La malnutrition maternelle et infantile augmente le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte

La notion de malnutrition devient complexeavec la coexistence,dans de nombreux pays en développement, d’un double fardeau nutritionnel faisant cohabiter sur et sous nutrition.  Ce paysage se complexifie encore quand on étudie le lien direct entre sous nutrition maternelle, sous nutrition infantile et risque de maladies non transmissibles à l’âge adulte

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cette notion est étonnante car on fait très rarement le lien entre sous nutrition et diabète?

Et pourtant claire, un enfant exposé à une malnutrition, même modeste, pendant la vie intra-utérine ou au cours des premiers stades de la vie, tout comme les enfants qui présentent un faible poids de naissance, seront plus vulnérable aux maladies non transmissibles, si ils sont exposés à un environnement plus riche par la suite.

Cette théorie, appelée hypothèse de Barker, du nom du médecin anglais qui l’a énoncé, fonctionne comme si la mère donnait une « prévision » de l’alimentation que l’enfant peut attendre à la naissance et dans la première période de sa vie. Si après l’âge de 2 ans, l’environnement nutritionnel de l’enfant et de l’adulte diffère grandement, il existe un risque accru d’obésité, de diabète mais aussi de maladies cardiovasculaires.

Claire Hédon : cette théorie est-elle démontrée aujourd’hui ?

Oui tout à fait claire. Cette démonstration a été réalisée en étudiant des périodes de l’histoire où ont sévi de très graves famines.

La plus célèbre est l’étude, menée aux Pays Bas, qui a permis de suivre,pendant plusieurs années, des enfants nés de mères enceintes au cours de « l’hiver de la faim » en 1944. Ils présentaient, à l’âge adulte, des taux beaucoup plus élevés d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires que les enfants nés une année ou deux années avant ou après.

Des observations similaires ont été réalisées au cours de la famine chinoise, et plus récemment au Cambodge, en Inde et en Afrique.


Claire Hédon : Est-ce que ceci ne devrait pas pousser à repenser les programmes de lutte contre la malnutrition ?

Malheureusement, dans de nombreux pays, les bailleurs de fonds privilégient des approches à court terme se bornant à compenser une sous nutrition aigue. Hors, on voit bien ici, que le rattrapage nutritionnel des mères ou des enfants malnutris n’est qu’une partie de la problématique. Le suivi nutritionnel d’un enfant devrait donc normalements’insérer dans un véritable parcours de vie prenant en compte le passé, le présent et le futur de la personne.

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