Le syndrome des jambes sans repos

Les troubles du sommeil affectent une grande partie de nos contemporains, on sait que les français en particulier battent le record de la consommation de somnifères et de tranquillisants. On connaît le « syndrome d’apnée du sommeil », mais un autre trouble nocturne intrigue et paraît de plus en plus fréquent, c’est le « syndrome des jambes sans repos ». Pouvez vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

 
 
Le syndrome des jambes sans repos frappe effectivement un nombre important de personnes, jusqu’à 10%, notamment des sujets âgés. Sa définition précise est un peu complexe : ce sont des « sensations profondes de reptation, d’agacement siégeant dans les jambes accompagnées d’agitation motrice, de secousses brusques, parfois de douleurs ». On voit déjà qu’il ne s’agit pas de crampes banales, même si celles-ci sont souvent douloureuses.
Plus précisément il s’agit d’un besoin impérieux de bouger les membres, surtout les jambes, souvent associé à des sensations désagréables comme des fourmillements, des brûlures, besoin qui apparaît ou s’aggrave particulièrement en position couchée, soulagé par les mouvements, et apparaissant ou s’aggravant nettement la nuit.
Parfois la situation assise prolongée, en réunion, en avion, déclenche ce besoin irrépressible de bouger les jambes.
On comprend que selon la fréquence et l’intensité du trouble, évalué par le médecin sur une échelle détaillée, ce syndrome puisse constituer un véritable handicap, vis-à-vis du sommeil, de l’activité sociale, familiale et professionnelle, avec somnolence, anxiété, voire état dépressif.
 
 
 
Poser ce diagnostic doit être difficile, car nombreux sont ceux qui ont éprouvé à telle ou telle occasion l’un ou l’autre de ces symptômes ?…ne serait-ce que le besoin de bouger les jambes !
 
Le diagnostic doit s’appuyer sur l’ensemble des critères énoncés, en particulier la prédominance nocturne, l’activité excessive des jambes, l’effet favorable de l’activité motrice. D’autres éléments peuvent renforcer l’impression clinique : une notion familiale, les troubles de l’endormissement, un sommeil plus facile le jour, certaines affections favorisantes comme le diabète, l’insuffisance rénale, la carence en fer, le rôle aggravant de certains médicaments antidépresseurs ou neuroleptiques, du café, et enfin l’amélioration du trouble sous des médicaments dopaminergiques.
 
 
 
Connaît-on la cause du syndrome des jambes sans repos ? A-t-il un lien avec la maladie de Parkinson ?
 
Il ne s’agit pas d’une forme particulière de maladie de Parkinson, même si certains médicaments sont utilisés dans les deux cas, mais dans ce syndrome à des doses bien inférieures. En fait on ne connaît pas la cause du syndrome des jambes sans repos, il n’y a pas de test biologique ou de signe d’examen neurologique qui puisse l’affirmer, et le diagnostic reste fondé sur la présence associée des 4 critères indispensables. On conçoit que ce diagnostic peut être difficile, notamment chez une personne âgée, qui a d’autres problèmes neurologiques, d’autres raisons de mal dormir, et prend beaucoup de médicaments…
 
 
 
Comment traiter ce trouble, finalement fréquent et sans doute méconnu ?
 
 
Plusieurs types de médicaments ont été testés, en premier lieu des activateurs d’un médiateur cérébral, la dopamine, comme le ropinirole, le pramipexole, des sédatifs comme les benzodiazépines, des antalgiques comme la codéine… tout ceci à doses faibles et progressives, en surveillant les effets secondaires possibles.
Mais on ne traite avec ce type de médicaments que les formes graves dites invalidantes en raison d’ un fort retentissement sur la vie quotidienne et le sommeil, et souvent après une consultation spécialisée auprès d’un neurologue.
Heureusement les formes plus légères sont plus fréquentes et accessibles. Une fois qu’une carence éventuelle aura été corrigée, des traitements déclencheurs arrêtés, et qu’un régime équilibré (avec un peu d’exercice) aura été institué, des mesures d’auto-massages, ou de lutte contre le stress, comme la relaxation, pourront soulager un symptôme certes gênant, mais qui n’est pas habituellement le témoin d’une affection neurologique sévère.
 
Ecouter la chronique du Pr Alain Krivitzky:

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