Recommencer une vie sexuelle, pas toujours simple

Après un veuvage, une séparation ou un divorce, tout le monde ne reste pas seul toute la vie. Après un temps de deuil, on peut avoir envie de recommencer sa vie sexuelle. Et à ce moment-là, ce n’est pas forcément facile. On a été déçu, on a peur de ne pas être à la hauteur… Alors, Catherine, pourquoi ce n’est pas simple de recommencer une vie sexuelle ?

Ecouter la chronique du Dr. Catherine Solano:

 

C’est qu’en fait, il s’agit de revivre une première fois. Bien sûr, ce n’est bien sûr pas la toute première fois, mais c’est tout de même une première fois avec une nouvelle personne. Et comme on a subi une relation qui s’est arrêtée et bien on peut se sentir fragile. Alors, je peux rassurer tout le monde, c’est stressant. Si cela vous arrive, ne vous dîtes pas, avec mon âge et mon expérience, je devrais être à l’aise ! Non, vous êtes stressé. Les émotions ne vieillissent pas, ni l’amour, ni la joie, ni le stress.

Claire : Pourquoi est-on si stressé alors qu’on a tout de même de l’expérience ?

Catherine : Le stress, en fait, à tout âge, c’est la peur de ne pas être aimé. On se dit qu’il faut faire bonne impression, faire plaisir, que l’autre estime que vous êtes un ou une partenaire valable. On a presque l’impression de passer un examen d’embauche et on a peur de ne pas être embauché.C’est idiot en fait parce que l’amour, et dans l’amour, la sexualité, c’est une rencontre, un échange, pas une prestation de service. Même si vous êtes avec un homme qui rate sa première fois, une femme peut se dire : il est trop mignon, il est adorable. Ou au contraire, vous pouvez tout réussir techniquement et votre partenaire se dire : il n’est pas très attentionné, il ne s’occupe que de lui.

Claire : Au-delà des émotions, du stress, est-ce que quand on n’a pas eu de relation sexuelle pendant assez longtemps, ça peut moins bien fonctionner ?

Catherine : Oui, il y a un effet entraînement. Un homme qui n’a pas eu de rapport sexuel depuis plus de 6 mois peut avoir des érections nettement moins bonnes. Même si tout fonctionne bien. Et si j’en parle, ce n’est pas pour stresser les hommes qui nous écoutent ! C’est plutôt informer les femmes. Leur dire que si votre partenaire ne fonctionne pas au mieux la première fois, et bien, c’est qu’il a eu une interruption et qu’il faut relancer la machine. Je dis souvent à mes patients : vous savez, si vous laissez une voiture au garage un an sans la faire fonctionner, pensez-vous vraiment qu’elle va démarrer au quart de tour ? Et bien non.
Et ensuite, beaucoup d’hommes me disent : heu, oui mais… et je réponds : non, la masturbation n’y change rien. En fait même si la masturbation et les érections matinales et nocturnes font fonctionner l’érection, ce fonctionnement ne remplace pas celui d’un rapport sexuel à deux.

Claire : Et donc si pour un homme, le premier rapport sexuel est raté. Que fait-il ?

Catherine : Il faut qu’il insiste, et il explique à sa partenaire que ça fait longtemps qu’il n’a pas eu de relation. Il peut d’ailleurs le dire avant, et expliquer qu’il craint de ne pas être à la hauteur vu qu’il y a un moment qu’il n’a pas eu de rapport sexuel. Il recommence tranquillement plusieurs fois. Si vraiment, ça n’a toujours pas l’air de fonctionner, il faut aller voir son médecin qui prescrira sans doute du Viagra ou équivalent. Cela joue un rôle de starter pour que le moteur de l’érection rédémarre.
J’ajoute aussi qu’il ne faut pas s’étonner si quand on est un homme et que l’on recommence sa vie sexuelle, on a une éjaculation précoce. C’est normal. Quand on espace les rapports sexuels, l’éjaculation est plus rapide. Donc il faut pratiquer un peu avant que l’éjaculation retrouve l’habitude de prendre son temps.

Claire : et pour les femmes qui recommencent leur vie sexuelle ?

Catherine : C’est un peu moins difficile j’ai l’impression. Une femme a moins peur de ne pas réussir le rapport sexuel sur le plan technique. Mais elle peut aussi trouver que sa lubrification n’est pas aussi bonne au début. Il faut savoir que cela revient. Les femmes ont plus souvent peur de ne pas plaire. Cela les stresse souvent. Mais je peux leur dire que si elles étaient dans la tête de leur partenaire masculin, elles ne liraient pas « va-t-elle me plaire », mais « est-ce qu’elle va me trouver à la hauteur ? » ou « pourvu que je ne me ridiculise pas devant elle… » Ils faut qu’elle prennent conscience qu’un homme aussi est anxieux. Et si on arrive à s’en parler et à en sourire et bien, on se trouve à égalité et on se donne de l’affection, de l’amour et non du stress.

Claire : Sans parler de technique sexuelle, même sans gros problème, on peut craindre de ne pas avoir les bons gestes pour donner du plaisir à l’autre non ?

Catherine : Oui, bien sûr. Mais je vous rassure tout de suite. La première fois, vous allez être nul ! En effet, comme vous ne connaissez pas l’autre, vous ne savez pas ce qu’il ou elle aime. Alors, suivez votre instinct, vos désirs à vous et petit à petit vous allez apprendre à vous connaître. On ne peut pas connaître l’autre avant d’avoir été dans son intimité. C’est normal et c’est d’ailleurs cette découverte qui est passionnante.

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