L'hymen... et sa destinée.

 

Bonjour Catherine vous allez nous parler de l'hymen des jeunes femmes, un sujet parfois très sensible... Mais d'abord, l'hymen, qu'est-ce que c'est exactement ?

 

 

 
Catherine : L’hymen est une sorte de petite peau, une fine membrane attachée aux parois du vagin, tout près de son entrée, et elle se présente un peu comme la membrane d'un tambour. Mais une membrane qui serait percée. L’hymen est troué, ce qui permet au sang des règles de s'écouler. Les orifices de l'hymen ne sont pas les mêmes chez toutes les jeunes filles: pour certaines, il y a un seul orifice assez grand, d’autres en ont plusieurs petits, parfois, il y a une ou deux fentes...
L'hymen est parfois très fin, parfois plus épais, parfois très élastique, parfois plutôt rigide, cela dépend des anatomies.
 
Claire : Quelles sont les conséquences de ces différences ? Comment elles se manifestent ?
 
Catherine : Une jeune femme qui possède un hymen épais peut avoir très mal lors de ses premières relations sexuelles. Elle peut même saigner plusieurs fois de suite. Dans certains cas, rares heureusement, on est même obligé d'avoir un petit geste chirurgical sous anesthésie pour ouvrir l'hymen vraiment épais. C'est souvent gênant bien sûr pour les premières relations sexuelles, car elles sont difficiles. Ainsi, on pourrait croire que cette jeune femme est vierge parce qu'elle saigne, alors qu'elle ne l'est plus !
 
Dans le cas contraire, une jeune femme qui a un hymen très fin peut ne pas avoir mal et ne pas saigner la première fois qu'elle aura une relation sexuelle. C'est d'ailleurs le cas d'environ un tiers de femmes qui n'ont pas mal et ne saignent pas. Je me souviens d'une jeune femme très déçue. Son compagnon ne la croyait pas quand elle affirmait qu'elle était vierge...
 
Claire : L'hymen est pour beaucoup le synonyme de virginité, pourtant, vous nous dîtes que ce n'est pas le cas...

Catherine :
La première fois, il arrive très souvent qu'unejeune femme vierge ne saigne pas et n'ai pas mal. Son hymen était fin et élastique et son premier rapport se passe facilement. D'ailleurs, il se peut aussi qu'elle ait mal, sans saigner si son hymen se déchire sans déchirer de petite veine, ou elle peut saigner sans ressentir de douleur. L'anatomie des femmes est très variée et tous les cas existent !

Claire : Alors, penser que l'on prouve sa virginité par un saignement la première fois, c'est faux !
 
Catherine : Exactement. Je connais beaucoup de femmes qui me disent avoir été surprises de ne pas saigner.
Il faut dire qu'il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Soit l'hymen est fin et élastique et il se déchire sans saigner ou s'étire facilement sans se déchirer. Soit la jeune fille a utilisé des tampons qui ont élargi son hymen. Et elle peut avoir saigné en introduisant son premier tampon. Elle ne s'en rend pas compte puisque cela se passe pendant ses règles !
Il arrive aussi que les toutes petites filles explorent leur corps et elles peuvent, dès 2 ou 3 ans, avoir introduit un doigt dans leur vagin. Comme elles sont encore toutes petites, cela ne laisse pas de souvenir, mais cela peut avoir ouvert l'hymen. C'est sans doute relativement fréquent sans qu'on s'en rende compte.
Et puis, il y a des pratiques sportives qui peuvent déchirer l'hymen...
 
Claire : alors, comment faire pour savoir si une jeune fille est vierge ?

Catherine : C'est simple, il n'y a qu'elle qui le sache, exactement comme pour les garçons. Et cela ne regarde qu'elle, c'est son intimité.
J'ajoute que certaines personnes confondent hymen intact et virginité. Or, c'est une erreur. Une jeune fille peut avoir un hymen intact et ne pas être vierge. En particulier si elle a eu des relations sexuelles par voie anale. Certains couples pratiquent ce type de méthode pour préserver l'hymen. C'est très dangereux s'ils n'utilisent pas de préservatif, puisque cette pratique entraîne un risque très élevé de transmission d'IST. Mais en plus, quand on a eu des relations sexuelles, on n'est plus vierge, quelle que soit la manière de pratiquer la sexualité.
 
