Pilules de 3 et 4ème génération, où en est-on

A la fin de l’année 2012 une grande étude menée au Danemark publiée dans le British Medical Journal révélait, et surtout mesurait, l’augmentation du risque de thrombose veineuse et d’embolies chez les utilisatrices de pilules de 3ème et de 4ème génération par rapport aux pilules contraceptives plus anciennes . Vous nous en aviez donné les résultats dans votre chronique de Priorité Santé.

Depuis de grands changements sont survenus dans la gestion de la contraception par les autorités de santé, par les médecins et par les patientes elles-mêmes.
Il semble d’ailleurs que des études menées en France ont confirmé les résultats des registres danois ?
 
Oui, l’Agence de sécurité des médicaments a publié une étude des accidents de thrombose veineuse et d’embolie pulmonaire imputables aux pilules contraceptives de diverses générations depuis 10 ans.
On a pu ainsi recenser environ 20 décès par an liés à des embolies pulmonaires survenues sous pilule, chiffre resté stable depuis 2002. Les 2/3 surviennent chez des utilisatrices des pilules de 3ème et 4ème génération, 1/3 chez celles qui ont pris les pilules de 1ère et 2ème génération.
Ce chiffre est faible, rapporté aux millions de femmes prenant pendant des années une contraception orale, mais il n’est pas négligeable, d’autant que ces accidents frappent des femmes jeunes, en bonne santé, et non enceintes (on sait que la grossesse elle-même expose aux thromboses). Il confirme qu’il n’y a aucun avantage à prescrire ces pilules plus récentes, certes faiblement dosées, mais dont la partie progestative semble apporter un supplément de risque, contrairement à ce qui était attendu.
 
 
Les règles de prescription ont été donc été modifiées depuis un an ?
 
Les pilules de 3ème et 4ème génération ne sont prescrites qu’en 2ème intention, c ‘est à dire en cas d’intolérance réelle aux pilules de 2ème génération. Celles-ci contiennent le plus souvent 15 à 30 microgrammes d’Ethinyl Estradiol et un progestatif appelé Levonorgestrel, il en existe une douzaine, remboursées, dont la liste* est consultable sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS). La pilule de 1ère génération, le *Stediril, a des indications dans certains troubles gynécologiques.
Par rapport aux pilules de 3 et 4 ème génération, le patch oestroprogestatif contraceptif n’offre pas de sécurité supplémentaire, il en est de même pour les anneaux vaginaux. Je rappelle que ces nouveaux progestatifs ne sont pas dangereux dans l’immense majorité des cas, mais qu’ils offrent, vis à vis des thromboses, une sécurité un peu inférieure aux pilules plus classiques.
Pour être un peu plus complet j’ajoute que la micropilule progestative, celle que l’on prend sans interruption, tous les jours à la même heure, n’est pas en cause dans le risque de thrombose.
 
 
 
 
 
Un médicament anti-acné et en même temps contraceptif, la Diane 35, a été retiré : était-il dangereux ?
 
Il contient une petite quantité de Cyprotérone, qui à faibles doses combat l’acné, (et à plus fortes dose est utilisé contre l’excès de pilosité chez les femmes), mais expose à un risque un peu augmenté de thrombose. Il a été retiré car les autorités de santé ont jugé que le prescrire comme contraceptif était abusif, l’ indication reconnue pour sa mise sur le marché étant l’acné : ceci peut se discuter..
Plus généralement l’HAS a publié des documents très complets sur toutes les méthodes contraceptives, leur mécanisme, leur sécurité, leur efficacité, et un guide à l’intention des médecins pour guider la consultation de contraception ; celle-ci doit être une consultation dédiée à cette prescription importante, avec toutes les explications, le bilan initial et le suivi, y compris l’observance, la tolérance et le degré de satisfaction de la patiente.
 
 
Depuis un an les habitudes et les méthodes ont elles changé ?
 
Oui, on a observé une diminution importante de l’usage des pilules de 3 et 4ème générations, au bénéfice de la 2ème génération, avec cependant une petite diminution globale de la prescription de pilules. Si ceci se fait avec une meilleure utilisation du stérilet, y compris chez les nullipares (femme sans enfants), ce qui est parfaitement admis aujourd’hui, c’est positif, mais le risque est l’abandon de toute contraception efficace, de grossesses non désirées chez les toutes jeunes filles, et le recours à l’IVG.
 
Un point positif est la décision de la Ministre de la santé de permettre en pharmacie la gratuité de la pilule pour les très jeunes filles.
 
*pilules de 2ème génération actuellement sur le marché : Minidril, Adépal, Leelo, Lovalulo, Optilova, LudéalGé, Pacilia, Trinordiol, Amarance, Evanecia, Daily Gé, Zikiale.
 
 
Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky:
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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