Statines contre Cholestérol

 

Après son livre jugeant  4000 médicaments « inutiles ou dangereux », le professeur Even s’attaque directement aux statines, médicaments anti-cholestérol, et va jusqu’à déclarer le cholestérol bon pour la santé…
Vous-même qui vous intéressez aux maladies cardiovasculaires, provoquées ou aggravées par le diabète, l’excès de cholestérol, l’hypertension, l’obésité, que pensez-vous de cette mise en cause de la pratique médicale dans ces matières ?

 

 

 
Je la juge parfaitement irresponsable, démagogique, tout à fait dans l’air du temps du complot, enmettant à profit l’émotion légitime provoquée par l’affaire duMediator.
 
Le cholestérol serait bon pour la santé ? Parce qu’il est utilisé par l’organisme pour la synthèse des stérols, comme la cortisone ? C’est une absurdité, les personnes qui, grâce à leurs gênes, à leur hygiène de vie, ou à un médicament comme une statine, ont un taux de cholestérol bas fabriquent tout autant de cortisone. Ou bienavoir un taux élevé de cholestérol ne sert à rien pour élaborer le stérol vitamine D si l’on n’est pas suffisamment exposé aux rayons du soleil.
 
Ce taux élevé n’est pas une maladie en soi, et certains centenaires ont un cholestérol dans les valeurs hautes, mais depuis une cinquantaine d’années on a pu relier la survenue plus fréquente d’infarctus au taux sanguin de cholestérol, en particulier à sa fraction LDL, dite « mauvais cholestérol ». Ce LDL lié aux protéines se dépose, et agresse littéralement les parois intimes des artères, il y provoque une inflammation chronique, et la formation de plaques qui peuvent se détacher et boucher les vaisseaux entraînant embolies et thromboses.
 
 
Mais ce qui provoque ces maladies cardiovasculaires, n’est-ce pas tout autant que le cholestérol, et même davantage, d’autres facteurs comme le tabac, l’absence d’exercice, l’hypertension, le diabète, la génétique, voire le stress ?
 
Vous citez l’ensemble des principaux facteurs du risque vasculaire et vous avez raison. Il serait anormal de ne s’attaquer qu’à un seul d’entre eux, fût-il majeur comme l’excès de cholestérol.
Une politique de réduction de ce risque doit être globale, c’est en particulier un processus éducatif du patient exposé, et du public, par des médecins formés et par un système de santé qui privilégie cette prise en charge globale tout en remboursant les traitements qui ont fait la preuve du service médical rendu.
 
 
 
Mais justement dispose-t-on de preuves d’un bénéfice réel pour la santé de la prescription de statines? Elles peuvent abaisser le taux du cholestérol, mais entraîner aussi des effets secondaires pénibles, ou même graves ?
 
Ces preuves ont été apportées. Ne prenons que quelques exemples significatifs :
L’étude scandinave dite « 4S », publiée en 1995, a étudié l’effet de la réduction significative du LDL cholestérol sur la mortalité et les accidents cardiovasculaires en prévention secondaire, c’est-à-dire chez 4400 hommes ayant déjà un passé vasculaire, pendant 5 ans, recevant tous des conseils diététiques, et, soit une statine soit un placebo : la réduction de la mortalité a été de 30% dans le « groupe statine », parallèlement à la diminution du « mauvais » cholestérol de 35 %.
Depuis cette étude, et d’autres, il est jugé indispensable, après un infarctus par exemple, de prendre tous les jours une statine pour prévenir (le plus possible) un nouvel accident vasculaire.
Citons une autre étude, appelée « Jupiter », intéressante parce qu’elle montre une très forte réduction d’événements vasculaires graves sous statine chez des sujets jusque là indemnes (donc en prévention primaire), n’ayant pas un taux élevé de « mauvais » cholestérol, mais des signes biologiques d’inflammation, ce qui est en faveur d’un rôle des statines au-delà de la réduction du LDL cholestérol.
 
 
Mais les effets secondaires ? les douleurs musculaires en particulier ?
 
Elles surviennent chez 10 % des patients et font chercher une alternative : autre statine, autre médicament, espacement des doses…mais cet inconvénient ne remet pas en cause leur efficacité chez l’ensemble des patients chez qui elles sont indiquées : prévention secondaire, et prévention primaire des sujets à risque, notamment diabétiques, ou qui cumulent les facteurs de risque déjà cités.
Les communiqués de la Haute Autorité de Santé (l’HAS), et de l’Association Française des Diabétiques sont sans équivoque sur les indications et l’intérêt des statines et sur la nécessité de ne pas arrêter un traitement sans avis du médecin.
 
 
Le professeur Even accuse les firmes pharmaceutiques de faire des profits avec des produits au mieux inutiles pour combattre un danger très surestimé, et ceci aux dépens de l’Assurance maladie…
 
Ceci est certainement vrai pour certains médicaments, mais ici ce n’est pas le cas, même si le prix des statines devrait baisser et les génériques être plus systématiques.
Le niveau du cholestérol n’est certes pas le seul responsable des accidents cardiaques, mais il en est un fort contributeur, et pour une fois qu’un médicament agit de façon aussi spectaculaire, il est dangereux d’entretenir la confusion à son sujet.
L’aspirine, et même le paracétamol, peuvent entraîner des effets secondaires sévères, pense-t-on pouvoir s ‘en passer ?
 
 
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:
 
 

 

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