Histoire d’un cas

 

Claire, vous allez nous raconter un cas de Caroline, une patiente que vous avez suivie. Cela va permettre à nos auditeurs de comprendre un peu mieux votre travail de sexologue !
Donc Caroline venait vous consulter pour un problème de vaginisme.

Catherine : Oui, il s’agit d’une jeune femme de 26 ans qui est en couple depuis 3 ans. Elle consulte parce qu’elle n’arrive pas à avoir de rapports sexuels avec son ami. Elle a trop mal, impossible de procéder à une pénétration. Du coup, elle n’a jamais eu de rapport sexuel complet, même s’ils échangent des caresses. Pourtant, elle éprouve du désir.
Elle a fait de belles études, elle est directeur financier et son ami est plombier. Ils s’entendent bien, et lui est très embêté par le problème, mais il est très compréhensif et patient.

 

 

 
Claire : Est-ce que ce type de problème peut venir d’un problème gynécologique ?

Oui, exactement. C’est pour cela que je commence par adresser cette jeune femme à une gynécologue qui l’examine de près, afin de voir si son hymen n’est pas très épais, car cela peut provoquer des douleurs. Elle regarde aussi s’il n’existe pas une bride, c’est à dire une petite anomalie qui fait que la peau tire beaucoup et peut même parfois se déchirer un peu autour de l’entrée du vagin. Forcément, ça fait mal et cela peut empêcher les rapports sexuels.
Caroline revient me voir et me dit que tout est normal. Le problème ne vient pas de son anatomie.
En parlant avec elle, je m’aperçois qu’elle a subi un très gros traumatisme pendant son enfance à 12 ans. Son petit frère de 5 ans est mort d’une leucémie. Ce type de traumatisme peut provoquer un vaginisme. Une de mes patientes souffrant de vaginisme a perdu son petit frère dans un accident, une autre a vu sa sœur mourir d’une maladie rare, une autre encore a un petit frère qui est mort quelques jours après la naissance… La mort d’un enfant proche peut bloquer la sexualité pour des années. Le corps refuse de faire l’amour, comme s’il avait peur de porter un enfant et de risquer de le voir mourir. Cela peut paraître étrange, mais c’est fréquent.
Donc je travaille là-dessus avec Caroline pendant plusieurs mois. Au début, elle fondait en larmes quand elle me parlait de son petit frère. Puis petit à petit, elle s’apaise.
 
Claire : Et cela a-t-il suffit à la guérir ?

Catherine : Non, pas pour elle, alors que pour certaines femmes, cela suffit. Caroline me parle d’un autre événement. Elle a eu des infections urinaires très fréquentes pendant toute son enfance. Et elle m’explique : quand j’étais petite, j’avais toujours mal ici, en posant sa main sur son sexe. C’est un élément important, car le corps garde le souvenir d’une douleur. Si la zone vouée à la sexualité a souffert, elle peut éviter les relations sexuelles. Dès que l’on touche cette zone, elle a mal, elle essaye de vous repousser, simplement de peur d’avoir mal. Ce phénomènepeut se produire aussi, par exemple, chez une femme excisée.
Donc, nous travaillons ensemble sur cette peur de la douleur. Une fois que cela va mieux mentalement, nous faisons des exercices concrets, un peu comme un examen gynécologique, en bien plus doux. Je lui demande de s’allonger sur une table d’examen, je mets des gants et je pose doucement un doigt sur sa zone sensible, juste entre les petites lèvres. Et je lui demande si elle a mal. Oui ! Je lui demande alors de respirer et lui promet de ne pas bouger mon doigt qui effleure la zone. Petit à petit, elle se détend, et l’on arrête quand elle est détendue. Plusieurs séances permettent d’apprivoiser cette zone pour qu’elle n’ait plus peur. Cet endroit s’habitue à un contact non douloureux.

Claire : Et Cela peut suffire à débloquer la situation ?

Catherine : Oui, mais chez Caroline, il a encore fallu parler de sa famille. Elle m’explique que ses parents lui interdisaient de parler aux garçons, dès l’âge de 7 ou 8 ans et ils la traitaient de trainée si elle le faisait. Nous continuons donc en travaillant là-dessus.

Claire : et ça a finit par se débloquer !

Catherine : Oui, un beau jour, elle est arrivée toute souriante en me disant : ça y est, nous avons réussi à avoir un rapport sexuel complet…
 
Claire : Et par la suite, tout a continué à bien aller ?

Catherine : Pas si bien que cela. Parce qu’une fois le problème de vaginisme résolu, son copain l’a quittée. Il lui a dit qu’il ne supportait plus la situation, ce qui semblait étrange, puisque leur problème était résolu. En fait, mon analyse est que Caroline avait un travail à haute responsabilité. Son ami était plutôt un homme manuel, il devait se sentir en infériorité intellectuelle par rapport à elle. Le problème sexuel de son amie lui permettait de supporter cette infériorité. Une fois résolu, il ne s’est plus senti capable d’être en couple avec elle…

Claire : C’est plutôt triste quand même !

Catherine : Disons que la vraie vie n’est pas un conte de fée ! Mais ce n’est pas si triste, parce que Caroline a rencontré quelqu’un d’autre. Et je l’ai revue des années plus tard pour tout autre chose. Et les premiers mots qu’elle m’a dit c’est : j’étais venue vous voir pour un vaginisme, et de ce côté, tout va bien depuis longtemps…
Ecoutez la chronique du DR C. Solano:

 

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