Mères épuisées... et la sexualité ?

Claire : Les mères épuisées ont des difficultés diverses. Catherine va nous parler d'un domaine qui reste plus discret, mais qui a pourtant de l'importance, c'est la sexualité de ces mères épuisées !

                            
Catherine : Il faut savoir que la fatigue chronique et l'épuisement entraînent des signes qui ressemblent à ceux d'une dépression. C'est différent bien sûr, car quand on est épuisé, se reposer est le meilleur des traitements et il agit relativement vite, alors que ce n'est pas le cas dans la dépression où se reposer ne suffit pas pour se sentir mieux.
Mais quand on est épuisé de manière chronique, on peut ressembler à une personne dépressive, on réagit comme elle. Or, la dépression donne comme tout premiers signes, des troubles de la libido. Autrement dit, une maman épuisée n'éprouvera plus ou très peu de désir sexuel. Son élan vital est atteint par la fatigue.
 
Claire : C'est peut-être une bonne chose dans le fond, cela permet de se reposer ?
 
Catherine : C'est vrai, c'est sans doute le but de l'organisme qui se dit : « Je suis épuisé, il faut que je réserve mes forces à l'essentiel. La sexualité, elle peut attendre... » C'est vrai et peut-être même bénéfique si la fatigue dure un temps assez limité. Mais quand elle dure des mois ou des années, on change de donne.
Parce que faire l'amour, c'est fatigant physiquement, mais pas épuisant. Bien au contraire, quand on fait l'amour avec quelqu'un que l'on aime et qui vous aime, cela vous regonfle en énergie. L'amour est aussi un stimulant, pas juste quelque chose qui fatigue ! Or, si les mères épuisées sortent de la relation amoureuses, elles se privent d'une source de vie importante.
Il y a deux fatigues. La fatigue physique qui réclame du repos physique. Et la fatigue psychique dont l'antidote est le plaisir. Or la sexualité est une source très importante (facilement disponible et gratuite !) de plaisir. Si une maman est épuisée parce qu'elle s'angoisse pour ses enfants, parce qu'elle veut trop en faire, elle est en permanence dans le devoir, et presque jamais dans le plaisir. Et c'est cela qui l'épuise. Il faut donc qu'elle se fasse plaisir.
 
Claire : Mais justement, si elle n'a plus aucune envie à cause de l'épuisement, elle n'imagine pas que cela puisse lui faire plaisir... Comment faire dans ce cas ?
 
Catherine : Il y a deux manières d'améliorer la situation.
La première, c'est d'avoir un conjoint qui comprend la situation. Du coup, il va proposer des moments sexuels qui soient ressourçants pour sa compagne. Il va lui proposer de de la masser, de s'occuper d'elle. De cette manière, il lui apporte de l'attention qu'elle ne s'apporte plus à elle-même. Et ce sera très précieux pour elle. Cela la reposera au lieu de lui mettre la pression, une pression supplémentaire. Même si elle ne ressent pas alors de fort désir pulsionnel, elle pourra presque toujours en arriver à faire l'amour tendrement.
Autrement dit, il ne faut pas que la sexualité devienne pour elle une tache supplémentaire, mais un plaisir. Si elle se dit « Non seulement, j'ai des tonnes de choses à faire pour les enfants, mais en plus, quand ils sont couchés, il faut que je m'occupe du père.... », là, on est mal partis. Si elle se dit « Ouf, les enfants sont couchés, et mon conjoint va enfin pouvoir s'occuper de moi. C'est à mon tour de recevoir de l'amour et de l'attention », alors, c'est gagné. Donc il faut que le conjoint ne soit pas pour elle un enfant supplémentaire, mais un soutien !
 
La deuxième manière de restaurer une sexualité difficile à cause de la fatigue, c'est de se motiver soi-même. Parce que le conjoint n'a pas toujours la bonne attitude. Il y a des femmes qui peuvent attendre longtemps une attention qui ne vient pas.
Dans ce cas, il ne faut pas se forcer, mais se motiver à faire l'amour. Penser que cela va faire du bien, détendre, rapprocher.
Penser aussi que l'amour, ce n'est pas de la gymnastique qui prend du temps, mais c'est un échange, une manière de s'aimer.
Penser encore que faire l'amour, c'est important pour les enfants. En effet, une maman épuisée l'est souvent parce qu'elle pense trop à ses enfants. Or, de quoi ont besoin les enfants. D'attention, certes. Mais pour être heureux et bien épanouis, ils ont aussi besoin de parents qui s'aiment. Et si les parents s'aiment, prennent le temps de s'aimer, les enfants vont bien. Il vaut mieux même souvent prendre un peu de temps aux enfants pour cultiver l'amour en couple que de priver le couple d'échanges et que les enfants ressentent les tensions.
Donc se rendre compte que faire l'amour en couple, on le fait aussi pour que les enfants soient heureux de notre entente.
 
Claire : Mais comment faire concrètement quand on est réellement débordés par les taches à effectuer ?
 
Catherine : En pratique, il faut organiser sa vie sexuelle. D'abord se dire que faire l'amour, en moyenne, ça prend 20 minutes. Ce n'est pas si long sur une journée de 24 heures !
Et puis, il faut prendre des rendez-vous d'amour. Bloquer un moment et se dire : « Ce moment sera consacré à notre couple. » Alors tant pis, on ne vide pas la machine à laver, ou on laisse la vaisselle en plan pour une fois, mais on fixe l'amour comme une priorité. Vous savez, beaucoup de sages disent que ce qui reste dans notre coeur à la fin de la vie, c'est l'amour que l'on a échangé avec les autres que ce soient les enfants, le conjoint, les parents. Ce n'est pas la vaisselle sale qu'on a laissé traîner dans l'évier !
 Ecouter la chronique du Dr C. Solano

 

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