LA COLERE

 

La colère est un des points culminants de mes travaux, parce que beaucoup de gens considèrent leurs enfants comme hyperactifs, quand je les trouve seulement en colère, à force de les fréquenter. C’est une émotion avec laquelle notre société est fâchée : se mettre en colère, élevé le ton est synonyme d’hystérie, et c’est mal vu.
 

 

Ecoutez la chronique de Sylvie Hazebroucq:

Dans les visites de mes expositions et ateliers attenants, j’ai constaté
que l’hyperactivité est très à la mode au point de donner lieu à des prescriptions médicales,
C’est d’ailleurs un sujet traité comme tel dans psychologie magazine ce mois ci avec ce titre : « seulement 5% des enfants seraient réellement hyperactifs ».
 
Il n’en reste pas moins qu’il faut faire face à des tas de gamins en surchauffe.
 
Dans mon exposition itinérante intitulée l’Infirmerie à Emotions, qui se loue depuis 3 ans dans des lieux de collectivité, impliquant la visite d’enfants à un moment ou un autre, il est question de confort de vie et non de thérapie, parce que je ne suis pas thérapeute mais plasticienne. Ici L’infirmerie est artistique, mais comme une infirmerie classique : si c’est grave, il faut consulter un spécialiste.
Pour les petits bobos émotionnels quotidiens, faire un tour à l’infirmerie des Emotions permet de transformer les émotions en créations, corporelles ou manuelles, pour des enfants de 5 à 11 ans, de façon ludique et interactive.
 
CLAIRE : PLUS PRÉCISÉMENT POUR LA COLÈRE ?
 
La colère est une réaction au manque de respect. Qu’elle soit réelle ou non, peut importe, elle est ressentie comme telle, donc elle existe. Finalement en prenant en compte un territoire intérieur que nous déterminerions pour délimiter une zone à ne pas franchir pour se sentir respecté, j’ai crée un tapis interactif, donc un territoire délimité, d’expression de la colère. Sur cet espace clos, les visiteurs ont le loisir de saisir qu’en suivant 3 règles majeurs, la colère à sa place et peut même être très utile pour nous renseigner sur notre zone de respect nécessaire.
 
Ces 3 règles sont
-         ne pas se faire mal,
-         ne pas faire mal à quelqu’un d’autre,
-         ne pas casser quelque chose au risque de se blesser.
 
Sur ce tapis les enfants fabriquent un monstre en carton de leur taille symbolisant la colère – et donc déjà, la représente -.
Toujours dans cet espace précis, Ils ont ensuite l’autorisation de détruire ce monstre puisque il est en carton et donc sans danger d’après les fameuses 3 règles.
Ils se défoulent sur un mode de création et de jeu en enregistrant le principe de ne pas laisser sortir la colère n’importe comment.
La garder serait très risqué pour leur vie d’adulte et leur estomac, l’exprimer sans réserve implique souvent des conséquences aggravantes.
 
CLAIRE : ET ÇA MARCHE ?
 
Ça ressemble à pas mal d’autres principes : quand c’est autorisé, c’est entendu et rien que ça, ça fait du bien. N’oublions pas que notre société et donc notre éducation suit un système de « gestion » des émotions, alors qu’une émotion ne se gère pas, elle se subit au pire, l’évoqué est souvent bien plus efficace que feindre de la taire en faisant diversion, à mon sens.
 
Seulement comme les adultes, les enfants ne sont pas tous à l’aise avec une expression extravertie comme sur ce tapis.
 
Alors Pour ces enfants là, il y a un atelier qui consiste à écraser de toute ses force des feutres usés sur une feuille blanche.
Déjà parce que c’est réjouissant de pouvoir enfin faire un truc d’ordinaire interdit avec des feutres,
Et surtout parce que ça répond à une tension nerveuse neurologique associée à la colère.
Le bras est soulagé de lâcher cette tension avec un acte physiquement fort et toujours sans danger, la colère redescend immédiatement au moins d’un cran.
Prendre le temps ensuite de transformer les points d’écrasement sur la feuille en un dessin, crée un pont entre la colère et une autre émotion plus douce, occupe sans nier le problème, et puis grâce à la colère : on crée un chef d’œuvre !
 
Pas mal d’adultes médiateurs animateurs ou juste témoin de cet exercice m’ont raconté par la suite, utiliser cette méthode comme un calmant efficace, peut être parce que sous l’emprise de la colère, nous avons tous 5 ans, Claire !
 
CLAIRE : ET SI ON NE VEUT NI DE L’UN NI DE L’AUTRE ?
 
Il y a effectivement ceux qui ne peuvent pas même montrer qu’ils sont en colère. Ceux là sont invités à confectionner un masque à colère, leur permettant de raconter ce qui se passe à l’intérieur en gardant une distance avec l’émotion.
Ce masque est la possibilité de sortir un « joker ». Je mets mon masque, ça veut dire que je suis en colère. Je ne sais pas encore si je veux en parler, si je veux l’exprimer, mais au moins, vous êtes informés. Dans une école maternelle où une version fixe et donc permanente de l’Infirmerie à Emotions est installée depuis 4 ans à St Ouen, en banlieue parisienne, c’est l’exercice qui remporte le plus de succès.

 

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