Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Claire : Catherine, vous allez nous parlez des questions des enfants relatives à la sexualité. Alors quelles questions posent-ils ?
Catherine : LA question qui vient souvent très tôt, parfois dès 4 ou 5 ans, c’est tout simplement : comment on fait les bébés ?
Claire : Que faut-il leur répondre ?
Catherine : Il ne faut surtout pas botter en touche. Il faut répondre en se disant qu’à leur âge, ils n’ont pas besoin de connaître tout le kâma-sûtra. Je dirais même qu’ils n’ont pas à connaître la sexualité de leurs parents. Leur répondre, c’est important, juste pour qu’ils sachent que concevoir un enfant, ça fait partie de la vie. C’est quelque chose de simple et naturel, et pas un horrible secret sur lequel ils pourraient s’interroger si on ne leur répond pas voire s’inquiéter ou fantasmer de manière terrifiante.
Claire : Alors, on dit quoi finalement ?
Catherine : On leur dit tout simplement que pour faire un bébé, il faut un papa et une maman. Chacun donne une petite graine, ces deux graines se mélangent et forment une seule graine de bébé qui pousse dans le ventre de la maman… Et c’est parce que la graine de bébé vient des deux parents qu’un enfant ressemble à son papa et à sa maman.
Claire : Mais est-ce que cela suffit ?
Catherine : Souvent dans un premier temps, ça suffit. Mais pas toujours ou bien ils vont revenir à la charge tôt ou tard. Et là, il faudra avoir préparé la réponse.
Claire : Oui, parce que la question suivante, c’est : Comment la graine de bébé arrive dans le ventre de la maman ? Et cette fois, on dit quoi ?
Catherine : On explique encore. C’est bien si l’on a réfléchi à peu à la réponse avant. On sera plus à l’aise. On explique que « la graine de bébé est préparée chez le papa dans les testicules, tu sais, les petites boules. Et que la maman a deux boules qui préparent des graines de bébé dans le ventre. » Même les petits garçons et petites filles ont tout ce qu’il faut pour en préparer plus tard.
Ensuite, on dit que
« Le papa va mettre la graine de bébé dans le ventre de la maman avec son pénis (ou son zizi selon la culture familiale !). Ilentre par un endroit prévu pour ça au niveau du sexe de la maman (ou la zézette selon la culture familiale).
Et on peut aussi expliquer que s’échanger ces petites graines, c’est comme se faire un câlin. Parce que cela donne une idée que c’est un plaisir de faire un bébé.
Et puis un détail qui a son importance. J’explique toujours que la graine, ce n’est pas une graine comme celle des plantes. Pour les garçons les graines sont dans du liquide et elle est si petite qu’on ne la voit pas. Et la graine sort par le même endroit que le pipi, mais ce n’est pas du tout le même liquide. Il ne coule pas, il sort en jet… J’ai tellement entendu d’hommes angoissés par tout cela que le leur expliquer tout petit ne peut que les faire mieux connaître leur corps.
Et c’est utile à expliquer aux filles aussi. Une gynécologue m’a raconté un jour qu’une maman lui avait amené sa toute petite fille parce qu’elle avait expliqué à sa maman. « Maman, j’attends un bébé, j’ai une petite graine dans le ventre. » Et elle avait mis une graine de plante dans son vagin ! Il a fallu l’enlever chez le gynécologue…
Claire : Il y a certainement d’autres questions sur la sexualité…
Catherine : Bien sûr, ne serait-ce que : c’est quoi ce truc quand ils voient une serviette ou un tampon. C’est alors l’occasion d’expliquer ce que sont les règles aux filles comme aux garçons.
On explique que dans le ventre, les femmes ont une boîte à bébé, un utérus. Et que tous les mois, elle prépare un petit nid. S’il n’y a aucune graine de bébé qui s’installe, ce petit nid s’évacue en saignant. Et le mois suivant, le corps de la femme prépare un autre nid. Jusqu’à ce qu’une graine de bébé s’installe.
Claire : et vous en voyez d’autres ?
Catherine : Oui, il y a des choses à expliquer sur la circoncision. Quand un père est circoncis et pas son fils, il faut lui expliquer pourquoi cette différence. Sinon, s’il voit son père nu au sortir de la douche, il se demandera pourquoi son pénis est différent. Et cela peut l’angoisser beaucoup. J’ai un patient qui a eu des angoisses toute son enfance à cause de ça !
Claire : Et la question : Dis papa, pourquoi ma sœur, elle n’a pas de zizi ?
Catherine : Et bien, il faut expliquer que c’est vrai, elle n’a pas de zizi, mais elle a une boîte à bébé dans le ventre.
Claire : un dernier conseil ?
Catherine : Oui, simplement si vous ne savez pas quoi dire, et bien faites patienter. Dîtes simplement : « je ne sais pas trop quoi te répondre, je vais réfléchir ». Et vous réfléchissez et expliquez le lendemain…
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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