La dépendance affective.

 

La dépendance affective se retrouver chez de nombreuses personnes en couple très dépendantes de leur partenaire. C’est quoi exactement la dépendance affective ?

 

 


Catherine :
C’est un état où l’on a trop besoin de quelqu’un pour exister. Comme on ne se sent exister qu’en fonction de l’autre, on est prêt à tout sacrifier pour obtenir de l’amour et de la reconnaissance : se couper de ses amis, laisser tomber nos centres d’activité, s’éloigner de notre famille… La relation affective à l’autre est tellement importante qu’elle passe avant tout et peut faire que l’on s’oublie soi-même. On peut retrouver cette dépendance dans la relation parent-enfant, dans l’amitié, mais surtout dans la relation amoureuse.
 
Claire : Faut-il normalement en arriver à l’indépendance affective quand on est adulte ?

Catherine :
Non, c’est bien ça qui est difficile. Nous avons besoin d’affection pour vivre en harmonie. Une certaine dépendance est naturelle dans le couple. Nous avons besoin l’un de l’autre, et c’est parfois normal de faire passer l’autre avant soi.Le problème survient quand il existe un excès de dépendance qui fait que l’autre passe toujours avant soi.Si je suis dépendant affectif, je fais tout pour l’autre, rien pour moi.
La dépendance amoureuse est comme une toxicomanie sans drogue, la boulimie ou les achats compulsifs par exemple. Ce type de dépendance est difficile à dépasser parce qu’on ne peut pas arrêter complètement de manger, de faire des achats ou d’avoir quelqu’un qui compte pour nous dans la vie. C’est très différent de la dépendance à l’alcool, au tabac ou au cannabis où l’on peut arrêter totalement la drogue en cause.

Claire : Le ou la partenaire de la personne dépendante doit donc être épanoui si l’on pense toujours à lui en premier !
 
Catherine : Pas spécialement. Car il sent qu’il est avec quelqu’un de trop dépendant. La personne dépendante est angoissée à l’idée d’une distance qui s’installe ou d’une séparation. Du coup, elle est étouffante, et souvent contrôlante. Dans les cas extrêmes, Elle veut tout faire à deux, téléphone sans arrêt, se sent mal quand elle est seule, ne fait pas confiance. Elle a besoin de réassurance permanente, parce qu’elle a l’impression que si l’autre s’éloigne, elle meurt.Alors, même si son ou sa partenaire est au centre de sa vie, c’est stressant et étouffant. L’autre a généralement envie de prendre de la distance.

Claire : pourquoi une personne dépendante affective agit-elle de manière étouffante, alors que cela donne à l’autre l’envie de prendre de la distance ?

Catherine :Parce qu’elle ne peut pas se raisonner.
D’une part, la personne dépendante affective a le sentiment de ne pas avoir beaucoup de valeur. Elle a l’impression d’être un peu minable. Du coup, elle est angoissée et agit au maximum pour se faire aimer, comme si elle ne méritait pas d’être aimée pour elle-même, mais pour tout ce qu’elle peut faire.
Et comme elle est angoissée dans la relation, elle a besoin sans cesse de réassurance, de savoir qu’elle est aimée, que l’autre n’est pas loin. Elle sent parfois que c’est trop, mais son angoisse est trop forte pour qu’elle parvienne à la contenir.
 
Claire : Peut-on réussir à la rassurer ?

Catherine : Non justement, c’est parce qu’elle a une angoisse de ne pas être suffisamment aimable et aimée qu’il est impossible de la combler. Elle est comme un puits sans fond. Ce n’est pas parce que l’autre n’est pas attentif, présent ou attentionné qu’elle est angoissée, c’est parce qu’elle s’est construite ainsi.

Claire : Alors, pourquoi devient-on dépendant affectif ?

Catherine : Cela vient de l’enfance. Pour apprendre à avoir de belles relations aux autres, des relations équilibrées, nous avons besoin d’apprendre à les vivre dans notre enfance. C’est le cas si nous avons des parents suffisamment bons. Mais si nous avons des parents absents, peu attentifs, qui nous rabaissent, ne nous écoutent jamais, voire nous font du mal, nous n’apprenons pas à connaître un lien affectif serein. Alors plus tard, quand nous sommes amoureux, puis en couple, nous ne savons pas comment faire avec notre partenaire pour établir des relations saines. Nous avons peur qu’il se comporte comme nos parents l’ont fait. Nous avons trouvé l’amour que nous n’avons pas eu dans notre enfance et nous ne savons pas quoi faire pour le garder. Nous n’avons pas le mode d’emploi. Nous avons l’impression que cet amour est un cadeau trop beau pour nous et nous avons peur que l’autre se rende compte que nous ne le méritons pas et qu’il s’en aille.

Claire : Finalement, ce qu’il faudrait apprendre, c’est que nous méritons d’être aimé.

Catherine : Exactement. Pour ne pas être dépendant affectif, je dois acquérir la conscience profonde que je mérite d’être aimé.
 
Ecoutez la chronique du Dr Catherine Solano:


 
 
 

 

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