Amour et sommeil…

 

Claire : Le rapport entre le sommeil et la sexualité, c’est que le plus souvent, ça se passe au même endroit, dans un lit… Même si on peut très bien avoir des relations sexuelles ou dormir ailleurs que dans un lit évidemment ! Catherine, vous allez nous parler de relations plus étroites entre le sommeil et la sexualité. Quels sont ces liens ?

 

 

 
Catherine : Vous savez que les hommes s’endorment souvent après l’amour ! Il y a pour ce phénomène des raisons très médicales. Au moment de l’orgasme, une hormone passe dans notre sang depuis une glande du cerveau, l’hypophyse. Cette hormone a plusieurs actions. Une des actions de l’ocytocine, l’hormone de l’orgasme, c’est de donner envie de dormir. Comme l’ocytocine est aussi une hormone de l’allaitement qui fait éjecter le lait des seins, c’est tout naturel qu’une femme qui allaite éprouve aussi tout de suite l’envie de dormir ! C’est une façon que le corps a trouvé pour l’obliger à se reposer…
Et sachez aussi que beaucoup de femmes s’endorment elles aussi après l’amour… Si elles ont eu un orgasme. Donc messieurs, si votre femme est très réveillée, en pleine forme après l’amour, demandez-vous si elle a éprouvé du plaisir !
 
Claire : donc l’amour ça détend si l’on a un orgasme !
 
Catherine : Exactement. L’orgasme détend parce qu’il produit des hormones de détente, dont l’ocytocine et les endorphines. C’est même pour cela que certaines personnes éprouvent le besoin de rapports sexuels très fréquents. Ce sont souvent des personnes très angoissées qui ont trouvé cette manière pour se relaxer. Dans ce cas, pour eux, l’orgasme a le même effet qu’un médicament anxiolytique, un lexomil par exemple. Cela les calme. Et quand on est calme, nos tensions s’envolent. Et l’envie de dormir peut venir pour peu que ce soit le soir et que l’on soit un peu fatigué. Mais si vous êtes en pleine forme, une relation sexuelle vous relaxe sans vous donner envie de dormir.
 
Claire : quelles autres relations existe-t-il entre sommeil et sexualité ?
 
Catherine : La nuit, pendant le sommeil paradoxal, c’est-à-dire pendant les rêves, notre sexe fonctionne. Les hommes ont ainsi des érections toutes les nuits et plusieurs heures par nuit en moyenne. Et les femmes ont aussi une érection de leurs corps érectiles situés dans le clitoris et la paroi du vagin. Cela provoque toutes les nuits des lubrifications réflexes dans le vagin.
Ce phénomène est important. Il permet d’entretenir l’élasticité des corps érectiles. Imaginez un petit garçon qui naît. Il va avoir des relations sexuelles quand il aura 17 ou 18 ans. Ses corps érectiles, s’ils restaient au repos pendant toutes ces années, finiraient par perdre leur élasticité. Et idem chez les filles. Les parois de leur vagin, si elles ne s’entraînaient pas toute les nuits à gonfler et à se lubrifier, ne pourraient pas fonctionner tout à coup par magie lors de leur première relation sexuelle. La nuit, toutes les nuits, le corps s’entraîne pour l’amour.
C’est très intéressant de comprendre comment cela se produit. Ce n’est pas du tout lié à une excitation sexuelle mentale. En fait, pendant la nuit, au moment du sommeil paradoxal, le cerveau est occupé à rêver. Du coup, il cesse de bloquer les érections comme il le fait pendant la journée. Alors, ces érections surviennent, même s’il n’y a pas de rêve érotique. Ce ne sont pas des érections provoquées par des pensées érotiques, mais par un arrêt de l’inhibition des érections. Et c’est ainsi toutes les nuits, depuis notre naissance, jusqu’à notre mort.
 
Claire : Pourtant, les rêves érotiques, ça existe aussi !
 
Catherine : Bien sûr que ça existe. Mais ils ne sont pas forcément liés aux érections masculines ou féminines. Les rêves érotiques surviennent au moment des rêves, pendant le sommeil paradoxal, c’est-à-dire au moment où il y a des érections. Et comme le rêve érotique stimule l’excitation sexuelle corporelle, il est possible que survienne un orgasme. C’est ainsi que les adolescents vont souvent, pendant la nuit, connaître un épisode d’éjaculation nocturne. Cela peut se produire à n’importe quel moment de la vie. D’ailleurs, les jeunes filles aussi peuvent connaître un orgasme nocturne. C’est aussi très fréquent, mais on en parle moins car comme il n’y a pas d’éjaculation chez elles, c’est plus discret !

Claire : Est-ce qu’il faut prévenir les adolescents que cela peut leur arriver ?
 
Catherine : Oui, je pense que c’est une bonne idée de le leur expliquer à l’avance. Expliquer aux garçons ce qu’est une éjaculation. Leur dire que cela peut survenir la nuit, la première fois ou les suivantes. Et expliquer aux filles que le plaisir sexuel peut survenir parfois la nuit en dormant, et que cela peut réveiller par surprise…
 
(Il n'y a pas de chronique en ligne cette semaine.)


 

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