Nous avions créé l'année dernière un Diplôme Universitaire de Diabétologie à Agadir. Cette grande ville de 500.000 habitants du Sud marocain est certes réputée pour sa plage magnifique, mais elle est très active aussi dans le domaine de la pêche et de l'agriculture : huile d'argan, agrumes, cultures
maraîchères...
Il y a très peu de diabétologues dans cette région de près de 2 millions d'habitants, et les facultés sont lointaines, à Rabat ou à Marrakech. L' Université Paris XIII-Bobigny avait depuis plusieurs années un partenariat avec l' Institut Galien d'Agadir, de formation de paramédicaux et de gestionnaires d'établissements de santé. Depuis 2009-2010 ce partenariat s'étend à la formations spécialisée de diabétologie, pour des médecins diplômés, travaillant en centre de santé ou en cabinet, et ayant des difficultés à compléter leur formation en diabétologie.
Les résultats de cette première expérience ont été concluants, 50 médecins ayant réussi à prendre sur leur temps de travail pour suivre avec beaucoup d'assiduité 100 heures d'enseignement dispensés par nos collègues d' Avicenne et de Jean Verdier, et à valider ce diplôme, délivré par l' Université de Bobigny. L'expérience vient d'être renouvelée cette année
Comment expliquer un tel intérêt pour le diabète ?
Le Maroc n'échappe pas à l'épidémie mondiale de diabète, avec une croissance rapide de l'incidence du surpoids et de l'obésité, qui atteint désormais 30% de la population. Comme ailleurs, la diminution de l'activité physique, l'alimentation rapide, la consommation d'aliments gras et sucrés, et sans doute une prédisposition génétique, concourent à l'épidémie. Beaucoup de ces facteurs et de leurs conséquences nous sont bien entendu familiers dans notre population proche d' Avicenne !
A côté de ce Diplôme de Diabétologie se constitue, avec l'équipe du Professur Valensi de Jean Verdier, un Diplôme de Nutrition, qui permettra de mieux connaître les facteurs responsables de cette épidémie, et de former des médecins nutritionnistes dans les différents aspects de la pathologie des adultes et des enfants.
Les médecins marocains disposent-ils de tout l'arsenal thérapeutique de la diabétologie moderne ?
On constate d'année en année d'importants progrès de la prise en charge, notamment en soins de base : la disposition de l'insuline et des deux grandes classes de traitement par voie orale, mais aussi la mesure régulière de l' Hémoglobine glycosylée (HbA1c), paramètre trimestriel fondamental du suivi de chaque diabétique, et vis-à-vis de l'éducation des patients dans cette maladie chronique.
Restent coûteux et trop souvent hors d'atteinte les bandelettes de surveillance du taux de sucre au doigt, et certains médicaments : nouvelles classes thérapeutiques et nouvelles insulines. D'autre part le recours à l'ophtalmologiste, au podologue, au néphrologue, ou à des explorations cardio-vasculaires spécialisées peut être difficile.
Les collègues que nous rencontrons et contribuons à former sont bien sûr conscients de l'étendue des difficultés de leur quotidien de soignants Ils souhaitent grâce à cette formation être tenus au courant de tous les développements scientifiques de la diabétologie, et dans le même temps pouvoir améliorer leur pratique, avec les moyens encore limités dont ils disposent, dans les centres de santé isolés du Sud marocain, mais aussi dans les zones urbaines peu favorisées.
Ecoutez le Pr Alain Krivitzky, RFI, 17 juin 211.
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