Il existe des situations, bien définies, où ce traitement hormonal thyroïdien est parfaitement justifié, et même nécessaire : chez les personnes, enfants ou adultes, où cette hormone est déficitaire, que la glande thyroïde soit absente à la naissance, ou qu’elle s’atrophie du fait d’une inflammation chronique, la thyroïdite (décrite par le médecin japonais Hashimoto), ou enfin qu’elle ait été retirée chirurgicalement ou par un traitement par l’Iode radioactif.

Dans tous ces cas le fonctionnement insuffisant est susceptible d’entraîner des troubles : frilosité, fatigue, constipation, perte de cheveux, crampes, et bien entendu prise de poids..
Ces troubles sont très divers et la présence de l’un d’entre eux ne doit pas faire conclure au diagnostic. En fait on ne peut affirmer l’insuffisance thyroïdienne que sur le résultat d’un dosage biologique simple. Souvent une personne qui prend du poids pense que c’est
« hormonal » : ceci a donné lieu à de nombreux excès, et même à des accidents graves, notamment cardiaques : des médecins « amaigrisseurs » ont prescrit, avec ou sans régime, des hormones thyroïdiennes, associées ou non à des diurétiques, à des coupe-faim, etc. Ces médicaments étaient, pour faire plus « médecine douce », mélangés à des préparations homéopathiques, ou à base de plantes inoffensives.

Ces pratiques ont diminué sans disparaître tout à fait. Il reste que la prescription, quand elle est justifiée, d’hormone thyroïdienne, permet la disparition des symptômes, pénibles, ou dangereux à terme, de l’insuffisance thyroïdienne.

Puisque ce traitement est très actif, et qu’à dose excessive il peut être mal toléré, il doit être difficile de l’équilibrer ?

Il est donné à doses progressives, notamment chez les personnes âgées. Les symptômes de l’insuffisance thyroïdienne (ou hypothyroïdie) disparaissent en quelques semaines. Ensuite un simple contrôle biologique sanguin permettra, par exemple tous les 6 mois puis tous les ans, de définir le bon dosage du médicament.
En cas de grossesse il doit le plus souvent être augmenté jusqu’à l’accouchement pour assurer un bon développement du futur bébé.

Mais ce traitement est donc définitif ? une fois commencé on ne peut plus l’arrêter ?

Effectivement il n’est pas habituel de l’arrêter, puisque les circonstances de survenue de l’hypothyroïdie : absence de la glande ou atrophie progressive, ou ablation chirurgicale, ou enfin traitement par l’Iode radioactif, ne sont pas elles-mêmes réversibles.

Une circonstance assez fréquemment rencontrée est celle du traitement d’une hyperthyroïdie, maladie où au contraire la glande est trop active. Après le traitement, notamment par chirurgie ou par iode, il est assez habituel que l’hypothyroïdie soit définitive et donc à traiter tout au long de la vie, ce qui n’est pas très compliqué comme nous l’avons vu.

La question est souvent posée, celle du rôle de l’iode : vie au bord de la mer, consommation de poisson, de fruits de mer.. : ceci influe-t-il sur les troubles de la thyroïde, ou sur leur traitement ?

L’iode joue un grand rôle dans le fonctionnement thyroïdien, on en manque parfois, ceci est devenu peu fréquent grâce à l’enrichissement du sel de cuisine en iode. La vie, ou les vacances, au bord de la mer, la consommation de ses produits ont peu d’influence sur la thyroïde, l’excitation ou l’insomnie ressenties parfois ne viennent pas, à mon avis, de l’iode lui-même, mais plutôt du climat général vivifiant, des bains, du vent, et des changements d’habitudes..

Finalement les traitements à base d’hormone thyroïdienne sont salutaires, à condition d’être justifiés, et ils sont assez simples à surveiller, et à adapter si nécessaire.