Retrait d’un médicament anti-diabétique

 

Un médicament destiné à traiter le diabète est retiré cette semaine des pharmacies, sur recommandation de l‘Agence Européenne du Médicament, alors qu’il est prescrit actuellement à plus de 100.000 patients en France…

 
Dans quelles conditions une décision aussi brutale est elle prise : y avait-t-il un réel danger à prendre ce traitement ?
Il s’agit des deux médicaments anti-diabétiques contenant de la rosiglitazone, l’Avandia et l’Avandamet, médicaments effectivement prescrits depuis une dizaine d’années à des diabétiques dits de type 2, c’est à dire souffrant du diabète le plus fréquent.
Ce sont des médicaments efficaces sur le taux de sucre sanguin, la glycémie.
Les recommandations des autorités de santé étaient de les utiliser en complément des autres médicaments antidiabétiques par voie orale, lorsque le diabète n’était pas suffisament contrôlé.
Le médecin avait le choix entre deux types de « glitazones », la rosiglitazone qui vient d’être suspendue, et la pioglitazone qui continue normalement sa carrière.
 
Que s’est-il passé qui fasse interrompre cette possibilité de prescription ?
Depuis 2007 l’analyse de grandes cohortes de patients traités a semblé montrer une légère augmentation d’accidents cardiaques à type d’infarctus du myocarde parmi les sujets traités avec de la rosiglitazone.
Ces résultats ont fait l’objet de désaccords scientifiques, et donc de sévères empoignades de spécialistes, au point que l’attention des prescripteurs a été attirée, sans toutefois entraîner d’interdiction de la rosiglitazone, jugée par ailleurs très utile pour améliorer l’équilibre diabétique, dont le bénéfice théorique attendu est justement la diminution des accidents cardiaques !
C’est toujours le cas aux Etats Unis où la célèbre FDA, ou Federal and Drug Administration vient de publier une recommandation de prudence sans mesure d’interdiction, en attendant que les études en cours aboutissent de façon indiscutable.
L’ Agence Européenne a préféré appliquer le principe de précaution..
 
Les diabétiques traités jusqu’ici par Avandia et Avandamet doivent-ils s’inquiéter ?
Absolument pas, car l’augmentation du risque cardiaque observée sous ce traitement est extrêmement faible, chez des sujets, les diabétiques qui du fait de leur maladie sont bien surveillés sur le plan cardiaque : le plus important chez eux est de contrôler étroitement non seulement l’équilibre du sucre sanguin, mais aussi la pression artérielle et le taux de cholestérol.
Une recommandation a d’ailleurs été formulée à l’intention des patients et des pharmaciens de ne pas arrêter l’ Avandia ou l’Avandamet avant d’avoir revu leur médecin en vue d’une modification de leur traitement.
 
Que vont justement pouvoir leur prescrire leurs médecins en remplacement ?
S’il y a une indication à poursuivre une glitazone , les médicaments à base de l’autre glitazone sont disponibles : ils n’ont pas montré de risque d’infarctus et peuvent donc être utilisés.
Plus généralement, nous disposons maintenant d’une palette élargie de traitements du diabète de type 2, la base du traitement reposant sur la Metformine (ou Glucophage, ou Stagid), qui sera associée selon les cas, et les résultats, à d’autres médicaments par voie orale, ou par voie injectable, éventuellement à l’insuline. Il faut insister auprès des patients et aussi des médecins sur l’importance de bien équilibrer le diabète et les facteurs associés du risque vasculaire.
 
Cette interdiction n’est donc pas une catastrophe ?
Non, elle est même utile, pour rappeler que l’autorisation d’un médicament repose sur l’évaluation scientifique de la balance bénéfices/risques, et pour indiquer qu’un suivi des traitements prescrits continue des années après leur officielle « autorisation de mise sur le marché ».
La pharmaco-vigilance recense tous les accidents ou incidents survenus, et l’on doit surveiller à long terme le devenir des milliers de patients ayant participé aux grandes études qui ont permis l’introduction d’un traitement nouveau.
 
Ecoutez la chronique du pr Krivitzky

 

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