Peut-on utiliser des médicaments pour perdre du poids ?

 

De nombreux médicaments ont été contestés dans cette dernière période, et parmi eux ceux qui aident à perdre du poids. On comprend bien que les coupe-faim, même masqués, comme l' était le Mediator, soient désormais proscrits, mais on parle maintenant des risques de la pilule ALLI, que l'on croyait sans danger, en dehors de quelques troubles digestifs sans gravité ?

 

 

 
 
Décidément le chapitre de la vigilance vis à vis des médicaments de l’excès de poids reste ouvert…Existe-t-il tout d’abord un problème avec *ALLI ? Rappelons qu'il n' agit pas sur l'appétit, mais permet de perdre quelques kilos en diminuant l'absorption des graisses de l'alimentation par l'intestin. Il peut d'ailleurs aider à observer un régime, en raison de des troubles digestifs (diarrhée) qui surviennent si l'alimentation reste trop riche en graisses.
Le même produit, un peu plus dosé, le *Xenical, peut être prescrit sur ordonnance, sans être remboursé.
Récemment il a été fait état de cas de déshydratation liée à ces troubles digestifs, et de cas d'ailleurs exceptionnels d'allergies ou d'hépatites. Bref on perdra quelques kilos, on aura éventuellement des problèmes digestifs, mais on ne peut pas parler d'un produit dangereux.
 
ALLI constitue donc une mesure d'appoint, permettant à l'organisme de moins « profiter » de l'apport des graisses alimentaires, et grâce à ses effets secondaires de limiter éventuellement, par prudence, la richesse des repas…
 
On voit que ce n'est pas un véritable traitement de fond de la surcharge pondérale, mais dans le désert actuel des médicaments de l'obésité, il reste à peu près le seul à pouvoir être conseillé sans danger réel.
 
 
Pourquoi a-ton successivement renoncé à des traitements médicamenteux pour diminuer l'appétit, ou pour davantage « brûler » les calories absorbées ?
 
Schématiquement parce que, jusqu'ici, couper ou diminuer l'appétit n'a pas été possible, sans agir parallèlement sur des récepteurs cérébraux qui régissent également l'humeur, le sommeil, et l'équilibre psychologique : on a donc dû renoncer aux dérivés des amphétamines, et même plus récemment à un médicament prometteur, l’*Acomplia, en raison de cas de suicides sous ce traitement.
 
Je ne reviens pas sur les coupe faim connus ou déguisés, tels l'*Isoméride,puis le *Mediator, ni sur leurs effets dramatiques cardiaques et pulmonaires.
 
Augmenter les dépenses était une autre piste, d'où l'utilisation abusive, et parfois cachée, des hormones de la thyroïde, indispensables quand la glande ne fonctionne pas ou mal, mais qui sont dangereuses, par exemple pour le coeur, quand la glande est normale. De la même façon on a retiré le *Sibutral qui accélérait le rythme du coeur et élevait la pression artérielle.
 
Autre piste abandonnée par les médecins sérieux, celle des diurétiques, qui font brillamment perdre quelques kilos d'eau en quelques jours, sans retirer un gramme de graisse, avec le risque de baisse de la pression artérielle par manque de sel, et de troubles cardiaques par manque de potassium.
 
 
 
 
On comprend bien que limiter les apports passe par une hygiène alimentaire, et augmenter les dépenses par l'exercice régulier, comme les célèbres 30 minutes de marche quotidienne... mais pensez vous vraiment que ces recommandations sont à la mesure de l’ épidémie mondiale d'obésité et de ses conséquences réellement dramatiques ?
 
Ces mesures d'hygiène de vie sont fondamentales, et ont un rôle préventif essentiel : c'est dire le rôle des parents, de l'école, des medias et des pouvoirs publics. Certains pays, la Finlande, le Royaume Uni, commencent à en voir quelques résultats.
 
Mais ces mesures, souvent difficiles à maintenir dans la durée, ne permettent que très rarement   de faire perdre 40, 50 kilos ou davantage ; vous savez que l'on assiste, à côté du surpoids et de l'obésité modérée, à l'explosion d' une l'obésité dite « morbide », de l’ordre par exemple de 120 kilos pour 1 mètre 70. Pour l'instant, et même si la recherche est intense dans le domaine, nous devons reconnaître l'absence de médicaments efficaces, et ce sont les méthodes chirurgicales : anneau gastrique, réduction du volume de l'estomac, et by-pass, c'est à dire court circuit intestinal, qui permettent d'obtenir de tels résultats, au prix de nombreuses contraintes, et dans un cadre médical, chirurgical, diététique et psychologique que l'on trouve dans les services habilités et entraînés.
 
Ces méthodes nous permettent d'ailleurs de mieux comprendre les mécanismes de l'appétit, et de l'équilibre énergétique propre à chaque individu, et sans doute dans l'avenir de parvenir à les maîtriser, sans jouer aux apprentis sorciers.
 
 
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:

 

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