13 janv. 2012 - 12:37
C' est effectivement un article très documenté du British Medical Journal, revue de référence, paru le 25 octobre dernier, qui a donné une nouvelle actualité à un débat en fait présent depuis l'introduction de ces « nouvelles pilules » dans les années 90.
Rappelons d'abord ce que sont ces « générations » de pilules contraceptives. Passons sur la 1ère génération qui a transformé dans les années 70 la vie des femmes, mais dont peu de spécialités subsistent en raison de leur contenu trop important en hormones de synthèse.
La pilule de 2ème génération est la plus classique, elle est remboursée par la Sécurité Sociale, elle contient les analogues des 2 hormones de l'ovaire (l'oestradiol et la progestérone), à des dosages variables.
Elle est dite minidosée pour l'éthinyl-oestradiol (30 à 40 microgrammes), et contient un progestatif le lévonorgestrel.
Puis sont apparues celles de 3ème génération, avec l'objectif de réduire le dosage de l'éthinyl-oestradiol à 20-30 microgrammes, et d'utiliser de nouveaux progestatifs, notamment le gestodène et le désogestrel.
Quel était l'intérêt attendu de ces modifications ?
L'intérêt était celui de diminuer les effets secondaires de la dose d'oestrogène sur le cholestérol, la tension des seins, et de diminuer le risque faible mais réel de thrombose veineuse, notamment chez les femmes ayant des facteurs de risque vasculaire, avec de nouveaux progestatifs modifiant peu les facteurs de coagulation..
En fait dès 1995 des observations faisaient état d 'un risque plus important de thrombose veineuse avec ces nouveaux progestatifs. L'AFSSAPS (l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) le signalait d'ailleurs en 2001. On a d'abord estimé que ces observations résultaient de la prescription de ces pilules à des femmes plus à risque que les autres.
La bonne tolérance générale de ces nouvelles pilules, plus coûteuses, conduisait d'ailleurs à demander leur remboursement, qui n'a été obtenu qu'assez récemment, pour 2 d'entre elles.
En 2007 étaient publiées des études confirmant le risque, et aujourd'hui l'article du Bitish Medical Journal rapporte une grande étude danoise, de Lidegaard, sur plus d'un million de femmes de 15 à 49 ans, de 1995 à 2009.
Il apparaît que le risque de thrombose prouvée est 2 fois plus élevé avec les progestatifs type gestodène ou désogestrel, par rapport au classique lévonorgestrel.
On doit également citer les pilules de 4ème génération, où le progestatif est la drospirénone, réputée pour un effet très légèrement anti androgénique et diurétique, donc intéressant vis à vis de la pilosité et de la rétention d'eau et de sel. Le risque est ici aussi légèrement plus élevé qu'avec le progestatif classique.
Les femmes ont elles des raisons de s'inquiéter si elles prennent une pilule de 3ème génération, que par ailleurs elles supportent très bien ?
Je pense pouvoir les rassurer :
Toute contraception oestro-progestative comporte un léger risque de thrombose, risque bien connu, et qui conduit à réserver cette pilule aux femmes indemnes de facteurs de risque tels que des antécédents de thrombose, de maladie cardio vasculaire, de diabète compliqué, de cancer du sein ou de l'utérus, de maladie du foie, et à l'interrompre provisoirement en cas d'alitement prolongé ou d'intervention chirurgicale programmée.
Les accidents qui font l'actualité, liés à la pilule de 3ème génération restent très rares, de l'ordre de 1 sur 2500 femmes traitées pendant un an.
Ces accidents surviennent surtout en début de traitement, et les femmes déjà traitées depuis plus d'un an n'ont certainement pas à demander un changement de pilule.
Lors d'une première prescription il faut tenir compte des contre indications que je viens d'indiquer, et préférer les pilules classiques de 2ème génération. Si elles sont mal tolérées, on pourra alors s'adresser à ces pilules de 3ème ou de 4ème génération.
Il faut rappeler que globalement l'utilisation de la pilule oestro-progestative est sûre, efficace, et qu'elle a permis la réduction du risque de mortalité et de cancer.
Votre propos est rassurant, mais il existe également des alternatives efficaces à la pilule classique ?
En fait la contraception doit être personnalisée et elle le peut :
La micropilule purement progestative, prise tous les jours à heure fixe, si elle provoque parfois des saignements en milieu de cycle n'a pas d'inconvénients vasculaires et de risque de thrombose.
L'anneau vaginal est une méthode récente, efficace, qui évite la prise orale et les « oublis », elle doit encore être évaluée à terme sur le risque de thrombose.
Il existe aussi l'implant progestatif de longue durée, ou encore le stérilet diffusant du lévonorgestrel.
En conclusion il est confirmé une grande sécurité de la pilule minidosée classique, mais avec de nombreuses alternatives, prenant en compte la situation, l'âge, les antécédents, et le profil hormonal de chacune.
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:
3 Comments
Bonjour,
D'abord sous contraceptif de seconde génération je suis passée à la troisième génération il y a plus de deux ans suite à des intolérances apparues avec la première contraception.
Suite à la polémique actuelle ma gynécologue m'a proposé de changer de contraceptif car celui utilisé actuellement ne sera plus remboursé. Elle m'a expliqué qu'une contraception seconde génération présente un 2 risque sur 10000 d'avoir un accident thrombo-embolique, ce risque est multiplié par 2 avec une troisième génération, soit 4/10000. Sachant que je prends ce contaceptif depuis plusieurs années se risque est plus que faible dans mon cas. Cependant le déremboursement peut amener une augmentation tarifaire de ma contraception ne me permettant plus d'y avoir accès. Elle ma donc proposé un changement pour une seconde génération, cependant ce changement n'est pas sans risque puisqu'il multiplie par 40 mon risque de thrombose veineuse. Cet aspect n'a été évoqué dans aucun des débats présentés aujourd'hui.
Je pose donc la question de la légitimité de déremboursé cette contraception chez des femmes qui la prennent depuis plusieurs années sans aucun problème alors même que la pilule de deuxième génération ne leurs convenaient pas. Ce déremboursement me semble précipité et irréfléchi augmentant le risque de thrombose pour celle qui ne pouvant pas payer leur contraceptif actuel choisiront d'en changer voir peut-être même de nombre d'IVG pour les femmes qui n'auront plus confiance en un contraceptif qui présenteront à leur yeux plus de risques que de bénéfices.....
bonjour, moi, je me suis fait poser un implant pour remplacer cerazette, ma gynéco m'a expliqué que c'était la même hormone. Y a t il le même risque avec l'implant qu'avec la pillule3è génération, étant donné que c'est la même hormone ?
Grande sécurité ?
mais le groupe Bayer a déjà payé 750 millions de dollars pour régler a l'amiable les premières 3500 plaintes déposées aux USA (sur 15 000). Les décès se comptent déjà par dizaines, et la première plainte vient d’être déposée en France. Cette pilule vient d'ailleurs d’être déremboursée par la sécurité sociale. Alors oubliez la sécurité. C'est un risque souvent ignoré ou minimisé par des articles comme le votre, mais un risque certain. Tout le monde ne peut pas vivre en harmonie avec la nature, mais tous les produits anti-naturels, on le voit avec les pesticides, hormones et autres produits anti-ecologiques, finissent toujours par affecter la santé.
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