Développement du nourrisson et taille de l’adulte

On connaît malheureusement les effets de la malnutrition infantile sur la santé du futur adulte, quand ces effets ne conduisent pas à un décès prématuré.

Quels sont les effets observés grâce à une meilleure alimentation, par exemple sur la taille définitive ?  Des études récentes à grande échelle, à travers l’expérience de plusieurs pays qui sortent partiellement et progressivement  de la grande précarité,  montreraient dès maintenant un effet favorable ?


Je voudrais rappeler à ce sujet les conséquences qu’a eu en Europe la malnutrition des femmes enceintes sur l’avenir métabolique de leurs enfants : des études très poussées dans des pays comme le Danemark ou les Pays Bas, soumis à la fin de la guerre de 39-45 à une famine dramatique, ont montré que les enfants et futurs adultes ont développé plus de diabète et d’hypertension artérielle ; tout se passe comme si les fœtus soumis à des restrictions sévères avaient développé un « phénotype économe », c’est à dire une constitution de mise en réserve de l’énergie et du sel pouvant exposer, lors d’une alimentation devenue normalement riche, (voire trop riche), à une maladie de surcharge comme le diabète ou l’hypertension.

On saitégalement,en tout cas dans les pays dits développés, qu’il existe un risque ultérieur de diabète et d’obésité lorsque de très jeunes enfants sont soumis  à une alimentation trop riche.

  

Mais lorsqu’en l’espace d’une ou deux générations une population émerge de la sous nutrition généralisée, que peut-on observer ?

 

C’est ce que rapportent les signataires de l’étude COHORT, publiée fin mars par « The Lancet », à partir de données recueillies dans plusieurs pays qui passent du statut de pays à bas niveau économique à celui de moyen niveau… comme le Brésil, les Philippines, le Guatemala, l’Inde, l’Afrique du Sud.

Ces chercheurs ont voulu connaître l’influence du poids de naissance et de la courbe de croissance de taille et de poids sur les paramètres métaboliques, la taille adulte et le niveau final de développement scolaire.

 Les études se sont focalisées sur le développement pendant la période de 0 à 2 ans, c’est-à-dire, (en comptant la grossesse elle-même), sur ces « 1000 jours » initiaux de vie qui paraissent si déterminants  pour le futur adulte.

Chez plus de 8000 sujets au total dans ces 5 pays, ce développement initial a été mis en corrélation avec les constatations chez les mêmes enfants à l’âge scolaire puis au stade de jeunes adultes.

Globalement il semble qu’un poids et une taille élevés à la naissance ou en rapide croissance au cours des 2 premières années sont bénéfiques pour la taille adulte et pour le développement intellectuel et même social, sans effet négatif voire un effet positif sur les facteurs de risque vasculaire.

 

 Par contre une prise de poids plus rapide que la moyenne après l’âge de 2 ans paraît corrélée à une plus grande fréquence d’hypertension artérielle, de diabète et d’obésité.

 

L’importance fondamentale de ces premiers 1000 jours du développement en taille et en poids est ainsi confirmée ?

 

Oui, vous connaissez bien la notion de cet « intervalle d’or », depuis la conception  jusqu’à 2 ans, que l’on rapproche d’ailleurs d’un autre objectif des Nations Unies, celui des 1000 jours d’ici fin 2015 pour atteindre « les objectifs du développement du millénaire. »

Que les mères pendant la grossesse et les enfants  de 0 à 2 ans aient une alimentation plus riche en nutriments a manifestement une influence sur la vie physique et sociale des futurs adultes, c’est ce que montrent ces suivis au long cours, dans des pays qui sortent progressivement du marasme économique et du marasme nutritionnel des jeunes enfants.

 Ecoutez la chronique du Pr Alain Krivitzky :

 

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