Risque cardiovasculaire et ménopause

De grands progrès sont réalisés ou annoncés dans le traitement des maladies cardiaques. Il est souvent affirmé que les femmes sont relativement protégées des maladies cardiovasculaires. Ceci est-il exact, et valable à tout âge ?
 

Il est exact que les maladies cardiaques liées à l’artériosclérose, par exemple l’infarctus du myocarde, surviennent plus tard chez la femme, et il est devenu habituel pour évaluer un risque de ce type, de souligner la survenue de tels accidents avant ou après 55 ans chez l’homme, et après ou avant 65 ans chez la femme, donc un décalage épidémiologique d’une dizaine d’années.
Cet avantage est avant tout lié à la vie hormonale de la femme, certaines hormones comme l’ oestradiol fabriqué par les ovaires, ayant des propriétés favorables sur le cœur, les vaisseaux et le « bon » cholestérol.
A la ménopause cette sécrétion d’ oestradiol se tarit, et l’avantage disparaît progressivement, parallèlement à l’apparition de nouveaux facteurs de risque vasculaire.
 
Cela signifie-t-il que le traitement hormonal de la ménopause est susceptible de préserver cet avantage cardiovasculaire des femmes : ce traitement a fait l'objet de débats..
 
Le traitement hormonal substitutif, ou THS, vise à corriger non seulement les bouffées de chaleur, et à maintenir le capital osseux, avantages qui lui sont reconnus, mais effectivement à garder à la femme un profil métabolique et vasculaire favorable.
Certaines études, notamment la Women's Health Initiative (WHI), avaient conclu il y a quelques années à une absence de bénéfice et même à un risque accru de maladies cardiaques chez les utilisatrices, ces résultats sont contestés par de nombreux gynécologues et endocrinologues en France, en Europe et même aux Etats-Unis.
On a pensé que le type d'hormones utilisées était à l'origine de cette différence d'appréciation, puisqu'en France par exemple ce THS est donné non par comprimés mais par la voie cutanée, plus physiologique. En fait c'est surtout le moment du traitement qui importe: il est utile à la cinquantaine, au moment même où la carence hormonale commence à produire s des effets négatifs. Après il est trop tard et des lésions auront pu apparaître et rendre le traitement inutile. Il existe en quelque sorte une « fenêtre de tir » d'une dizaine d'années à partir de la ménopause. Or les études comme la WHI ont traité des femmes jusqu'à 79 ans, dont plus de 40 % étaient ménopausées depuis plus de 15 ans.
 
Mais ce traitement sera quand même limité dans le temps, ou parfois refusé par certaines femmes : sont-elles pour autant condamnées au vieillissement général et cardiovasculaire ?
 
Bien sûr il n'est pas la panacée, et d'autres éléments sont susceptibles de contribuer au risque cardiaque et vasculaire : la sédentarité, l'augmentation du poids, en particulier du tour de taille, l'élévation du mauvais cholestérol (le LDL), du taux de sucre, de la pression artérielle, et tout ceci, même de façon modérée et insidieuse, va créer ce que l'on appelle le « syndrome métabolique ». Une étude récente du CHU de Nancy, dans le cadre du programme épidémiologique MONICA, montre clairementcette augmentation du cholestérol LDL après la ménopause.
 
Heureusement la plupart de ces facteurs de risque sont modifiables par des mesures assez simples : bien sûr bouger plus et manger mieux...on ne se lassera pas de le réaffirmer, mais dès que nécessaire un traitement efficace de l'hypertension, de l'excès de cholestérol., l'arrêt du tabac...sont capables d'inverser la tendance.
 
A ce prix les femmes garderont elles finalement un certain avantage vis-à-vis du risque vasculaire ?
 
On peut le penser : jusqu'ici leur plus grande longévité moyenne témoignait surtout de la mortalité masculine précoce, liée non seulement aux maladies du coeur, mais aux accidents, de circulation et surtout du travail, à l'alcool, au tabac.
Les femmes ont longtemps été absentes des grandes études épidémiologiques et thérapeutiques, ce n'est plus le cas, mais leurs conditions de vie, la possibilité pour elles de pratiquer un sport, de varier leurs centres d'intérêt, bref de lutter contre la sédentarité, ne sont pas encore généralisées.
 
Alain Krivitzky, RFI, 15 janvier 2010
 
 Pour écouter la chronique :