Le stress, l’anxiété sont très répandues dans notre monde, que ce soit pour les étudiants pendant leurs études, les personnes qui travaillent, ou bien sûr celles qui sont au chômage, les parents avec leurs enfants, les personnes âgées. Or le stress influence la sexualité. De quelles manières, c’est ce que vous allez nous expliquer.
Catherine : Le stress et l’anxiété liés à la sexualitépeuvent déjà commencer bien avant les débuts des relations sexuelles. Si vous parents, ou vos expériences de vie vous transmettent l’idée que la sexualité, c’est sale, c’est laid, ou c’est dangereux, que tous les hommes sont des salauds ou toutes les femmes des personnes qui ne pensent qu’à profiter de vous, cela crée des conditions pour que vous soyez anxieux avant même de commencer votre vie sexuelle !
Claire : Et quand c’est le moment des premières relations sexuelles, le stress peut être là ?
Catherine : Bien sûr. Je dirais même qu’il est toujours là, plus ou moins fort. Et il peut être très important, surtout chez les personnes trop jeunes. J’entends très souvent des filles surtout me dire « j’ai envie de commencer ma vie sexuelle, mais je me sens trop stressée, j’ai très très peur… » ; comment faire pour surmonter ce blocage ? En fait, il ne s’agit pas forcément d’une anxiété anormale, ni d’un blocage. Une nouvelle expérience est toujours stressante. Mais quand on est très jeune, il faut souvent plusieurs années avant d’apprivoiser l’idée d’avoir son premier rapport sexuel. Je leur réponds à ces filles qui ont souvent entre 13 et 16 ou 17 ans, que c’est normal d’avoir peur. Et que petit à petit, le désir va augmenter et la peur diminuer. Car la peur est ici une protection qui peut empêcher de faire des bêtises ! Parce qu’avoir un début de vie sexuelle à 13 ans, ça peut être une vraie catastrophe. On est trop jeune pour prendre en compte tous les facteurs et c’est donc une situation à haut risque.
Claire : De quoi ont-elles peur ? C’est quoi cette anxiété ?
Catherine : Elles sont peur d’avoir mal, de saigner, de ne pas être assez belle, de ne pas savoir quels gestes faire, de se sentir ridicule par rapport à l’autre, qu’il soit déçu et les laisse tomber…
Claire : et le garçon, pour sa première fois, il doit être stressé aussi !
Catherine : Bien sûr. Et je pense même que les jeunes filles ou les femmes n’imaginent pas vraiment à quel point un homme peut être anxieux avant sa toute première fois.
Il a peur de ne pas avoir d’érection, de ne pas trouver l’entrée du vagin, de faire mal à sa partenaire, d’avoir une éjaculation trop vite, ou de ne pas réussir à avoir une éjaculation, de ne pas savoir lui donner de plaisir…
Claire : Et par la suite, chez les personnes adultes et en couple ?
Catherine : L’anxiété a de forts retentissements sur la sexualité. Il peut s’agir d’une anxiété due à tout autre chose. Par exemple, des difficultés au travail. Un homme peut très bien avoir tout à coup des pannes d’érection, ou des éjaculations prématurées, voire un manque de désir à cause de soucis liés au travail.
Claire : Pourquoi cet effet de l’anxiété sur la sexualité ?
Catherine : C’est que l’anxiété est une émotion. Et si, au lieu d’être passagère comme un simple stress, elle s’installe, au moment où le désir sexuel et l’excitation devraient apparaître, ces émotions agréables se trouvent en compétition avec l’anxiété. Et c’est la plus puissante des émotions qui gagne. Si l’on a un peu d’anxiété et beaucoup de désir, la sexualité fonctionne. Si l’on éprouve une forte anxiété, bien plus puissante que le désir, elle bloque ce désir.
Claire : Alors, un problème sexuel n’a pas toujours une origine sexuelle ?
Catherine : Vous avez raison. Il arrive souvent qu’une personne vienne me voir en consultation pour un problème sexuel, mais il s’agit en réalité du retentissement sexuel d’un problème bien plus général.
Claire : Et pour les femmes, qu’est-ce que l’anxiété provoque sur le plan sexuel ?
Catherine : La même chose que chez les hommes. L’anxiété peut empêcher le désir de survenir. Par exemple, une femme qui pense que son enfant a peut-être quelque chose de grave, qui est très inquiète a toutes les raisons de ne plus ressentir de désir.
Claire : Vous disiez aussi que l’anxiété n’est pas toujours liée à la sexualité, mais elle peut aussi l’être ?
Catherine : Bien sûr. En particulier quand on a eu de mauvaises expériences sexuelles. Il peut s’agird’attouchements dans l’enfance, d’agressions sexuelles, d’une première fois qui se passe mal, d’une rupture, d’une moquerie liée à la sexualité… Je me souviens par exemple d’une patiente d’une trentaine d’année. Son ami lui avait dit « tu caresses de la main gauche », ce qui, pour lui, signifiait : tu n’es vraiment pas douée. Et bien, cette remarque l’a tellement angoissée qu’elle n’osait plus chercher à rencontrer quelqu’un après leur rupture. Elle avait terriblement peur qu’un autre homme se moque d’elle.
Claire : les méthodes qui diminuent l’anxiété sont donc forcément bonnes aussi pour la sexualité !
Catherine : Elles ne peuvent faire que du bien : le sport, la relaxation, le yoga, la méditation, la sophrologie, la cohérence cardiaque, l’hypnose, tout ce qui peut contribuer à faire diminuer le stress et l’anxiété, ça fait du bien à la sexualité. Mais il faut aussi souvent agir à la racine bien sûr. Résoudre un problème de couple, changer de travail, faire une psychothérapie à propos d’une agression sexuelle…
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
0 Comments
Poster un nouveau commentaire