Journées mondiales du rein

 

La Journée mondiale du rein vient de se dérouler. Elle a été l’occasion d’insister sur la fréquence de l’insuffisance rénale chronique, maladie sans doute mal connue, mal comprise, grave et coûteuse pour les patients et pour la société. Pouvez-vous nous dire ce qu’est exactement cette insuffisance rénale ?

 

 

 
Il est exact que le grand public connaît mal les maladies du rein, ou néphropathies.
On a fréquemment « mal aux reins », en désignant la région lombaire, en bas du dos, cette douleur est liée aux muscles, ligaments, vertèbres, disques, nerfs, bref aux problèmes rhumatologiques autour de la colonne vertébrale, les reins n’en sont en rien responsables.
On connaît la colique néphrétique, très douloureuse, liée à la migration de calculs du rein vers la vessie, mais elle n’entraîne pas habituellement d’insuffisance rénale chronique.
 Les reins, qui assurent l’élimination des déchets produits par le métabolisme, peuvent être le siège d’affections longtemps silencieuses, qui se révèleront à un stade avancé, avec alors de graves conséquences, comme une hypertension artérielle sévère, une anémie chronique, une grande asthénie (ou fatigue), et des atteintes cardiaques et vasculaires. Cette insuffisance rénale chronique (on parlait autrefois d’urémie) pose alors un problème grave et coûteux de prise en charge.
 
 
 
Puisque cette maladie, l’insuffisance rénale chronique, est longtemps silencieuse, comment y penser, comment en dépister des signes annonciateurs avant qu’il soit trop tard ?
 
Pour répondre à cette question, il faut envisager rapidement les causes les plus habituelles de cette dégradation de la fonction d’épuration des reins.
L’atteinte rénale du diabète représente environ la moitié des cas d’insuffisance rénale dite terminale, ce terme qui signifie la nécessité vitale d’une dialyse chronique, et parfois d’une greffe rénale. Un diabétique, qu’il soit de type 1 ou de type 2, doit donc être surveillé par la prise régulière de la pression artérielle, par une  mesure de l’albumine dans les urines, et par des dosages sanguins de la créatinine, substance dont le taux reflète bien (mieux que celui de l’urée) le fonctionnement des reins, notamment parce qu’il exprime le flux sanguin qui traverse les reins et leur capacité de filtration, que l’on appelle la clearance.
L’hypertension artérielle elle-même si elle n’est pas bien contrôlée, est une cause d’insuffisance rénale, ou de son aggravation.
La fréquence et le profil réellement épidémique de ces deux affections courantes et de l’obésité expliquent la forte incidence de l’insuffisance rénale, et ceci est majeur dans les pays en développement.
En France on estime que 5% des adultes ont une insuffisance rénale, que 37000 sont sous dialyse, et que 33000 ont bénéficié d’une greffe du rein.
Les autres causes d’insuffisance rénale, infection, obstruction, maladie génétique comme la polykystose, sont moins en cause aujourd’hui.
On doit souligner que la fonction rénale s’altère très progressivement avec l’âge, et que les trop nombreux médicaments prescrits aux personnes âgées peuvent aggraver cette évolution.
 
 
 
Cette journée mondiale a-t-elle fixé des objectifs vis-à-vis de la prise en charge de
l’ insuffisance rénale chronique?
 
 
Le premier objectif est de sensibiliser sur cette maladie méconnue le public général et médical. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) fixe à 2% par an l’objectif de réduction des décès par insuffisance rénale.
En deçà des problèmes de financement des thérapeutiques lourdes comme la dialyse, et du recrutement de potentiels donneurs de greffe, l’objectif fondamental est plus prosaïque, et d’ailleurs conforme à ce que l’on recherche dans le domaine de la prévention cardio-vasculaire en général.
 
 
 
Comment expliquer cette méconnaissance d’une maladie aussi grave, et qui semble avoir les mêmes causes et les mêmes conséquences que les maladies du cœur et des vaisseaux ?
 
Les symptômes sont tardifs, la fatigue, l’anémie… les urines paraissent normales si l’on n’y recherche pas systématiquement la présence d’albumine, et après des années d’évolution silencieuse les traitements sont lourds, et réservés aux trop rares pays riches et disposant d’un véritable système de santé solidaire.
 Partout une lutte majeure doit s’engager, ou se développer, vis-à-vis des fléaux qui conduisent aux maladies cardio-vasculaires et rénales : excès de poids, de sel, de sucre, de cholestérol, insuffisance d’activité, défaut des systèmes de prévention.
Dépistés à temps le diabète et l’hypertension artérielle peuvent de même être contrôlés efficacement, pour un coût individuel et social infiniment moins lourd que celui de la prise en charge des formes évoluées de l’insuffisance rénale chronique. 
 
 
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:
 

 

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