Diabétologie à Agadir

 

Vous revenez d’Agadir au Maroc, où se déroule chaque année un enseignement sur le diabète, sous forme d’un Diplôme Universitaire de Diabétologie, que vous coordonnez pour la Faculté de médecine de
Paris XIII-Bobigny. A qui s’adresse cet enseignement, à des étudiants, à des médecins ?

 

 

 
Il se trouve qu’il n’y a pas, ou pas encore, de Faculté de médecine à Agadir,  alors que la région Sud du Maroc est très peuplée, plusieurs millions d’habitants particulièrement exposés au diabète, comme en général au Maghreb, la proportion de diabétiques pouvant atteindre près de 10 % (en France la proportion est de 3 %, ce qui est déjà important). Pour prendre en charge cette maladie chronique il n’y a pratiquement pas de spécialistes, et les médecins généralistes expriment un fort besoin de formation complémentaire, impossible à trouver sur place.
Un institut privé, l’institut Galien, habilité à délivrer des diplômes d’infirmières, et dont le Directeur est particulièrement engagé en Santé publique, a voulu développer cette formation médicale, avec notre Faculté de Bobigny, et donc les enseignants des hôpitaux Avicenne et Jean Verdier. Notre formation, qui se déroule sur 100 heures, est sanctionnée par un Diplôme Universitaire de Paris XIII-Bobigny.
 
 
Pourquoi le nombre de diabétiques est-il si important ? Est-ce pour des raisons génétiques, ou bien lié à une alimentation trop sucrée ?
 
Sans doute à ces deux facteurs, comme dans beaucoup de pays en fort développement, c’est ce que l’on appelle la « transition épidémiologique », provoquée par la sédentarisation, par une alimentation plus riche en graisses, en sucre, et par des facteurs génétiques, et parfois culturels dans la région saharienne, où grossir quand on est une femme (parfois à coup de cortisone), est
bien vu par les familles…
 
C’est la quatrième année de cette expérience. Nos collègues marocains travaillent en Centres de santé, situés en ville ou au bled, ou dans des hôpitaux, cliniques, ou encore en cabinet privé.
 
 
Avez-vous pu constater une évolution de la prise en charge des diabétiques, dans un pays où les traitements modernes et coûteux restant parfois inaccessibles ?
 
Les échanges avec les candidats, tous impliqués dans les soins et la promotion de la santé, sont très riches, et par ailleurs nous constatons une amélioration de la couverture sociale, même si elle ne concerne encore qu’environ 1/3 de la population, et la possibilité pour les centres de santé de délivrer gratuitement les 3 types courants d’insulineet les médicaments de base du diabète.
Nous avons pu ainsi rencontrer le Docteur Mohammed HAGIBI, du Bureau Municipal d’Hygiène de Ouarzazate, qui a créé une Association de diabétiques et pu acquérir ainsi un appareil de mesure de « l’hémoglobine glyquée », qui est un paramètre de surveillance trimestrielle essentiel.
Nous avons aussi compté parmi les participants le docteur Jaafar HEIKEL, lui-même professeur de Médecine préventive, qui nous a fait part d’une étude menée pour 5 ans à Casablanca chez plusieurs centaines de patients motivés, (et dans ce cas disposant de moyens suffisants), afin d’apprécier les résultats cliniques et biologiques des fameuses mesures recommandées de style de vie, d’alimentation et d’exercice.
 
Combien de médecins formez-vous chaque année à la diabétologie ?
 
Entre 30 et 40, en sachant qu’ils doivent demander des congés de formation à leur administration, ou prendre sur leur temps professionnel privé. C’est un plaisir renouvelé chaque année de rencontrer des médecins aussi motivés pour mettre à jour leurs connaissances sur les progrès scientifiques en diabétologie, tout en apprenant à mieux utiliser les moyens dont ils disposent aujourd’hui.
 
 
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:
 
 

 

0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.