OPTIMISME

 

 [audio: /sites/blogs.rfi.fr/files/prioritesante.blogs.rfi.fr/chron_sh_optimisme_03_03_14_0.mp3 dewversion:classic]  Ecoutez la chronique de Sylvie Hazebroucq:
 
 
En allant voir le film La Grande Aventure Lego au cinéma, trainée par mon fils ainé, je pensais sourire à quelques jeux de mots, et piquer des idées de construction pour la fin d’après midi. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que même les Lego sont touchés par la mode de la psychologie positive, le tout dans un décor de rêve, optimisme oblige, sans doute.
 
TOUT EST SUPER GÉNIAL est la chanson du film, la chanson préférée du héros, l’hymne national de Lego Land, le mantra qui indique que tout contrevenant à la positive attitude sera puni.
 
Le café est à 37 dollars ? c’est super génial ! la parodie crie la dénonciation d’un système annihilant toute personnalité, ça ne vous rappelle rien ???
 
CLAIRE : BON MAIS QUELLE EST L’HISTOIRE ?
 
Oui, pardon, c’est tellement super génial, que j’en oublie l’essentiel !
 
L’histoire est celle du héros miteux qui regorge de talents cachés, ceux du cœur, cela va de soi. Les vrais héros type Batman, Wonder Woman, tortue Ninja ou star wars en lego, sont des nazes prétentieux et incompétents.
 
C’est chez l’ouvrier, la caissière, le facteur qu’il faut chercher les grandes âmes. Ce que nous racontent les films au cinéma, les romans en tête de gondole, les manuels de psychologies qui inondent les bacs des libraires en ce moment, n’épargne donc pas les moins de 10 ans.
 
Ici Emet est un ouvrier du BTP en charge de sauver son monde de Légo d’un président autoritaire, despote et narcissique, qui veut tout collé à la glue, pour que l’univers Légo construction ne se mélange pas avec Lego Ferme et campagne, Lego western ou encore Lego aéroport.
 
La séparation des pays bien marqués à la colle forte pour être sure que personne ne puisse se mélanger, on se demande vraiment où les auteurs sont allés chercher une telle inspiration !!!
 
Les armes d’Emet sont sa loyauté, sa sincérité, son grand cœur, sa capacité à ne pas juger les autres, et tout prendre du bon côté. ça marche du feu de dieu, mieux qu’un laser ultra performant.
 
C’est un bon bougre, Emet, il salue ses plantes vertes, sa bibliothèque et son tapis tous les matins, il doit avoir un manuel de psychologie positive sous son lit.
Il est souriant, poli, incarne la publicité idéale pour l’optimisme comme culte de la vie : tout va bien, et c’est bon de le répéter tous les jours pour que ça dure. Bien sur, qui dit bon poil permanent, dit gentiment niaiseux, parce que pour être pris au sérieux il faut être sinistre, même dans les dessins animés.
 
Pas grave. Rien n’entame le tempérament d’Emet, sa confiance, son positivisme, même pas l’arrogance d’un Batman qui met 10 minutes à toucher le bouton rouge d’ouverture des portes avec des projectiles, en concluant sans sciller : « ahah ! du premier coup » !
 
Il est comme ça, Emet, il est gentil. Et ça paie, ce n’est pas moi qui le dit, c’est le film. Même la jolie brune qui fait baver la galaxie en pince finalement pour lui, tellement la simplicité et le bon cœur sont plus touchant que les stars au volant de leur cabriolet ultramachinchose, trop surfait.
 
CLAIRE : ET C’EST TOUT ?
 
Pensez donc ! ça serait trop premier degré ! non, l’objectif est plus ambitieux : faire saisir au public l’importance d’un tel message dans leur vie à eux et non seulement en jouant aux Legos. C’est pourquoi nous découvrons que les légos qui s’animent sous nos yeux sont ceux mis en place dans un vaste bureau, celui d’un papa collectionneur. Le lieu est interdit à son fils âgé de 8 ans. Bravant cet interdit, le gamin joue dans le micro musée de papa.
 
Et papa n’a pas que 12 ans d’âge mental, il a aussi la folie des grandeurs.
Son ambition est de coller tout ça à la glue afin d’être bien certain que ses rêves de jeunesse ne s’envoleront pas de sitôt, et ne feront pas non plus l’objet d’une salle de jeu pour ses enfants.
 
Emet le résistant, c’est le petit garçon, et le président psychorigide, c’est papa, voilà c’est dit, papa n’est pas si admirable avec sa cravate de chef d’état, il ne sait plus jouer pour du vrai, il est perdu dans le monde des grands, il ne sait plus sourire, profiter : lâ-cher - prise ! mais parions que la génération montante, élevée à l’enthousiasme et au happy corn flakes mettra de l’ordre dans tout ça, entre deux respirations ayurvédiques et 3 Merci à la vie : il n’y avait pas une religion qui proposait de réciter quelques prières avant de se coucher à une époque ???....
 
 
 
 

 

 

 

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