L’éveil du plaisir vaginal de la femme

 

Catherine, vous allez nous parler du plaisir féminin, et je pense que ça va beaucoup intéresser les hommes qui ont souvent du mal à comprendre comment elles fonctionnent…

Catherine :
Oui, et je dirais même que les femmes aussi ont parfois du mal à comprendre comment elles fonctionnent elles-mêmes.

 

 

 
Claire : Alors, comment commence l’éveil du vagin au plaisir, et en quoi est-il différent de l’éveil au plaisir du pénis ?

Catherine :
Le vagin est un lieu caché et fermé en partie par l’hymen. Il n’a donc aucun contact avec l’extérieur avant la première relation sexuelle. Le vagin d’une petite fille ne vit aucune expérience sensorielles, et lors de sa première fois, il est vierge.
Le pénis d’un petit garçon, au contraire, connaît des tas d’aventures. Avant la naissance, il est déjà au contact du liquide amniotique dans le ventre de sa mère. Après la naissance, il est au contact de l’eau du bain, de la main de la personne qui le lave, lui change les couches, au contact de ses vêtements, et bien sûr, au contact de sa main, soit pour uriner, soit simplement pour le plaisir, puisqu’il est à portée de la main !

Claire : Ces zones sexuelles n’ont donc pas la même histoire chez l’homme et chez la femme. Quelle différences cela va-t-il entraîner pour la sexualité ?

Catherine : C’est simple, lors du premier rapport sexuel, un jeune homme connaît son pénis. Et son pénis a déjà vécu des expériences. La première fois, la jeune fille, elle, ne connaît pas son vagin. Et il est sensoriellement totalement innocent. Du coup, la première fois, le garçon va avoir très facilement des sensations de plaisir et un orgasme lors de la pénétration et des mouvements de va-et-vient. La fille, elle est souvent déçue. Elle peut ressentir une douleur lors de la déchirure de l’hymen, mais pas forcément, et puis ensuite, elle se dit souvent : « mais je ne ressens rien ! C’est pourtant de cela que l’on parle tant ! »
Et elle pense alors qu’elle est anormale. « Je devrais avoir du plaisir »pense-t-elle… En réalité, 95 % des femmes n’ont pas d’orgasme la première fois, même s’il existe quelques chanceuses !
 
Claire : La première fois, elle ne ressent pas grand chose, mais ensuite ?

Catherine :
Ensuite, il y a plusieurs possibilités. Soit elle pense qu’elle n’est pas normale et souvent elle simule le plaisir. Elle pense que son partenaire va être vexé ou va penser qu’elle a un problème si elle ne montre pas de plaisir. C’est embêtant car elle ne va pas être dans une vraie intimité avec l’autre et progresser vers le plaisir.
Soit elle se dit : « Bon, je n’ai pas senti grand chose cette première fois, mais quand même, ça m’a l’air intéressant. C’était seulement la première fois, je vais voir comment ça se passe les prochaines fois… » Et dans ce cas, elle accepte de partir de presque rien. Et elle a raison. Son vagin n’a pas d’expérience, mais il est prêt à apprendre ! Il a tout ce qu’il faut pour éprouver du plaisir. Il a tout simplement besoin d’apprentissage et d’expériences.
 
Claire : Comment se passe cet apprentissage du plaisir vaginal ?
 
Catherine : Cet apprentissage du plaisir vaginal se passe de plusieurs manières.
- Tout d’abord, la sensorialité. La femme a intérêt à observer ce qu’elle ressent dans son vagin. Est-ce de la chaleur ? Une pression ? Un frottement ? Un chatouillis ? Une sorte de frisson, de démangeaison ? Et où ? Sur l’avant, l’arrière, au fond, près de l’entrée ? C’est à partir des sensations qu’elle observe de l’intérieur qu’elle va mieux se connaître et intégrer ces sensations ce qui les encourage à se transformer en plaisir. C’est comme s’il fallait que le plaisir se câble entre le sexe et le cerveau. Donc déjà, s’auto-observer et apprécier les sensations de plaisir, même minimes.
- Ensuite, il y a la pratique sexuelle. La variété des mouvements de va-et-vient est importante. C’est bien si le partenaire fait son possible pour l’aider à éveiller son vagin au plaisir. Il peut par exemple faire :
    - des mouvements très très lents parfois, parfois des mouvements rapides.
    - parfois des mouvements très superficiels en ne pénétrant presque pas le vagin, parfois des mouvements profonds,
    - Parfois des mouvements qui buttent sur une face du vagin pour exercer des pressions, parfois des mouvements qui glissent bien dans l’axe du vagin.
- Et puis, des caresses du vagin avec les doigts éventuellement.
 Grâce à toutes ces variations, le vagin va s’érotiser comme on dit. Il va apprendre à apprécier le plaisir.

Claire : Combien de temps faut-il pour arriver à obtenir vraiment du plaisir vaginal pour une femme qui débute sa vie sexuelle ?

Catherine : C’est très variable et très injuste. Pour certaines femmes, en quelques relations sexuelles, le plaisir est déjà très présent. Pour d’autres, il faudra des semaines, des mois ou des années. Mais il faut savoir que même si le plaisir vient assez vite, il reste toujours d’autres plaisirs à explorer ! Et puis à long terme, on sait que seules 35 % des femmes environ ont des orgasmes vaginaux, même si les autres ressentent aussi du plaisir.
 
Claire : Et quand le plaisir est long à venir, en attendant, il y a des femmes qui ont très peu de plaisir sexuel ?

Catherine :
Pas forcément, car nous parlions seulement du vagin, mais le sexe féminin comprend aussi le clitoris, les petites lèvres et toute la vulve qui peuvent aussi être sources de plaisir ! On en parlera une autre fois !

 

Ecoutez la chronique du Dr Catherine Solano:

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