23 janv. 2014 - 12:26
En France, la loi interdit de mettre de la pornographie à la disposition des mineurs. Une loi, c’est un cadre, mais quelles sont les raisons de l’existence de cette loi ?
Catherine : La loi considère que la pornographie est toxique pour les mineurs et chercher à leur en interdire l’accès. La première raison de l’effet négatif de la pornographie, c’est le traumatisme que cela peut provoquer. En effet, un enfant ou un adolescent confronté à des images violentes peut être choqué, mais pire encore, se constituer une empreinte qui peut avoir plus tard des conséquences sur sa sexualité.
Claire : Qu’est-ce que c’est exactement qu’une empreinte, et pouvez-vous nous donner un exemple ?
Catherine : Une empreinte, cela se produit lorsqu’une expérience nouvelle est émotionnellement très forte. Cette expérience entraîne un changement dans le cerveau qui va créer une zone d’hypersensibilité au niveau de ce souvenir. Et cette empreinte peut rester active toute la vie.
Je vous donne un exemple : j’ai vu cette semaine une femme de 35 ans. Elle a d’importants blocages sexuels, tellement importants qu’elle ne peut plus avoir de relations sexuelles. Le sexe la dégoûte. En fait, dans son enfance, elle est tombée sur des images pornographiques qui l’ont choquées : celles d’un énorme sexe masculin en érection. Maintenant encore, quand elle pense à ces images, elle se sent complètement dégoûtée. D’ailleurs, elle n’a jamais pu toucher le sexe de son partenaire tellement ça la dégoûte. Chez elle, la vision d’images pornographiques a mis en place une empreinte qui s’active lorsqu’elle se trouve dans une situation sexuelle… Et je peux vous dire qu’en consultation, ce type de situations est de plus en plus courant.
Claire : Existe-t-il d’autres problèmes liés à la pornographie chez les jeunes mineurs ?
Catherine : Oui, je pense qu’un des gros problèmes, c’est que la vision de films pornographiques contribue à stimuler la fabrications de circuits de l’excitation dans le cerveau. Avec la pornographie, vous vous fabriquez un imaginaire érotique basé sur les images X. Au lieu de vous construire un imaginaire érotique avec votre expérience de la vraie vie. Sans pornographie, un jeune homme va par exemple fantasmer sur les courbes des seins ou des fesses des jeunes femmes qu’il côtoie, sur des expériences et sur des femmes réelles. S’il regarde de la pornographie, il va s’habituer à des stimulations visuelles anormalement fortes. Et plus il en regarde plus il rend ces circuits d’excitation sexuelle actifs. Cela fait qu’il peut ne plus se trouver excité aussi facilement que s’il n’avait jamais vu d’images X. Et ne plus savoir apprécier la subtilité de l’érotisme.Nous observons d’ailleurs en consultation que de plus en plus d’hommes ont du mal à trouver une excitation à cause du X. Cela se manifeste souvent par des difficultés à éjaculer lors des relations sexuelles…
Claire : On peut aussi dire que la pornographie leur montre une fausse idée de la sexualité non ?
Catherine : Oui, bien sûr. Cette semaine, j’ai discuté avec deux jeunes femmes qui me disaient : maintenant, les hommes qui regardent du X, ils croient qu’il faut faire des mouvements de va-et-vient violents pour faire plaisir à leur partenaire. Alors, on est obligée de leur dire : non mais là, tu sais, tu me fais mal ! La pornographie entraîne de fausses croyances et des pratiques qui ne sont pas adaptées à de vraies relations.
Et puis, quand on commence à regarder très jeune des images pornographiques, on risque plus de souffrir d’addition sexuelle. On sait que le risque d’addiction augmente quand on y est confronté avant 15 ans. Si vous commencez à boire de l’alcool avant 15 ans, à fumer avant 15 ans, le risque d’addiction est bien plus élevé que si vous commencez à 25 ans. Pour la pornographie, c’est pareil. Sur un cerveau immature, la pornographie a plus d’effet et plus de risque d’entraîner une addiction.
Claire : Voyez-vous encore des éléments à ajouter sur l’effet de la pornographie chez les mineurs ?
Catherine : J’aurais beaucoup de choses à dire encore ! Peut-être le plus important à mon sens, c’est que la pornographie n’apprend pas le respect de l’autre en amour. Et c’est peut-être ça le plus dommageable chez les jeunes comme chez les moins jeunes d’ailleurs !
Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:
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