23 oct. 2012 - 14:33
L’épidémie d’obésité » touche aussi bien les pays développés que ceux en développement, où la progression est spectaculaire, sans doute liée aux changements brutaux du rythme de vie, à l’abandon des activités physiques et manuelles, et à l’introduction de ces nouveaux modes d’alimentation.
On estime, aux Etats Unis, par exemple, que les boissons sucrées représentent une part majeure de l’apport de calories, de l’ordre de 15 %, soit en moyenne 360 calories par jour à elles seules. Cet apport est très important en particulier chez les jeunes noirs ou les jeunes Mexicains-Américains, groupes considérés comme plus à risque de devenir obèses.
Ces boissons sont pauvres en fibres et elles sont souvent consommées en même temps que des produits très salés et denses en calories. Elles donneraient moins vite la sensation de satiété, conduisant à augmenter l’appétit.. Leur consommation paraît d’ailleurs corrélée au temps passé devant les écrans de télé ou de jeux vidéo…
Leur contenu riche en fructose favoriserait l’accumulation de graisse dans le foie et la résistance à l’insuline, première étape du diabète de type 2.
Devant ce constat inquiétant, a-t-on pu mener des études permettant d’inverser ces courbes et d’ empêcher le développement de ces maladies, liées au moins en partie aux boissons sucrées ?
Jusqu’ici les résultats étaient peu concluants, parfois contradictoires, les études en « double aveugle », comparant réellement plusieurs modes de consommation de jus de fruits, étaient exceptionnelles.
Dans le dernier numéro du New England Journal of Medicine, revue médicale de référence, une équipe d’Amsterdam conduite par Janne de Ruyter, publie les résultats intéressants d’une étude d’intervention, appelée de façon amusante « DRINK »… répondant aux exigences scientifiques.
Elle a inclus 641 enfants scolarisés dans la banlieue d’ Amsterdam, âgés de 5 à 12 ans, suivis 18 mois entre 2009 et 2011.
N’ont été retenus que les enfants habituellement consommateurs de boissons sucrées, pour ne pas créer une habitude de ce type chez les autres !
Ils recevaient chaque jour, sans connaître l’origine réelle du goût sucré, une canette de 250 ml contenant soit 0 g de glucides 0 calorie, sucrée artificiellement, soit 26 g de sucre donc 104 calories.
Au cours et à la fin de l’étude le poids, la taille, l’épaisseur de la peau, l’indice de masse corporelle, le tour de taille, l’impédance, étaient mesurés, permettant d’évaluer la masse grasse et son évolution.
Les enfants « soumis » aux édulcorants, donc sans sucres réels, ont pris un kg de moins que les autres et leur masse grasse a significativement moins augmenté.
Ces résultats paraissent confirmer les études rassurantes sur les édulcorants dont vous nous avez parlé récemment. Sont-ils retrouvés ailleurs que chez les petits néerlandais, qui sont peut-être moins sujets à l’obésité que d’autres groupes de population ?
Dans le même numéro de la revue d’autres auteurs observent les liens entre boissons sucrées et obésité, plus marqués dans certaines populations, hispaniques par exemple ; ceci vient à l’appui des relations entre une génétique favorisante et les effets d’un environnement alimentaire trop sucré.
Des mesures sont actuellement prises ou en voie de l’être, par exemple à New York : limitation du volume de délivrance de contenants, canettes, verres, gobelets…des boissons sucrées, ou bien limitation des présentoirs de ces boissons près des caisses ou en tête de gondole !
Au pays de la libre entreprise, et du libre arbitre de chaque citoyen, ceci fait bien entendu l’objet de vives discussions…
Ecouter la chronique du Pr Alain Krivitzky:
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