Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
Claire : Dans un couple, les désirs des deux partenaires ne peuvent pas être toujours en phase. Alors, Catherine, pourquoi ça ne fonctionne pas tout seul tout simplement ce désir sexuel ?
Catherine : Quand on se rencontre au début, quand on est amoureux, on se désire beaucoup parce que l’on n’est pas toujours ensemble. Les retrouvailles sont des moments où le désir est toujours très fort de chaque côté. Toutefois, cette période de rencontre ne dure pas toute la vie. Ensuite, chacun retrouve un fonctionnement plus personnel et les deux désirs se montrent sous un autre jour. Ils ne sont plus autant en phase.
Claire : Et pourquoi cela s’arrête-t-il ? Pourquoi on ne reste pas dans le désir du début ?
Catherine : Quand on vit en couple, on ressent beaucoup moins le manque de l’absence, un des stimulants du désir. Quand on se voit tous les matins et tous les soirs, le désir ne peut plus fonctionner sur la même modalité.
Claire : Comment ces deux désirs, féminin et masculin vont-ils s’organiser alors ?
Catherine : Ces désirs sexuels se présentent sous deux formes différentes :
Le désir pulsionnel, qui est un fonctionnement plus souvent masculin. C’est la pulsion sexuelle qui fait dire : « J’ai envie de faire l’amour »… Elle vient parfois tout à coup, comme une envie. Ou alors, elle peut venir progressivement en un ou deux jours, une envie qui monte. On parle de pulsion, car elle vient de l’intérieur de vous, et n’est pas toujours déclenchée par quelque chose de l’entourage.
Claire : Et l’autre type de désir ?
C’est le désir de réponse, qui est plutôt féminin. L’autre vous désire, vous l’exprime, en paroles, en gestes, en sous-entendus, à son attitude, sa manière d’être, vous le comprenez, et son envie provoque la vôtre. Vous dîtes : « pourquoi pas ? », avec une certaine gourmandise.
Claire : Alors, nous ne sommes pas très compatibles, puisque nous sommes très différents ?
Catherine : En fait si, parce que ces deux types de désir se complètent même idéalement. L’un des partenaires éprouve un désir de pulsion, et l’autre un désir de réponse, un rapport sexuel est possible et agréable pour tous les deux.
Claire : Est-ce que c’est vraiment aussi caricatural : les hommes ont un fonctionnement et les femmes un autre ?
Catherine : Non bien sûr, les femmes ont aussi des pulsions et les hommes des désirs de réponse. Mais la répartition n’est pas 50/50. Il y a des tendances…
Claire : À quoi sont dues ces tendances à être différents entre hommes et femmes ?
Catherine : À l’anatomie, aux hormones, l’éducation, à la génétique, mais aussi à la société et au rôle qu’elle nous donne… Un peu de tout sans doute, et il est difficile de faire la part des choses. Mais le résultat est là. Une femme qui a seulement des désirs de réponse nie souvent ses pulsions.
Claire : Mais on ne pourrait pas avoir des pulsions au même moment ? (synchroniser)
Catherine : C’est difficile sur le long terme que cela se fasse spontanément. En fait, au fil d’une relation, le sexe n’est pas forcément LA priorité dans la vie. Quand il fonctionne bien, il n’occupe que peu de place dans les pensées d’une personne équilibrée. Donc, on n’est pas plusieurs heures par jour dans la pulsion. Et comme nos pulsions sont différentes, il est normal que l’on ne soit pas en phase sexuelle perpétuelle.
Il est pourtant très agréable d’avoir des pulsions simultanées. Au long cours, cela se cultive. Quand on connaît l’autre de mieux en mieux, on peut organiser un environnement provoquant des réactions pulsionnelles, chez soi ou chez l’autre. Par exemple, certaines femmes préparent un petit dîner aux chandelles, certains couples sortent ensemble, parce qu’ils savent que l’environnement sera propice à leur sexualité. D’autres personnes lisent des nouvelles érotiques pour nourrir cette énergie sexuelle interne. Disons que l’on peut chercher à nourrir ses pulsions. Ex : femme qui s’habille en jogging 3 jours et le 4ième, très sexy...
Claire : Et si c’est toujours le même qui a la pulsion, et l’autre jamais, cela peut poser des problèmes cette relation de désir à sens unique ?
Catherine : Cela pose plusieurs problèmes, surtout dus à ce que l’on ne comprend pas bien le fonctionnement de l’autre sexe.
Certaines femmes ont l’impression qu’avec sa pulsion, leur homme a envie de faire l’amour, mais pas qu’il la désire elle. Or, elle voudrait un désir plus relationnel. Si elle exprime ce dépit, il peut avoir l’impression de ne pas être très évolué et se sentir coupable. Mais il faut bien voir que l’avantage de ce fonctionnement plutôt masculin est qu’il apporte beaucoup d’énergie à la vie sexuelle de couple. Et ce n’est pas parce qu’un homme a des pulsions sexuelles qu’il n’aime pas sa femme ni qu’il ne la désire pas, elle en particulier.
Certains hommes ont l’impression que leur partenaire ne les désire pas, parce qu’elle a essentiellement un désir de réponse, et non un désir pulsionnel. C’est qu’ils ont du mal à comprendre que son désir à elle est plus relationnel. C’est pourtant tout aussi riche, car elle apporte de la profondeur à la relation.
Si les deux s’acceptent ainsi, cela donne une grande richesse à la relation. Un homme qui voit son désir pulsionnel accepté, valorisé, se sentira plus amoureux, dans une meilleure relation avec sa partenaire.
Une femme qui voit son désir plus relationnel accepté se sentira plus amoureuse et désirera plus son homme…
Au total, nous sommes très compatibles, mais si l’on en doute, on risque de s’opposer sur les différences au lieu de les prendre comme des atouts.
Ecouter la chronique du Dr C. Solano:
Claire Hédon, journaliste à RFI présente depuis 2003 une émission consacrée à la santé dans le monde :"Priorité Santé". Le but : faire de la prévention auprès du grand public, l’informer sur ses droits, sur les traitements et les moyens d’y accéder.
0 Comments
Poster un nouveau commentaire