Iode et glande thyroïde

 

Nous avons envisagé le rôle protecteur de la prise de comprimés d’iode pour prévenir la fixation des émissions d’iode radioactif sur la glande thyroïde. Vous-même suivez en consultation de nombreux patients présentant des problèmes thyroïdiens. On imagine qu’ils se sentent concernés par ces comprimés d’iode, et vous posent des questions à ce sujet ?

 

 

 
Depuis quelques jours je reçois effectivement de nombreux appels à ce sujet : je peux rassurer tous ceux qui suivent un traitement à base d’hormone thyroïdienne, très habituellement sous forme de *Lévothyrox ou de *Thyroxine, ils n’ont pas à changer leur traitement, et ne surtout pas l’arrêter. D’ailleurs le fait de prendre ce traitement qui contient de l’iode « sature » leur glande qui n’absorberait pas l’iode supplémentaire, que ce soit sous forme de comprimés ou contenu dans un nuage radioactif.
Comme il a été dit, pour l’ensemble des personnes qui pourraient être exposées, la prise de comprimés ne serait prescrite que pendant un temps très court déterminé par les autorités de protection civile, et actuellement, en métropole bien sûr, mais aussi dans les départements et territoires d’outremer, cette mesure n’est pas indiquée. 
 
On se souvient que le trop fameux « nuage de Tchernobyl » ne s’était pas arrêté à nos frontières. Avez-vous observé en France une augmentation des cancers de la thyroïde au cours des années suivantes ?
 
Il est exact qu’au voisinage de Tchernobyl des milliers de sujets, avant tout des enfants, ont souffert les années suivantes de cancers de la thyroïde : beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs été soignés en France, souvent avec succès.
 
La question de cancers de la thyroïde créés par le « nuage de Tchernobyl » nous est très souvent posée, on le comprend, et les endocrinologistes ont tenu des registres précis à ce sujet : la modeste augmentation de ces cancers constatée au cours des années suivantes a été bien expliquée par un dépistage plus fréquent, avec des moyens plus perfectionnés.       
Il faut savoir en effet que les examens de la thyroïde, depuis 25 ans, se sont multipliés, avant tout l’échographie : elle est devenue un examen courant, très efficace pour déceler les « petites boules » dans la glande, que l’on appelle des nodules. Ces nodules, surtout ceux que l’on découvre sur cet examen sans même les percevoir à la palpation, sont bénins dans la très grande majorité des cas. S’ils dépassent 15 mm (1,5 cm), on peut les ponctionner avec une petite aiguille pour en connaître la nature, et si besoin les opérer avec un excellent pronostic. On a donc découvert plus de petits cancers au tout début grâce à ces examens, et la plupart d’entre eux n’auraient sans doute jamais proliféré davantage.
 
Je mets en garde les personnes anxieuses qui ont tendance à incriminer la thyroïde pour tout et n’importe quoi, et à penser que tout désordre, réel ou supposé, de leur thyroïde est lié à Tchernobyl.
 
Une autre question concerne l’iode radioactif lui-même : vous expliquez qu’il est potentiellement dangereux mais en fait ce produit est souvent utilisé comme traitement des maladies de la thyroïde, y compris les cancers… N’est-ce pas paradoxal ? 
 
La dose d’iode radioactif utilisée en médecine est extrêmement faible, notamment celle utilisée pour réaliser une image de la glande, appelée scintigraphie, et ne présente aucundanger : on doit seulement s’assurer que la patiente n’est pas enceinte, car la dose, même très minime, pourrait léser les quelques cellules thyroïdiennes du fœtus.
Les doses dites thérapeutiques restent faibles dans le traitement de certains fonctionnements excessifs de la glande. Des doses plus fortes, mais sans comparaison avec celles des contaminations nucléaires, sont effectivement utiles au traitement de certains cancers thyroïdiens, pour éradiquer toutes les cellules cancéreuses qui subsisteraient après la chirurgie.
Je rappelle à cette occasion que beaucoup d’examens radiologiques, les scanners par exemple, sont très utiles, mais que leur répétition n’est pas exempte d’un risque de surexposition aux radiations dites ionisantes.
 Ecouter la chronique du Pr A. Krivitzky:

 

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