Claire : Y a-t-il encore beaucoup de jeunes femmes qui souhaitent rester vierges jusqu'à leur mariage ?

Catherine : Cela se voit moins qu'auparavant, mais j'en vois régulièrement. C'est souvent pour des motifs religieux, dans la religion catholique, juive ou musulmane. Et je trouve que c'est plus souvent choisi par la jeune fille qu'imposé par la famille comme c'était le cas autrefois. Du coup, le problème de l'hymen ne se pose pas, puisque c'est un choix personnel et non social où il faudrait prouver quelque chose à quelqu'un.
 
Claire : C'est encore parfois imposé par l'entourage ?
Catherine : Cela peut arriver. Mais c'est plus souvent la jeune femme qui se sent obligée par rapport à une tradition familiale et religieuse. C'est dans ce cas que l'on observe des relations avant le mariage vécues entre fiancés dans la culpabilité et des pratiques pour faire croire que l'hymen est intact. J'ai connu un couple juif qui avait utilisé de l'encre rouge pour être certains qu'il y aurait du sang sur le drap (du faux !). D'autres achètent des kits hymen constitués d'une petite poche de faux sang, et certaines jeunes filles cherchent à se faire recoudre l'hymen. En France, l'ordre des médecins incite les médecins à refuser de le faire. Parce qu'ils estiment que l'intimité d'une jeune femme ne regarde qu'elle et que personne n'a le droit de lui demander des comptes. La chirurgie dans ce cas, c'est à la fois agressif et inutile...
 
Claire : et si c'est vraiment imposé, qu'est-ce que cela peut poser comme difficultés sexuelles au jeune couple ?
 
Catherine : La première difficulté, c'est l'impossibilité de faire l'amour. Le jeune homme peut être horriblement angoissé à l'idée de ne pas y arriver. Parce que si on le fait après le mariage, cela signifie qu'il FAUT le faire pendant la nuit de noces. Or, naturellement, pour un jeune couple, la sexualité se découvre plutôt progressivement. C'est très difficile de ne pas se faire de câlins du tout et puis, tout d'un coup, de devoir tout faire. Beaucoup de couples ne parviennent pas à consommer le mariage.
Et puis parfois, ça bloque parce qu'on a tellement posé un interdit de sexualité, ou présenté la sexualité comme quelque chose de sale ou de laid que le jour où l'on a le droit de le faire, ce n'est pas possible.
 
Et il ne faudrait pas imaginer que c'est toujours la jeune femme qui se bloque. C'est parfois le fait du mari, tellement stressé qu'il n'a pas d'érection. Ex du couple qui a utilisé de l'encre. C'est lui qui était stressé, pas elle et ils étaient bien vierges tous les deux !
Je dois dire que je vois souvent les couples dans ce contexte. Et c'est fréquent pour moi comme motif de consultation.
 
Claire : Et dans le sens inverse, quand une jeune femme a peur d'avoir mal la première fois, peut-elle déchirer son hymen avant ?

Catherine : Bien sûr. Cela se pratique souvent en utilisant des tampons pendant les règles, tout simplement. Au début, il faut choisir un tampon mini, puis utiliser progressivement des tampons plus gros. Mais même de cette manière, il n'est pas certain que l'on déchire entièrement l'hymen. Le tampon est plus petit qu'un sexe masculin.
Mais à mon avis, c'est dommage de vouloir à tout prix préparer son hymen par peur de la première fois ! L'hymen est prévu par la nature pour se déchirer lors des premières relations sexuelles, et c'est un phénomène naturel, c'est sa destinée. Ce n'est pas une opération chirurgicale, en général, le plus souvent, cela se passe très simplement !
 
Claire : Au final, de la part des parents qui ont une toute jeune fille, que conseillez-vous par rapport à l'hymen ?
 
Catherine : Simplement d'expliquer qu'il existe et que c'est à elle de décider. Bien sûr, de la part des parents, il est bon d'exprimer avec leur coeur leurs convictions religieuses ou leur manière de considérer l'amour et la sexualité. C'est de cette manière qu'on les transmet le mieux. Il me semble qu'il ne faut pas inciter une jeune fille, ni à utiliser des tampons pour déchirer son hymen (comme j'ai vu des mamans le faire !) ni à garder intact son hymen à n'importe quel prix.
Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:
 
 

 

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