En amour on ne peut pas toujours être sur la même longueur d'onde. L'un peut avoir envie de quelque chose et pas l'autre. D'une relation sexuelle, d'une pratique particulière... Et là, il est important de savoir dire non sans blesser l'autre...
Vous allez nous expliquer comment dire non
Catherine : Tout d'abord, pour dire non, il faut savoir ce que l'on veut, et le savoir d'avance. Si jamais votre partenaire vous propose quelque chose à quoi vous n'avez jamais réfléchi, vous risquez de dire oui par gentillesse, sans forcément avoir vraiment envie de répondre oui. Alors, la première question est de se demander seul : «Qu'est-ce que je suis prêt à faire, jusqu'où je suis prêt à aller ?» C'est une question que l'on peut même se poser en étant célibataire, simplement pour savoir se situer. Cela permet de posséder une sorte de colonne vertébrale, et de pouvoir se positionner facilement. Et ça aide beaucoup à dire oui ou non en accord profond avec soi-même.
Quand on n'a pas tellement réfléchi ou que l'on est surpris, on ne sait pas trop si l'on pense oui ou non. Dans ce cas, l'idéal est de temporiser, de répondre à votre partenaire : «Je ne sais pas trop, je vais réfléchir...»
Par exemple si un mari dit à sa femme : «J'aimerais bien que tu te déguises en infirmière pour qu'on fasse l'amour. C'est un fantasme que j'ai...» La femme est surprise et n'avait jamais réfléchi à ça. Elle peut demander un peu de temps pour y penser.
Claire : mais même si on dit : je vais réfléchir, il faut bien finir par répondre à la question...
Catherine : Bien sûr. Ce qui est intéressant dans le fait de demander du temps pour réfléchir, c'est que l'autre s'aperçoit qu'on l'écoute, que l'on prend sa demande au sérieux. On ne dit pas «ça ne va pas la tête ? Ou on ne se moque pas, on ne l'envoie pas sur les roses... »
D'ailleurs, même quand on pense tout de suite non, on peut demander à réfléchir. Parce qu'on va dire non un ou deux jours après. Et que l'autre aura le sentiment que l'on a écouté sa demande. Le non est plus facile à accepter.
D'ailleurs, ce qui est important, c'est de chercher à comprendre l'autre avant de dire non (ou oui). Par exemple, l'homme qui veut jouer à l'infirmière et au malade. Pour chercher à comprendre sa demande, sa femme peut lui demander : «Dans ce fantasme de l'infirmière, qu'est-ce qui est important pour toi ? Qu'est-ce que cela peut t'apporter ?» Peut-être qu'il va répondre : « Je rêve de me faire dorloter, chouchouter, et une infirmière, ça me donne l'impression d'être la femme idéale pour ça ». Et sa femme, au lieu de penser qu'il s'agit d'un jeu pervers peut estimer que c'est plutôt sympathique...
Un autre exemple, celui d'un homme dont j'ai suivi la femme. Il avait demandé à sa femme de lui montrer son sexe en pleine lumière, juste pour regarder. Elle ne voulait pas, trouvant ça horrible, presque pornographique. Le jour où elle lui a demandé pourquoi il voulait ce genre de choses, il a répondu : « Quand j'étais adolescent, je me disais que je n'aurai jamais le plaisir de voir un sexe féminin. Pour moi, c'était un rêve impossible imaginer réellement. Et maintenant, je me dis que c'est possible et pour moi, ce serait un grand moment, comme si je réalisais ce rêve d'adolescent. Et bien, cette femme n'a plus compris ce désir de son homme comme quelque chose d'horrible...
Claire : Mais quand on dit une femme dit non à son partenaire, il peut mal le prendre...
Catherine : Normalement, s'il est bien dans sa tête, non. Tout le monde a ses limites et l'autre ne peut jamais dire oui à tout. Le couple est aussi un lieu de frustration pour les deux partenaires. Il est donc indispensable d'accepter de ne pas toujours être sur la même longueur d'onde. Le danger, c'est la femme qui n'ose pas dire non parce qu'elle a l'impression qu'en disant non, elle dit à l'autre «Je ne t'aime pas...» Elle a l'impression que dire oui à tout est une preuve d'amour. Or, c'est faux. S'aimer, c'est se respecter et respecter l'autre. Si un homme a l'impression qu'il n'est pas aimé parce qu'on lui dit non, c'est qu'il a un problème. Et quand on sait dire non, l'intérêt c'est nos oui sont de vrais oui. Imaginez une femme qui ne dit jamais non. Forcément, elle ne peut pas être toujours d'accord à 100 % avec son partenaire. Du coup, il finit par penser qu'elle n'a pas de personnalité, et il ne sait plus ce qu'elle pense. Il va donc commencer à se sentir à distance. Il sait qu'il n'est pas dans sa vraie intimité. Une femme qui dit non de temps en temps, c'est rassurant. Quand elle dit oui, on sait qu'elle le pense !
Claire : et quand on dit non, faut-il donner des explications ?
Catherine : C'est toujours mieux. L'idéal est de dire : «Je comprends que ça puisse être important pour toi, mais pour moi, c'est trop difficile pour l'instant. Je ne peut pas faire ce que tu me demandes. Je me sentirais trop mal à l'aise.»
Mais bien sûr, tout dépend de la demande. Il y a des demandes où l'on peut exprimer que c'est catégoriquement non, car on ne se sent pas aimée dans un tel contexte. Et ce qui est important, c'est que l'autre accepte le non. Quand un homme harcèle sa femme pour quelque chose, elle va avoir l'impression de ne pas être aimée pour elle-même, mais d'avoir la place d'une prestataire de service, ce qui n'est pas du tout agréable !
Et puis, un non n'est pas forcément définitif. On peut parfois laisser une ouverture. Certaines femmes se sentent un peu bloquées par certaines positions peuvent dire : « Je ne peux pas pour l'instant, mais peut-être qu'un de ces jours je vais me sentir plus à l'aise... » Pour le partenaire, cela permet de ne pas se sentir rejeté.
Claire : et pour le préservatif, quand un homme refuse de l'utiliser ?
Catherine : Et bien l'idéal, c'est de savoir que sans préservatif, on dit non et d'en être viscéralement convaincue. Il faut être préparée pour être capable de dire non. Il y a eu une belle campagne aux Antilles et en Guyane, sur le thème du «N'y pense même pas... » Afin d'ancrer cette idée et cette conviction que l'amour sans protection, il ne faut pas y penser...
Ensuite, c'est bien de demander à son partenaire pourquoi il n'en veut pas ? Cela peut paraître idiot, mais beaucoup d'hommes n'en veulent pas de peur de perdre leur érection. Et là, une femme peut les aider en décidant de le poser elle-même en pratiquant des caresses. C'est souvent bien plus facile pour lui.
Et puis s'il refuse, il est toujours possible de proposer des câlins sans risque... en attendant de faire un test de dépistage.
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
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