En réaction à la lecture de votre livre, Michel Delage, et en résonnance de cette lecture avec mes travaux, j’ai eu très envie d’évoquer ici l’amour !
Cette émotion multiple, vitale, énergétique, j’ai envie de dire.
Parce que si vous dites dans votre livre, que « nous ne pouvons nous sentir quelqu’un que grâce à un attachement », il me semble à moi qu’on est capable d’attachement que parce que nous nous sentons quelqu’un.
Pour approfondir la question, je vous propose de faire un tour du côté du cœur.
C’est dans le dictionnaire du corps de Katy Couprie accompagnée de Thierry Magnier que j’ai trouvé la définition qui me semble la plus pertinente : le cœur, organe noble capable d’amour, de courage et de volonté (attention, le cœur se greffe, l’amour, non), siège des émotions, avoir le cœur qui bat à tout rompre : être sous le coup d’une émotion.
CH : Sylvie, dans vos travaux, comment vous permettez aux participants d’aborder cette émotion de l’amour ?
Dans un de mes ateliers au 104 en 2011, j’ai fais confectionné aux participants un cœur comme une maison en carton (oui, le cœur a ses fragilités !). Chaque participant devait imaginer sa maison cœur avec différentes pièces, différentes espaces pour différents amour. Papa, maman, les frères et sœurs, les copains, les amis, des animaux domestiques…bref, tout l’amour que peut contenir un cœur, et les maisons étaient assez remplis ! de cette façon, les participants se sont rendus compte d’eux même qu’ils ont dans le cœur une vie, un quotidien, des attachements, ou des amours, en tous cas, des émotions moteurs. Car l’amour et la joie sont de l’énergie, comme vous le dites dans votre livre, comme le démontre tout neurobiologiste consulté. Et des moteurs il y en a de toutes les sortes !
CH : Comment le travail artistique permet d’aborder l’émotion ?
Juste parce que si vous parlez, Michel Delage d’un « processus de mentalisation » et donc de dialogue, mon travail et mes objectifs tendent à pousser les visiteurs de mes expositions à transformer une émotion en création, à la laisser sortir pour en prendre conscience, mais pas seulement avec des mots. C’est une autre façon de se connaître, de connaître les autres, vous soulignez l’importance de cet apprentissage pour mieux vivre ensemble finalement,: ce que je traduis moi par un autre atelier, « l’autoportrait du frigo ». A l’aide d’une silhouette dessiné sur une feuille prête à l’emploi et avec les indications nécessaires, n’importe qui se dessine dedans et dehors. On complète d’abord la silhouette en s’observant physiquement, puis on note les réactions de son corps en cas de « débordements d’émotions », il se dessine aussi vu de l’intérieur. que se passe t-il quand on est en colère, très heureux, triste… les mains en envie de cogner, les pieds trépignent ou sautent naturellement, le ventre gargouille, la tête fait mal, ect. Avec ses indications fléchées, on ajoute enfin ce qu’on aime dans tel ou tel cas. On colle du coton quand on a besoin d’être entendu et soutenu pour une blessure du cœur, de la laine quand seul un câlin peut vous sauver, ect. Au final, cet autoportrait se colle sur le frigo, ainsi tout le monde a quelques codes d’entrée pour comprendre les réactions des autres, pour que chacun de souviennent que telle attitude indique telle émotion.
CH : Sur quelles études vous êtes vous appuyés pour monter cette expo sur les émotions ?
A contrario l’expérience du psychologue Milgram entre 1960 et 1963, qui cherchait à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime, au point de maltraité un autre individu qu’il ne connaît pas en lui infligeant des décharges électriques, jusqu’à l’agonie, sous prétexte que c’est un ordre d’une autorité supérieur (ici, un scientifique), peut faire débat à mon sens, non seulement sur la conscience et la soumission, mais sans doute aussi sur l’attachement, au sens large : les autres sont ils dignes d’amour, d’attachement, quand on ne les connaît pas, quand ils ne rentrent pas dans la « maison intérieur » de chacun, quand ils ne sont pas chargés d’une histoire commune, d’émotions partagées au préalables. Si les individus maltraitants de cette expérience avaient mis en relation avant l’expérience avec les individus maltraités, les premiers auraient ils pu être aussi cruels, après avoir fait connaissance avec les seconds … ? les résultats de l’expérience de Milgram sont effrayants puisque plus des deux tiers des maltraitants sont allés jusqu’au choc mortels, (en réalité, c’était une mise en scène : les maltraités étaient des comédiens et les décharges électriques inexistantes, seuls le maltraitant ne connaissaient pas la réalité et se croyait bourreau réellement) : ma question est donc la suivante : l’attachement au sein du foyer donne t-il une conscience de l’autre au sens large ou cette expérience met elle à mal cette structure finalement limitée à notre famille ?
0 Comments
Poster un nouveau commentaire