Stress et endocrinologie, les rencontres franco-américaines d‘ Avicenne

La notion de stress est mise une fois de plus au premier rang de l’actualité : maisons à détruire après la tempête, licenciements, harcèlement professionnel, agressions, rumeurs.. Ses conséquences ont été étudiées au plan médical, c’était d’ailleurs le sujet des Rencontres Franco-Américaines d’ Avicenne, à la faculté de Bobigny, le 1er avril dernier : quel est l’avis des chercheurs sur le sujet ?

 

Ces rencontres avec nos collègues américains réunissent chaque année à Avicenne des médecins français, notamment endocrinologues, et des médecins de la célèbre Mayo Clinic, de Rochester dans le Minnesota. Cette année les aspects et conséquences du stress ont été envisagés, sous l’angle psychiatrique, immunologique, sociologique, endocrinien, cardiaque..

Ainsi pour le psychiatre le traumatisme et le stress ont de multiples facettes : événement subit et inattendu, catastrophe « naturelle » ou agression intentionnelle, ou répétée : guerre, exil, torture. Le stress post traumatique prend de ce fait des aspects variables, notamment parce que les troubles manifestés ( dépression, anxiété, phobies..) peuvent être une réaction normale d’adaptation, ou la révélation d’un état névrotique sous-jacent. L’analyse des faits traumatisants, de l’histoire personnelle du sujet victime, de l’évolution du trouble dans le temps est indispensable pour permettre à la personnalité de surmonter les conséquences du stress.

Les conséquences du stress sont-elles seulement psychiques, ou peuvent elles se manifester sous forme de maladies du corps ?
Le décryptage des liens entre la psychologique et le somatique est au cœur de la recherche en « psycho-immuno-endocrinologie ». Les relations neuronales entre le système nerveux conscient et le système dit autonome ou « sympathique » sont connues, le retentissement du stress sur les fonctions cardiaques, digestives, endocriniennes est établi, on commence à préciser l’influence, souvent inhibitrice, c’est à dire freinatrice, du stress sur l’immunité.
Beaucoup de manifestations endocriniennes, par exemple de la thyroïde, du cycle menstruel, de l’équilibre du poids, sont provoquées ou aggravées par le stress. On connaît l’interaction entre les messages chimiques venus du cerveau, la glande hypophyse qui en est voisine, et les glandes dites périphériques : thyroïde, ovaires, glandes surrénales..

Mais le stress, en dehors de situations très graves que vous avez évoquées, semble désormais un fait omniprésent, ne fait-il pas partie de notre rapport quotidien avec la société ?

C’est exact, et l’on est passé, depuis les conceptions purement organiques de Selye en 1940, à des modèles transactionnels, le stress devenant un processus interactif, incluant l’influence de l’environnement, la perception et l’évaluation par l’individu, ses modes de défense et d’adaptation, notamment par ce que l’on appelle du mot anglais « coping ». Ces risques dits « psycho-sociaux » intègrent le domaine de la vie sociale et politique dans le champ des concepts scientifiques.
A titre d’anecdote, on peut prendre un exemple : dans les années 50 le tabagisme actif constituait un stress pour l’organisme (c’est encore vrai !), aujourd’hui c’est le tabagisme passif qui agresse en priorité ! Jean-Paul Sartre a écrit comme chacun sait : « L’enfer, c’est les autres ».
Cela montre la difficulté de disposer d’instruments fiables et reconnus de mesure du stress social.

On évoque assez souvent des accidents de mort subite à l’occasion d’un stress brutal ; s’agit-il de données vérifiées ou d’une coïncidence chez des sujets fragiles ?

Ces accidents sont réels, ainsi lors d’un tremblement de terre à San Francisco le nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde a augmenté de 39 %. On sait qu’une situation de ce type, même moins dramatique, par l’intermédiaire de ce système nerveux autonome, libère de l’adrénaline, accélère le cœur, élève la pression artérielle, et les artères coronaires ne sont pas forcément en mesure d’assurer ce surplus d’apport de sang, d’où une possible souffrance aigue du muscle cardiaque.
A plus long terme, tous les facteurs organiques, psychologiques et sociaux sont susceptibles de favoriser l’artériosclérose et la rupture éventuelle de plaques de cholestérol. On voit donc que non seulement la malbouffe et l’inactivité, mais le stress lui-même peuvent faire vieillir nos artères et rendre compte de la longévité moindre de classes sociales défavorisées, ou exposées à des travaux pénibles.

Peut-on envisager des pistes thérapeutiques, face à un phénomènes aussi universel ?

En tant que soignants nous pouvons aider les personnes victimes des conséquences de stress à mieux les analyser, les comprendre, et réagir.

Il est certain que l’on ne supprimera pas le stress…il est également depuis toujours un moteur de l’action, ne serait-ce que pour se défendre, s’adapter, changer ce qui peut et doit l’être, en soi-même et dans le monde que nous aimons, et qui nous agresse en même temps

Ecoutez la chronique du Pr Krivistski

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1 Comments

je pense pour ma part que la gestion du temps et des priorités est une lutte assez efficace contre le stress.
En effet, ce qui est utile n'est pas tjrs ce qui est agréble donc faudrait pas ce lasiier asservir par quoi que ce soit

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