30 avr. 2010 - 12:23
L’obésité, son caractère épidémique et ses conséquences sont devenus un sujet de grande préoccupation, et en particulier l’obésité chez les enfants.
Des mesures diététiques sont proposées, des messages nutritionnels sont ajoutés aux publicités de confiserie…
On parle moins de l’activité physique des enfants même si elle est recommandée : « Bouger plus ».. est-ce réellement efficace?
Entre un enfant sur trois et un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse dans les pays occidentaux, dans tous les groupes ethniques et sociaux, même si les enfants de familles défavorisées sont particulièrement exposés. Le risque de devenir diabétique, hypertendu, cardiaque, et handicapé sur le plan de la mobilité et des douleurs croît dans la même proportion. Dès l’enfance des dépôts de cholestérol sont présents sur la paroi de artères.
Outre les facteurs alimentaires : la « malbouffe », l’excès de sucreries et l’absence de repas structurés, l’inactivité physique joue un grand rôle dans le surpoids des enfants et plus généralement dans leur risque vasculaire ultérieur. Cependant peu d’études contrôlées ont été conduites, permettant d’asseoir le bénéfice du renforcement réel et soutenu de l’activité physique chez les jeunes enfants.
C’est dire l’intérêt d’une étude récente, conduite en Suisse par Susi Kriemler, de l’université de Bâle, et publiée dans le British Medical Journal.
Son objectif était de comparer, en termes de poids, de masse grasse, de résistance physique et de facteurs de risque cardio-vasculaire, deux groupes d’enfants d’âge scolaire, volontaires, l’un soumis pendant un an à un programme d’activité physique assez intensif, et l’autre restant dans les conditions habituelles de ce type d’activité.
Comment étaient choisis ces enfants et en quoi consistait ce programme qualifié d’intensif ?
Effectivement 190 classes étaient volontaires pour l’expérience, dans deux cantons suisses : 28 classes de 15 écoles primaires ont été retenues, soit 540 enfants, assurant une représentation équilibrée en termes de sexe, d’âge (de 6 ans à 11 ans), d’origine urbaine ou rurale, et de proportion habituelle d’origine migrante (10 à 30 % en Suisse). Seize classes ont suivi pendant l’année scolaire 2005-2006 le programme intensif, douze classes le programme physique habituel, avec en moyenne 21 enfants par classe.
Le programme « intensif » consistait une séance quotidienne d’éducation physique de ¾ d’heure : 2 avec le professeur d’EP, 3 avec l’instituteur, plusieurs courtes séances quotidiennes de 5 minutes à l’école et enfin 10 minutes de travail physique à la maison tous les jours..
Le programme « habituel » était de 3 séances hebdomadaires de ¾ d’heure avec l’instituteur.
Ce programme paraît lourd à organiser, conduire, et peut-être à supporter.. A-t-il apporté des résultats probants, que l’on pourrait utiliser ailleurs qu’en Suisse ?
Tout d’abord il a été accepté, et à l’issue de l’année 90% des enfants et 70% des enseignants auraient aimé continuer, notamment les 5 séances d’éducation physique par semaine.. Cependant la recommandation d’activité physique à la maison a dans l’ensemble été peu suivie.
En termes de résultats objectifs le groupe intensif a (en un an) un peu moins pris de poids, de tour de taille, et moins augmenté d’épaisseur cutanée (qui reflète la masse grasse) que le groupe contrôle, ce groupe a également amélioré nettement sa résistance physique (le « fitness »), et les éléments du syndrome métabolique (taux de sucre, de bon cholestérol, de triglycérides, pression artérielle, et tour de taille).
Ces données sont importantes car les études précédentes, peut-être moins rigoureuses ou plus courtes, n’avaient pas en général obtenu de résultats probants, y compris en termes de facteurs du pronostic cardio-vasculaire à venir.
A partir de ces résultats très positifs peut-on tirer des recommandations sur la meilleure manière de développer l’activité physique des jeunes enfants ?
Le grand enseignement de l’étude me semble être le caractère obligatoire, et général pour toute la classe, du programme intense, puisqu’il apparaît par contre bien difficile de mobiliser enfants et adultes à la maison. Ce programme s’est révélé attractif, varié, bien investi par les enseignants et les enfants.
C’est souligner tout le chemin à parcourir, et les choix de santé publique à faire, pour assurer un programme efficace et durable d’éducation à l’activité physique, alors que cet investissement apparaît l’un des plus prometteurs pour réduire l’obésité infantile et ses risques majeurs.
Alain Krivitzky, RFI, 30 avril 2010
1 Comments
Chère Journaliste, auditeur de RFI depuis des années, j'étais intéressé plus par les émissions sportives et économiques mais comm eje suis engagé dans la prévention de l'obésité et le surpoids chez les enfants au Burundi grâce à l'activité d'un Centre de Football, je souhaiterai échanger notre expérience ou apprendre des autres grâce à RFI. Dieu vous bénisse!
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