Quel futur en sexologie

La médecine progresse, allonge la durée de la vie. Et elle progresse aussi en ce qui concerne la sexualité. Catherine, pouvez-vous nous dire quelles sont les perspectives pour améliorer notre vie sexuelle ou en repousser les limites ?

Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:

 

Une technique qui est encore relativement expérimentale, mais qui commence à se répandre, c’est l’utilisation des ondes de choc pour améliorer les érections. Ces ondes de choc sont des ultrasons et sont déjà utilisées pour soigner les tendons calcifiés. Et l’on s’est aperçu que cela améliorait aussi l’état des artères et des études ont déjà été réalisées par exemple chez des personnes diabétiques au niveau des artères des pieds ou des artères du cœur, les artères coronaires. Quand il s’agit des vaisseaux, les ondes de choc utilisées sont environ 10 fois moins puissantes qui sont utilisées pour les articulations. Ces ondesentraînent la production l’induction de ce que l’on appelle des facteurs de croissance endothéliale et la formation de NO (monoxyde d’azote) pour stimuler la formation de nouveaux vaisseaux.
C’est un peu comme si les ondes de chocs appliquées à ce niveau correspondaient à une stimulation qui relançait leur élasticité.
Une étude a comparé deux groupes de 30 hommes prenant un médicament pour l’érection et acceptant de l’arrêter pendant l’étude. La moitié de ces hommes ont eu deux séances d’ondes de chocs par semaine sur le pénis pendant 3 semaines soit 6 séances, et puis, 3 semaines plus tard, 6 nouvelles séances d’ondes de choc.
L’autre moitié a eu les mêmes séances, mais une plaque métallique dissimulée dans l’appareil empêchait l’onde de choc de faire son effet.
On a ensuite observé que 65 % des hommes ayant réellement reçu des ondes de choc a vu son érection s’améliorer, un score proche de celui des médicaments (70 % d’amélioration), pour 20 % dans le groupe des fausses ondes de choc. L’examen de pléthysmographie qui mesure objectivement la qualité de l’érection a confirmé ces résultats. Et mieux encore, certains hommes ont demandé à continuer les séances et ils ont encore amélioré davantage les résultats.
Ce qui s’est amélioré, c’est la fermeté de l’érection, le désir sexuel et la satisfaction générale.

Igor : Et pour les femmes, est-ce que ce type de traitement pourra être utilisé ?

Catherine : Je pense que oui ! Avec le même type d’effet, on obtiendrait une amélioration des problèmes de sécheresse vaginale chez les femmes ayant des vaisseaux en mauvais état. Mais pour l’instant, je n’ai pas connaissance d’expériences en ce domaine. Il faut reconnaître qu’il est plus facile d’appliquer des ondes de choc sur le pénis qu’à l’intérieur du vagin. Pourtant, pour les femmes souffrant de diabète par exemple, et qui présentent des difficultés sexuelles, cela pourrait se révéler intéressant.

Igor : Avez-vous d’autres perspectives intéressantes en sexologie ?

Catherine : Toujours en ce qui concerne l’érection, les chercheurs essayent d’inventer une thérapie génique au secours des tissus érectiles endommagés. Il s’agirait d’insérer dans l’ADN un code génétique permettant au corps de produire une protéine relaxant les corps érectiles, ce qui permettrait une meilleure érection. C’est encore du domaine de la recherche.
Une autre piste, c’est l’utilisation de cellules souches, injectée dans les corps érectiles. Des études ont montré des résultats très intéressants, mais chez les rats !(Source : Proceedings of the National Academy of Sciences, DOI: 10.1073/pnas.1113810109)

Igor : Et les fameux implants sexuels ?

Catherine : Les implants péniens sont utilisés pour les hommes souffrant de troubles de l’érection qui ne peuvent pas être soignés par les médicaments. Ils existent depuis un certain temps et sont en progrès constants. Actuellement, les chirurgiens spécialisés qui sont des urologues en posent encore très peu en France. C’est beaucoup plus fréquent aux Etats-Unis par exemple. Ces implants sont réservés aux hommes ayant essayé tous les traitements médicamenteux de l’érection. Car ces implants sont placés dans les corps érectiles, de manière totalement invisible, mais ils entraînent une destruction des corps érectiles. Donc on ne peut pas revenir en arrière. Si on les enlève, l’érection ne fonctionne plus. Après l’opération pour mettre en place un implant pénien, 85 % des hommes sont satisfaits.L’avantage de l’implant, c’est que le désir, les sensations, le plaisir, et l’éjaculation sont conservés. Et 15 ans après, 75 % des implants sont toujours en place sans complications.

Igor : Et l’on entend régulièrement parler de traitement pour stimuler le désir, en particulier chez les femmes. Où en sommes-nous ?

Catherine : Et bien, des recherches sont en cours, mais pour le moment, rien n’existe encore sur le marché. C’est difficile à mettre au point pour une raison simple. C’est que pour un problème qui ne met pas en jeu la santé, on ne peut pas proposer un médicament ayant des effets indésirables plus gênants que le problème que l’on souhaite traiter. Or, pour le moment, on n’a pas encore réussi à trouver une molécule ou une stratégie à la fois efficace et présentant très peu d’effet indésirable.

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