, ce n’est pas si grave… » Et cela me semble très grave, car cela montre que la pornographie diminue l’humanité et l’empathie. Notez que c’est vrai aussi pour les films violents. Visionner des images violentes rend plus tolérant à la violence.
Claire : est-ce que vous voyez d’autres choses à ajouter ?
Catherine : J’aurais mille choses à dire. En particulier peut-être que la sensualité a tout à perdre avec la pornographie qui montre une sexualité violente et humiliante, bien loin de la vraie sexualité faite de désir, de respect et de jeu complice.
Sources : Dolf Zillmann, Jenning Bryan, cités dans l’intelligence sexuelle de S.Conrad et M.Milburn (Payot)
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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