Médecins à diplôme étranger

 

Ces dernières semaines des médecins ayant obtenu leur diplôme de médecine à l’étranger, mais exerçant en France, tentent une nouvelle fois d’obtenir la possibilité d’exercer dans des conditions stables, égales en statut et en salaire avec leurs collègues français. Comment se fait-il que leur situation soit toujours aussi précaire, alors que la France, et singulièrement les hôpitaux, manquent de personnel médical ? 
 
Cette situation de nos collègues à diplôme étranger est à la fois scandaleuse et absurde. Voici des médecins diplômés hors de l’Union Européenne, exerçant dans nos hôpitaux des fonctions qualifiées, dans les services d’urgence, d’anesthésie réanimation par exemple, également dans diverses spécialités comme la chirurgie, la psychiatrie, et qui ne disposent ni d’un statut stable, ni d’une rémunération égale aux autres praticiens pour un travail et des responsabilités comparables. Les gardes, les astreintes, les vacations, par exemple, leur sont payées 30 à 50 % moins que les autres médecins.
On a parlé de « bouche-trous », d’esclaves modernes, de personnels jetables…
Ils sont originaires pour près d’un tiers d’entre eux du Maghreb, 12 à 15 % respectivement d’Afrique noire et d’Europe hors de l’Union Européenne, 7% d’Asie, 5% d’Amérique du sud..
 
 
Mais ce problème n’est pas récent. On parle régulièrement de concours ouverts, de régularisation , de statut stable ?
 
Effectivement un nombre assez important de ces médecins ont pu, après une procédure de 2006, passer un examen professionnel par spécialité pour ceux exerçant en France avant 2004, en tenant compte de leur expérience, épreuve qu’ils peuvent passer 3 fois. Cet examen ouvre un certain nombre de places dans chaque région, il a permis de recruter, comme assistant spécialiste, environ la moitié des 8000 médecins qui étaient en 2006 dans l’incertitude, ou même dans l’illégalité. En effet les hôpitaux, à court de médecins, engagent parfois sur des contrats précaires des médecins n’ayant pas de statut stable.
Deux autres examens sont ouverts pour les nouveaux arrivés et les médecins ayant un statut de réfugié.
Il reste, selon le Syndicat National des praticiens à diplôme hors Union Européenne, plusieurs milliers de médecins sans statut stable, ce qui est d’autant plus scandaleux que certains d’entre eux sont venus sur la demande de chefs de service français !
 
 
Il semble que la situation début 2012 s’aggravait encore, jusqu’à ces derniers jours…
 
 
On dénombrait cette année 5397 médecins inscrits dans les différents modes de concours et d’examen permettant d’accéder au statut de praticien, 1476 exerçant depuis avant 2004, 3897 arrivés depuis lors, et 64 ayant le statut de réfugié.
Après le 31 décembre 2011 il ne devenait plus possible d’être recruté. Certes le gouvernement laissait envisager une prolongation de la possibilité d’exercer et d’être recruté jusqu’à 2014 et sans doute au delà .
 
 
 
 
Mais une nouvelle douche froide était venue d’une décision du Conseil Constitutionnel, refusant de prolonger jusqu’à 2014 les dispositions de la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), permettant la prolongation de la « procédure d’autorisation d’exercice »(PAE).
 Au dernier moment, le 18 janvier, l’Assemblée Nationale unanime a voté la prolongation de l’autorisation de recruter et d’exercer, jusqu’à 2016.
 
 
En effet, si l’on ne recrutait plus ou ne renouvelait pas ces médecins sur leur poste que se passerait-il, pour eux, et pour les services où ils travaillent ?
 
Une double catastrophe.. Eux-mêmes seront encore plus précarisés, taillables et corvéables, voire expulsables.. Les hôpitaux de leur côté n’assureront plus plusieurs de leurs fonctions essentielles, et certains services devront fermer.
 
Dans la situation de pénurie médicale actuelle en France, la venue de jeunes médecins pour exercer au moins quelques années dans notre pays est une chance, et aussi un reflet de l’aura dont la médecine française dispose encore, notamment auprès des médecins francophones.
Il ne s’agit plus aujourd’hui d’un « drainage des cerveaux » au détriment de leur pays d’origine. Les échanges doivent d’ailleurs continuer d’être bilatéraux : vous savez par exemple que notre université de Bobigny contribue au Maroc à dispenser sur place certaines formations spécialisées à des médecins généralistes..
 
Pour conclure je dirais qu’il est urgent de régler enfin de façon définitive un problème médical et humain, qui témoigne de la difficulté de notre pays à reconnaître pleinement la valeur de médecins que nos services et nos patients sont bien heureux de trouver disponibles.
 
 Ecoutez la chronique du Pr A. Krivistzky:
 
 
 
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