La panique sexuelle

 

Quand on envisage d’avoir une relation sexuelle, et bien, là aussi, on peut paniquer pour diverses raisons. Et la panique, dans une situation sexuelle, cela entraîne bien des difficultés… Alors, Catherine, déjà, pourquoi on peut paniquer avant une relation sexuelle ?

 

 

Catherine : On peut déjà paniquer avant la première fois. Et je ne parle pas d’un petit stress normal, parce que certaines personnes ont une peur terrible. Parfois, la peur est telle qu’elles évitent les rencontres, les situations de séduction ou même d’échange avec des personnes de l’autre sexe, de peur d’en arriver à un moment à une situation sexuelle. Cet manière de réagir qui peut aller jusqu’à l’évitement peut être due à plusieurs raisons : on a vu ou entendu des choses terrifiantes sur la sexualité, ou on a interprété des choses de manière angoissante. Cela se produit aussi quand on a vécu une expérience traumatisante.
 
Claire : On peut aussi paniquer quand ce n’est pas la première fois…

Catherine : Bien sûr. On peut paniquer parce qu’on a peur de ne pas être à la hauteur, soit du côté de l’homme, soit du côté de la femme. Parce qu’on a peur que l’autre soit très déçu par ce que l’on est. On peut paniquer parce qu’on se trouve dans une situation que l’on n’avait pas envisagée, parce que cela va trop vite par exemple… OU encore parce que la fois précédente, cela s’est mal passé et que l’on a peur que cela se passe mal à nouveau.

Claire : Et quand on panique, que se passe-t-il ?
 
Catherine : Chez les hommes, il peut se produire une panne d’érection. L’érection ne vient pas à cause du stress. En effet, l’adrénaline, hormone du stress, donc de la panique fait battre le cœur plus vite, et elle resserre les artères, rétrécit leur calibre. Le problème, c’est que les artères du pénis devraient s’élargir pour que l’érection survienne. Et en plus, ce n’est pas tout : Même si l’érection est là, plus ou moins bonne à cause de la panique, l’éjaculation risque de se révéler très rapide. Hé oui, le stress, toujours à cause de l’adrénaline a tendance à déclencher l’éjaculation plus rapidement. Pas de chance pour les pauvres hommes paniqués.

Claire : et chez les femmes en proie à la panique, que se passe-t-il ?

Catherine : La panique fait que la lubrification vaginale ne se fait pas ou mal. Et en plus, le vagin a tendance à se resserrer par réflexe. De ce fait, la pénétration sera très difficile et souvent douloureuse. Au lieu d’être un plaisir, l’acte sexuel va être une corvée ou un moment désagréable !
 
Claire : Que peut-on faire quand cela se produit ?

Catherine : La première chose à faire c’est d’en parler. Il ne faut pas spécialement dire : je suis complètement paniqué, mais plutôt : « Je me sens un peu stressé ». C’est souvent très rassurant pour l’autre qui peut l’être aussi. Du coup l’autre cherchera à vous rassurer et déjà, c’est moins stressant que sentir votre partenaire empathique et à l’écoute, plutôt que d’imaginer qu’il ou elle cherche à vous juger.
Et puis, en parler, c’est une chose, mais cela ne suffit pas forcément. On peut donc dire : Aujourd’hui, je me sens stressé, et j’aimerais qu’on se fasse simplement des câlins ou des caresses. Comme ça, on ne s’impose pas l’obligation de réussir une pénétration. Alors, on se détend, et bizarrement, parfois, on arrive à la pénétration sans problème, justement parce que ce n’était pas une obligation de réussite.

Claire : Mais parfois, ça doit quand même être plus compliqué, quand il s’agit d’une panique vraiment forte ?

Catherine :
Oui, il y a des stress sexuels énormes quand par exemple un homme ou une femme a subi des attouchements, une agression sexuelle, ou un viol. La situation sexuelle, même dans un cadre amoureux et respectueux, peut lui rappeler l’agression.Et faire paniquer. Dans ce cas, il faudra souvent du temps, de l’attention, et parfois une psychothérapie pour débloquer la situation. Et j’insiste pour dire que cela n’arrive pas qu’aux femmes.
 
Claire : Est-ce que l’on peut aussi paniquer à deux ?

Catherine :
Bien sûr ! La panique collective sexuelle, ça arrive aussi. Disons que quand l’un des deux partenaires est très stressé, l’autre le ressent. Et s’il était à peine stressé, il peut voir son angoisse augmenter. Donc on se panique à deux. C’est très fréquent dans les difficultés sexuelles de couple. Cela dit, il ne faut pas croire que ce soit toujours dans ce sens. On peut aussi avoir un partenaire qui est très zen, et qui dit « ne t’en fait pas ». Même si la panique est contagieuse, le calme est contagieux aussi !

 

Ecoutez la chronique du Dr Catherine Solano:

 

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